Le t-euphonique (ou analogique)
Bonjour,
Je vous soumets une question que l’on m’a posée, car j’hésite sur la réponse à lui donner.
« J’ai du mal à décider s’il faut un trait d’union ou une apostrophe entre des mots comme « va-t’en ». J’ai trouvé cette solution, mais je doute de la fiabilité de la source : l’écriture « t-en » n’existe pas. »
Je ne trouve qu’une expression où le « t » est euphonique devant le mot « en ». C’est « un va-t-en guerre », qui viendrait du langage populaire. En connaissez-vous d’autres ?
Bonjour Evinrude.
Il me semble que le t euphonique n’est ajouté qu’entre le verbe et un pronom sujet de troisième personne (il, elle et on) lorsqu’il y a inversion de ce verbe et de ce sujet.
Aussi le t euphonique ne peut théoriquement pas exister entre le verbe et en.
En revanche, lorsque les verbes du premier groupe sont suivis, à l’impératif, des pronoms en ou y, compléments du verbe et non suivis d’un infinitif, on ajoute un s euphonique. On ne met pas de s euphonique devant la préposition en.
Manges-en beaucoup mais mange en vitesse.
Donc seul le s aurait une fonction euphonique devant le pronom en.
Le t euphonique effectivement présent dans va-t-en-guerre a une origine que je n’ai pas retrouvée, mais qui ne m’apparaît pas grammaticalement correcte.. Ne dit on pas « entre en guerre » ?
Merci PhL. pour ces précisions. Je me demande tout de même s’il existe d’autres exemple de ce -t-en, fautif certes, mais intégré à la langue.
Dans la série « L’aiguille et la meule de foin »…
Je n’ai pu trouver qu’un seul cas, certes rare, mais dérogatoire. Il s’agit de la tournure Va-t-en voir affichée dans le CNRTL.
Il faut bien viser dans l’immense article : II. B. 2. Je joins une copie ci-dessous.
« [Pour marquer le doute] Va-t-en voir, allez-y voir (si)… Synon. allez savoir (v. savoir1).Et c’est moi qui suis venu; c’est bien moi, moi, Raboliot; mais va-t-en voir demain si je reviens, Volat! (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 79). »
C’est évidemment figé car cette tournure ne peut pas vraiment se décomposer grammaticalement.
Merci infiniment de cette patiente recherche, car en effet, la meule était impressionnante ! J’ai retrouvé votre référence à la 3e section. Ce cas est en effet si dérogatoire que, dans le même article, une autre citation l’orthographie autrement :
« Louis Kervern, qui songeait à ses dix gosses, déclarait bien par devant qu’il n’accepterait jamais la parcelle, mais, par derrière, va-t’en voir! (Queffélec, Recteur, 1944, p. 184).
Allez savoir…
Queffelec a eu un correcteur consciencieux et prudent…
Merci à vous deux, PhL et Chambaron. Me voici plus assurée pour rédiger ma réponse.
czardas
Un va-t-en-guerre s’écrit avec trois traits d’union. Ce n’est pas une expression mais un nom ou un adjectif invariable.
Va-t’en est l’impératif du verbe pronominal s’en aller. Le t n’est pas euphonique/analogique,mais le pronom personnel te élidé.
On retrouve cette élision dans : Donne-m’en ou mène-m’y