répétition ou omission de l’article devant des adjectifs ou des noms coordonnés
Bonjour,
Les frères et sœurs chérissent toujours leurs parents.
Il jouit à la campagne d’une paisible et heureuse retraite.
Doit-on dire :
Chacun a en lui un bon et mauvais génie
ou
Chacun a en lui un bon et un mauvais génie ?
Je vous remercie par avance de vos sagaces contributions.
Bonjour czardas.
Si l’on considère un seul et même génie qui a deux facettes, on peut omettre le déterminant devant mauvais.
S’il existe deux génies distincts, on répétera le déterminant.
Personnellement, je répèterai l’article car cela souligne l’opposition entre les deux. Alors que dans les exemples que vous citez, il n’y a pas d’opposition, « frères et soeurs » forment un tout, « paisible et heureuse » se complètent. « Bon et mauvais » s’opposent, et c’est, il me semble, ce que la phrase veut signifier.
On peut aussi choisir de lever dès le départ tout risque syntaxique (on n’en meurt pas, mais on peut préférer ne pas être touché…) et toute ambiguïté :
Il jouit à la campagne d’une paisible et heureuse retraite : aucun problème.
Les frères et sœurs chérissent toujours leurs parents. Pourquoi pas : « Frères et soeurs chérissent toujours leur parents », qui accentuera la portée générale de la phrase.
Chacun a en lui un bon et mauvais génie. S’il n’y a qu’un seul génie, à la fois bon et mauvais (le dualisme peut apparemment donner une migraine syntaxique) : « Chacun a en lui un génie, bon et mauvais ». (On peut même ajouter « à la fois » : c’est pesant, mais sans ambiguïté.) S’il deux génies (ce n’est peut-être pas plus lourd à porter, mais sûrement pas moins) : « Chacun a en lui un bon génie et un mauvais génie » (même remarque).
Mais, après tout, on peut aussi laisser le lecteur s’interroger, de très bons auteurs le font.
Je ne sais pas si ma contribution sera « sagace », mais voici, humblement, ce que je pense :
• Si l’on dit « les frères et les sœurs chérissent… », on pourrait avoir tendance à séparer les deux entités et à comprendre « les frères chérissent… » d’une part et « les sœurs chérissent… » d’autre part, donnant alors à penser qu’il y a des frères, des sœurs, mais pas forcément ensemble dans la même fratrie.
« Les frères et sœurs chérissent… » est beaucoup plus clair : on interprète « les frères et sœurs » comme appartenant à une même famille.
• « Il jouit à la campagne d’une paisible et heureuse retraite ».
On pourrait répéter la préposition, ce serait exact grammaticalement, mais pas obligatoire, ni même souhaitable, car moins élégant.
• « Chacun a en lui un bon et mauvais génie ».
« Chacun a en lui un bon et un mauvais génie ».
Le premier exemple laisse entendre que chacun a en lui un et un seul génie, celui-ci étant à la fois bon et mauvais. Mais cette antinomie me met mal à l’aise.
Le deuxième exemple me satisfait mieux : un génie est soit bon soit mauvais, pas les deux. De fait, chaque homme a en lui deux génies, l’un bon, l’autre mauvais.
D’ailleurs, ne dit-on pas « mon bon génie m’a bien inspiré » ou « mon mauvais génie m’a mal inspiré » ? Est-ce le même ? Voire…
Bonjour,
Je tiens à vous remercier. Vos réponses me confortent dans l’idée que j’avais sur la question.
En effet, si les adjectifs concernent le même être ou objet, on ne répète pas l’article. La répétition se faisant dans le cas contraire.
Si une journée peut être à la fois longue et harassante, elle ne peut pas être à la fois bonne et mauvaise.
Ainsi on écrira :
De longues et harassantes journées l’attendent.
De bonnes et de mauvaises journées l’attendent.
J’écrirai donc
Chacun a en lui un bon et un mauvais génie.
Bravo à Évinrude pour sa justification imagée !