Usage du subjonctif
Bonjour,
Une question me tarabuste, mais je suis certain qu’une bonne âme compétente viendra me tendre la main !
C’est peut-être l’heure tardive, ou bien mes années d’études qui sont un peu loin, mais je suis en pleine dissonance cognitive : instinctivement, j’aurais tendance à mettre du subjonctif passé et du conditionnel dans les cas suivants, alors que mon petit cerveau me chante « subjonctif plus-que-parfait! » Qui a raison ?
=> comme j’étais fier que mon père me [m’eût demandé / m’ait demandé] de l’aide !
=> Mon père grommela que la dose [eût suffi / aurait suffi / suffirait] à un rhinocéros
Un grand merci !
Pour la concordance des temps : deux actions concomitantes au passé :
Comme j’étais fier que mon père m’ait demandé] de l’aide !
Le subjonctif passé est moins littéraire que le plus-que-parfait du subjonctif (qu’il eût demandé)
Même démarche avec le conditionnel passé ( plus courant que le passé 2è forme) , ici le subjonctif ne s’impose pas :
Mon père grommela que la dose aurait suffi à un rhinocéros
Merci Joelle !
Auriez-vous un texte de référence, des exercices à me conseiller. C’est un peu tard mais les formes du subjonctif me posent problème depuis des années, j’aimerais avoir les idées claires, enfin.
A part ça, c’est un peu hors-sujet mais je trouve les différences entre langue parlée / langue écrite ou littéraire de plus en plus étonnantes. Finira-t-on avec deux langues?
Il est heureux que nous n’écrivions pas comme nous parlons pour des raisons qu’il serait long de développer ici ; je suggère pour ma part que nous essayions de progresser à l’oral afin que le passage à l’écrit soit le plus aisé possible. Après tout, n’est-il pas normal de maîtriser convenablement sa langue que ce soit dans la liberté du dialogue parlé ou dans la contrainte du texte écrit ?
Pour le subjonctif, vous devriez trouver votre bonheur ici :
https://www.francaisfacile.com/cgi2/myexam/liaison.php?liaison=_subjonctif_
Bonjour,
La concordance des temps est le rapport qui s’établit entre le temps de la subordonnée et la temps de la principale dont elle dépend.
Le verbe de la principale est à un temps du passé , alors le temps de la subordonnée se met:
• À l’imparfait du subjonctif pour marquer la simultanéité ou la postériorité:
J’ai voulu /je voulais/ je voulus/ j’avais voulu qu’il écrivît cette lettre sur-le-champ.
J’ai voulu /je voulais/ je voulus/ j’avais voulu qu’il écrivît cette lettre le lendemain.
• Au plus-que-parfait du subjonctif pour marquer l’antériorité
J’ai voulu /je voulais/ je voulus/ j’avais voulu qu’il fût venu me voir avant son départ
Remarque :
Après un passé dans la principale, on peut avoir dans la subordonnée un temps dont il faut explique l’emploi en observant que le fait subordonné est envisagé par rapport au moment de la parole.
Je vous ai promis que je ferai désormais tout pour vous aider.
On m’a affirmé que les travaux de ravalement auront pris fin avant deux jours.
Vous avez tant travaillé que vous réussirez.
Ainsi vous écrirez :
Comme j’étais fier que mon père me demandât spontanément de l’aide.
Comme j’étais fier que mon père m’ eût demandé de l’aide hier.
Mon père grommela que la dose suffirait à un rhinocéros
Je vous ai promis que je ferais désormais tout pour vous aider.
Il faut employer ici le conditionnel appelé aussi le futur du passé car l’action a lieu aujourd’hui, et c’est le futur par rapport à « je vous ai promis » ; pour vous en convaincre, mettez-le avec « nous » (je vous ai promis que nous ferions)
• Le futur du passé est un emploi particulier du conditionnel (présent ou passé), imposé par la concordance des temps.
Par ailleurs,
Je ne vois pas pourquoi me demandât et m’eût demandé est plus juste que « m’ait demandé ».
et aussi
Pourquoi le conditionnel présent « suffirait » avec le passé « grommela » dans la principale.
Bonjour joelle
Je vous ai promis que je ferai désormais tout pour vous aider.
L’exemple que j’ai proposé figure dans l’ouvrage de Grevisse « Précis de grammaire française» page 276.
Quant à cette remarque : « Je ne vois pas pourquoi me demandât et m’eût demandé est plus juste que m’ait demandé »
vous trouverez des justifications dans le même ouvrage § 491 b)
Un autre exemple :
Cavaignac, au temps où il régnait, a exigé de lui [Brisson] que l’on emprisonnât Picquart, parce que Picquart offrait de prouver que la grande preuve de la culpabilité de Dreyfus avait tous les caractères d’un faux. ─ Clémenceau
Bonjour,
L’imparfait du subjonctif chez les grands auteurs
Dans les toutes premières éditions de Du côté de chez Swann (Grassezt), on pouvait lire : « J’allais, sans en avoir l’air, dire qu’on apporte les sirops». Quand ce livre est réédité par Gallimard, cette phrase est corrigée : « J’allais, sans en avoir l’air, dire qu’on apportât les sirops». Il y avait en effet un problème de concordance des temps : avec une principale au passé, il convient en toute rigueur d’utiliser l’imparfait du subjonctif pour exprimer la simultanéité ou la postériorité.
Bonjour Czardas, bonjour Joëlle,
Je trouve votre discussion intéressante et suis heureux de l’avoir initiée.
Vous semblez beaucoup plus qualifiés que moi ; pourtant tout ne semble pas couler de source ! Et si même Proust se plantouille…
Je suis pour ma part, psychologiquement et professionnellement (chef de projet industriel) quelqu’un d’assez ‘simple’, très pragmatique, concret. Ce débat entre gens de bonne volonté me fait penser que les formes les plus soutenues du subjonctif créent des complications qui desservent l’usage commun (outre quelques lourdeurs, très subjectives, à l’oreille). La subtilité n’est certes pas nuisible, du moins jusqu’à un certain point après lequel j’ai l’impression – un peu amère – d’être étranger à ma propre langue.
C’est pour cela que l’on peut aujourd’hui se contenter d’un présent du subjonctif ou du passé du subjonctif : j’étais heureuse que vous soyez arrivés plutôt que j’étais heureuse que vous fussiez arrivé.