Verbes pronominaux
Bonsoir, quel casse-tête, ces verbes pronominaux ! Difficile de savoir s’ils le sont essentiellement ou occasionnellement. Avez-vous une astuce pour s’en sortir ? J’hésite, notamment, sur les accords des participes passés suivants :
Les touristes se sont partagés en deux.
Elle s’est pénétrée de la nécessité d’agir vite.
La plaisanterie qu’elle s’est permise de faire était très mauvaise.
La plaisanterie qu’il s’est permise n’a pas été appréciée.
Ils se sont enfin persuadés qu’ils étaient dans l’erreur.
Elle s’est persuadée de la nécessité de consulter un médecin.
S’étant persuadé l’un de l’autre.
Les soupçons se sont porté sur lui.
Est-ce correct ?
Merci
Bonsoir,
Je ne suis pas un expert, mais vos phrases me semblent bonnes !
les soupçons se sont portés sur lui ( j’accorderai, portés )
ils se sont enfin persuadé ( quoi ) qu’ils étaient dans l’erreur.
(persuadés ou persuadé. rectification ( facultatif d’après tony )
pour ne pas mettre le lecteur dans l’erreur.
On appelle verbe essentiellement pronominal un verbe qui ne peut-être
employé qu’a la voix pronominal.
C’est à dire obligatoirement avec un pronom réfléchi.
Ex: les cambrioleurs ont réussi à s’enfuir par la fenêtre. ( se méfier, se souvenir ) etc…
Méfier n’existe pas, on écrit se méfier, le verbe enfuir non plus.( s »enfuir oui )
Cordialement.
Bonsoir Fifi,
En effet, les verbes pronominaux sont un véritable casse-tête. Mais une fois la règle maîtrisée dans son ensemble, ça va.
Quant à vos phrases :
1) Correcte. Ils ont partagé eux-mêmes en deux donc « ils se sont partagés en deux »
2) Elle s’est pénétrée de la nécessité d’agir vite (elle a pénétrée elle-même)
3) La plaisanterie qu’elle s’est permis de faire était mauvaise
(pas d’accord ici. Elle a permis quoi ? de faire la plaisanterie qui était mauvaise. Et non pas « la plaisanterie de faire »
4) La plaisanterie qu’il s’est permise n’a pas été appréciée (on accorde. il s’est permis quoi ? la plaisanterie)
5) L’accord du participe passé du verbe « se persuader » est spécial. Je cite le « Bon usage » :
Lorsque « se persuader » est suivi d’une proposition introduite par « que », l’accord du participe est facultatif.
Exemples :
– Ils se sont persuadé(e) que l’occasion était bonne
– Ils les ont persuadés que c’était possible ou ils leur ont persuadé que c’était possible.
Donc pour votre phrase, les deux accords sont possibles. On peut persuader quelqu’un de quelque chose ou persuader quelque chose à quelqu’un (P953)
– Ils se sont persuadé(s) qu’ils étaient dans l’erreur
6 et 7) Là, « se persuader » est perçu autrement. On persuade quelqu’un. Donc il faut écrire :
– Elle s’est persuadée de consulter un médecin (elle s’est persuadée elle-même)
– S’étant persuadés l’un et l’autre (ils ont persuadé eux-mêmes)
8) On accorde.
– Les soupçons se sont portés sur lui (ils se sont porté eux-mêmes sur lui)
Bonjour Tony.
En vous lisant, je suis surpris de votre réponse à la phrase 4. N’avez-vous pas, dans un certain nombre de posts, considéré qu’il y avait un verbe sous-entendu : La plaisanterie qu’il s’est permis (de faire) était mauvaise ?
En ce qui me concerne, j’aurais tendance à faire l’accord : après tout se permettre une plaisanterie peut se comprendre sans faire appel à un verbe sous-entendu.
Mais il m’avait semblé que tel n’était pas votre avis, ni d’ailleurs celui d’autres contributeurs.
Bonjour Jbambaggi,
Vous avez raison de souligner ce point 🙂.
En fait, dans cette phrase il ne peut y avoir de verbe sous-entendu car il n’y est pas exprimé.. Pour que le verbe soit sous-entendu, il faut qu’il figure en début de phrase.
