Participe passé suivi d’un infinitif
Sans tenir compte des rectifications orthographiques proposées en 1990, comment faut-il accorder ? Qui fait l’action ?
Ces erreurs que j’ai laissé reproduire nous sont aujourd’hui fatales ;
ou
Ces erreurs que j’ai laissées reproduire nous sont aujourd’hui fatales ?
Bonjour Jean, pour répondre à votre deuxième question, ici il me semble clair que ce n’est pas l’antécédent du pronom que (COD) qui fait l’action (les erreurs ne reproduisent pas les erreurs, c’est quelqu’un — non identifié ici — qui les reproduit). Donc il ne faut pas accorder le participe passé : ces erreurs que j’ai laissé reproduire… Il en eût été autrement si le verbe avait été se reproduire puisqu’alors le sujet aurait bien été les erreurs elles-mêmes : ces erreurs que j’ai laissées se reproduire.
Je me permets un petit commentaire quant à votre réponse Christian 🙂
Tout d’abord, je partage votre analyse, il ne faut pas accorder dans cette phrase car « les erreurs » ne font pas l’action de « reproduire ».
Il en aurait été autrement si ça avait été « se reproduire » comme vous dites.
Exemples :
– Ces erreurs que j’ai laissé reproduire (ces erreurs que j’ai laissé en train de reproduire) tournure impossible, donc non accord
– Ces erreurs que j’ai laissées se reproduire (ces erreurs que j’ai laissées en train de se reproduire) tournure possible, donc accord.
D’autre part, il en aurait été autrement si ça avait été :
– Les erreurs que j’ai t’ai laissé(e) reproduire
Accord masculin ou féminin selon le sexe de (t) qui exécute l’action exprimée par l’infinitif. On se rend compte que (t) est le véritable COD. J’ai laissé quoi ? (t) reproduire les erreurs
Dans cette phrase : ne pas accorder : Ces erreurs que j’ai laissé reproduire nous sont aujourd’hui fatales ;
On ne pourrait accorder que si ce n’était pas suivi d’un infinitif. Par ex. : ces erreurs que j’ai laissées dans un coin de ma tête.
Bonjour.
Je pense que l’analyse de ChristianF est correcte : celui ou ceux qui font l’action de reproduire ne sont pas identifiés dans la phrase mais il ne s’agit en tout cas pas du COD que représentant les erreurs. Dans ces conditions, déjà avant les recommandations de 1990, il n’aurait pas fallu accorder.
Dans plusieurs fils, un autre contributeur, Pascool, analyse ce genre de situation en disant que les erreurs sont COD de l’infinitif, ici reproduire. Sans le renversement, cela donnerait : j’ai laissé reproduire des erreurs qui nous sont aujourd’hui fatales.