Voyez la différence :
– La plaisanterie qu’il s’est permise n’a pas été appréciée
(il n’y a pas de verbe en début de phrase. Il s’est permis quoi ? La plaisanterie pas appréciée)
– Hélène a donné à sa mère la tarte aux fraises qu’elle a voulu
(elle a voulu quoi ? donner la tarte. Et non pas : elle a voulu quoi ? la tarte). Dans cette phrase l’infinitif est clairement sous-entendu car il est exprimé en début de phrase.
Par ailleurs, l’infinitif sous-entendu qu’il soit exprimé ou pas ne détermine pas toujours l’accord. Les exemples donnés par BDL ne sont pas infaillibles.
Par exemple :
– Nous avons fait les escales que nous avions prévu(s)
(Dans cette phrase, les deux accords sont possibles. Soit on souhaite sous-entendre le verbe « faire ». Nous avions prévu quoi ? de faire les escales. Donc participe invariable. Soit nous avions prévu quoi ? Les escales. Donc avec du participe. On n’est pas obligé de sous-entendre faire, on peut simplement prévoir des escales.
Autre exemple :
– Pierre m’a acheté la robe que j’ai voulu(e)
Les deux accords sont possibles selon le sens que l’on souhaite donner. Voyez la distinction subtile (c’est de la grammaire expérimentale 🙂)
– Pierre m’a acheté la robe que j’ai voulu (qu’il m’achète)
(Pas d’accord car on sous-entend acheter)
– Pierre m’a acheté la robe que j’ai voulue
(J’ai voulu quoi ? La robe. Je voulais une robe, mais je ne lui ai pas demandé qu’il me l’achète.
Donc vous voyez la nuance de sens. De surcroît, il semblerait qu’au Québec soit privilégié le verbe sous-entendu. En France, l’Académie préfère l’accord. Pour elle, il semble préférable de donner à ces participes passés leur pleine verbale et donc de les accorder plutôt que d’en faire des semi-auxiliaires. J’avais eu un échange à ce sujet avec elle.
Non dans cette phrase il faut accorder. « Plaisanterie » est clairement COD. Il n’y a pas de verbe sous-entendu dans cette phrase.
– La plaisanterie qu’il s’est permise
(il s’est permis quoi ? la plaisanterie)
– La plaisanterie qu’il s’est permis de faire
(Il s’est permis quoi ? de faire la plaisanterie)
Il faut que le verbe soit écrit en début de phrase pour le sous-entendre tels les exemples que j’ai donnés ci-dessus.
Par exemple :
– J’ai donné les bonbons que j’ai voulu
(Le verbe « donner » est exprimé en début de phrase. J’ai voulu quoi ? donner des bonbons)
– Les touristes se sont partagés en deux. Verbe de sens réfléchi : accord avec le pronom « se » COD placé avant
– Elle s’est pénétrée de la nécessité d’agir vite. même raisonnement
– La plaisanterie qu’elle s’est permis de faire était très mauvaise. Elle a permis à « se » COI, le CO est après
– La plaisanterie qu’il s’est permise n’a pas été appréciée. Plaisanterie est COD avant
– Ils se sont enfin persuadés qu’ils étaient dans l’erreur. Réfléchi ou réciproque, l’accord se fait avec « se »
– Elle s’est persuadée de la nécessité de consulter un médecin.
– S’étant persuadés l’un l’autre. (ils se sont persuadés le COD est « Se »)
– Les soupçons se sont portés sur lui. accord avec « se » (réfléchi)
Bonjour Joëlle,
Je me permets une remarque pour la phrase :
– Ils se sont persuadé(s) qu’ils étaient dans l’erreur
Précisons que l’Académie admet les deux. Il est important que Estudiantin en soit informé. Vous avez une préférence pour l’accord mais ne l’imposez pas 🙂
Merci beaucoup Tony, de dire que l’on admet les deux !
il y a beaucoup de débutants sur le site, nous ne sommes pas tous des
Chambaron ! 🙂
Merci aussi pour ton explication plus haut qui aide beaucoup
à comprendre ces fameuses nuances.
Ps: si j’ai écrit une sottise en haut de page je peux rectifier.
Amicalement Estudiantin.
Avec plaisir ! 🙂
Faites attention « beaucoup de débutants »
Merci Tony c’est rectifié
Extra ( le verbe en début de phrase pour bien comprendre c’est super bien expliqué )
je dois apprendre ça par coeur ( après faut pas oublier, il y a tellement de choses à retenir )
Encore merci.
Il me semble justement que les débutants n’ont peut-être pas besoin des débats et des nuances de l’Académie, donc j’ai simplifié peut-être excessivement. Ils se sont persuadés : « se » est COD (eux-mêmes) soit dans un sens réfléchi soit dans un sens réciproque. Libre à vous d’ajouter des nuances…
On appelle verbe occasionnellement pronominal un verbe employé à la voix pronominale mais qui admet un emploi non pronominal (apercevoir, douter, désespérer, mourir, etc.)
La règle d’accord du participe passé des verbes occasionnellement pronominaux est la même que celle du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir : le participe passé de ces verbes s’accorde avec le COD si celui-ci est placé avant le verbe.
Une façon simple de trouver le COD consiste à remplacer l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir et à poser la question habituelle :
Elle s’est lavée : elle a lavé qui ? – Elle s’est lavé les mains : elle a lavé quoi ?
Elles se sont parlé (se est COI, pas d’accord).
La difficulté est de trouver un COD et plus particulièrement de reconnaître si le pronom réfléchi est COD.
Ils se sont insultés pendant plus d’une heure. (Chacun a insulté l’autre.)
Ils se sont vus tout de suite. (Chacun a vu l’autre.)
Elles se sont regardées dans les yeux. (Chacune a regardé l’autre.)
Louise s’est coupée en tranchant les légumes. (Louise a coupé elle-même.)
Elle s’est occupée des envois. (Elle a occupé elle-même.)
Les journalistes se sont vus rappelés à l’ordre par leur employeur. (Les journalistes ont vu eux-mêmes être rappelés à l’ordre.)
Dans d’autres cas, le COD peut être après le verbe et le pronom réfléchi être COI :
Elle s’est fixé des objectifs ambitieux. (Elle a fixé quoi ? des objectifs ; à qui ? à s’).
Ils se sont acheté une nouvelle voiture. (Ils ont acheté quoi ? une voiture ; à qui ? à se).
Rachel s’est préparé une bonne tasse de thé. (Rachel a préparé quoi ? une tasse de thé ; à qui ? à s’).
Certains verbes pronominaux ne s’emploient qu’à la forme pronominale, on dit alors qu’ils sont essentiellement pronominaux (s’absenter, se démener, s’emparer, se trémousser, etc.)
Le participe passé des verbes pronominaux dont le pronom n’est ni COD ni COI du verbe qu’il accompagne s’accorde avec le sujet (sauf le verbe s’arroger).
Les cambrioleurs se sont enfuis en emportant un énorme butin.
Voici quelques verbes essentiellement pronominaux :
s’absenter, s’abstenir, se démener, se désister, s’écrouler, s’efforcer, s’emparer, s’empresser, s’enfuir, s’entraider, s’envoler, s’éprendre, s’évader, s’évanouir, se méprendre, s’évertuer, se fier, s’insurger, s’obstiner, se rebeller, se réfugier, se repentir, etc.
Les touristes se sont partagés en deux. Correct.
Elle s’est pénétrée de la nécessité d’agir vite. Correct.
ºLa plaisanterie qu’elle s’est permise de faire était très mauvaise. Incorrect : s’ est COI (elle a permis à elle-même).
La plaisanterie qu’il s’est permise n’a pas été appréciée. Correct.
À mon sens, « permise » doit s’accorder. Ce n’est pas une phrase du type « Elles n’ont pas fait tous les progrès qu’elles auraient dû (faire) ».
« Il » est sujet du verbe « se permettre » et « la plaisanterie » est COD de ce dernier (il a permis quoi ? la plaisanterie, et non « de faire ».
Ils se sont enfin persuadés qu’ils étaient dans l’erreur. Correct.
Elle s’est persuadée de la nécessité de consulter un médecin. Correct.
ºS’étant persuadé l’un l’autre. Incorrect (ils ont persuadé qui ? s’ mis pour « eux-mêmes ».
ºLes soupçons se sont porté sur lui. Incorrect (les soupçons ont porté qui ? se mis pour « eux-mêmes »).
Avis de l’Académie française :
« On doit écrire uniquement Ils se sont persuadés que… »
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