Œcuménique
Pourquoi écrit-on œcuménique et pas « écuménique »
Merci
Ce sujet des ligatures et digrammes fait l’objet de nombreuses analyses érudites. Les aligner n’aurait pas de sens ici. C’est un sujet complexe, d’autant qu’il faut ajouter au « œ » le cas du « æ ».
Je me contenterai pour votre question de quelques remarques pratiques :
1. Malgré les apparences, il y a peu de mots concernés – il y a des familles complètes – si l’on évacue les termes techniques rares. L’absence de ligature étant (encore) pour ces mots considérée comme une faute, mieux vaut les connaitre par cœur et appliquer cette graphie les « yeux » fermés.
2. Les correcteurs orthographiques ont tous incorporé cette particularité et proposent la bonne graphie.
3. Comme pour le « æ », l’évolution de la langue pousse à la disparition de la ligature : le cæsium s’est écrit caesium puis de nos jours césium. De nombreux mots étrangers (notamment d’origine allemande ou nordique) acceptent des graphies doubles avec séparation des deux lettres : Goethe, roesti ou roentgen. En fait, il n’y a, je pense, plus aucun mot nouveau orthographié avec « œ ».
4. L’Académie n’a pas retenu en 1990 ce sujet pour des rectifications. C’est dommage, car ceux qui rejettent en bloc ces modifications n’en auraient pas plus élevé la voix. Mais cela n’est pas à écarter pour une prochaine fois. Écrire œil avec ou sans ligature est plus un problème d’esthétique que d’orthographe. Autoriser la double graphie n’aurait sans doute pas tué la langue : de nombreuses autres ont disparu dans l’indifférence générale…
Bonjour,
Cette orthographe est liée à l’étymologie de ce nom, qui figure dans le lexique français depuis la fin du XVI siècle et qui signifie : « qui a un caractère universel»
Œcuménique vient du latin ecclésiastique « oecumenicus »
Note:
œ ──► ALT 0156
Œ ──► ALT 014 0
Oui mais pourquoi n’avons nous pas décollé ces deux lettres ? Alors que
notre orthographe est séparé à 99,9 % ? Comment pourrait-on expliquer
ça au commun des mortels ? Je suis assez gêné avec ce mot car si
une personne me l’a posait je serais dans l’embarras .
Coi, qui a pour féminin coite, signifie tranquille , silencieux.
Dites plutôt : […] je serais décontenancé, je serais dans l’embarras
Je pense que vous ne serez pas surpris si je vous dis que de nombreux mots du langage quotidien s’écrivent avec un «œ» œuf , bœuf , cœur, sœur, nœud , vœu…
Dans l’un des articles que propose czardas, et qui sont passionnants, on trouve une tentative de réponse à ta question sur « œcuménique » :
-
- œcuménique étym. du grec oikoumenê « terre habitée, univers ».
Ce « œ » pourrait donc venir du grec « oi », même si « oi » grec n’a pas systématiquement donné « œ » !
Où l’on découvre que l’histoire des mots est une science à part entière…
En effet, vous avez raison de le souligner car il faut distinguer deux cas .
─ Certains termes sont empruntés, par filiation savante, à des mots grecs qui comportaient une double voyelle « oi» comme
Œdipe, œnologie , fœtus. Le œ dans ces termes se prononce /é/. Mais la prononciation/eu/ est devenue courante , par confusion avec le second cas.
─Pour les termes de ce second cas , il ne s’agit plus d’un emprunt au grec, mais au latin,dont la voyelle /o/ s’était diphtonguée et était donc devenue double en ancien français.
Par exemple soeur s’écrivait suer du latin soror . Les grammairiens de la Renaissance, afin de montrer la filiation latine (l’étymon possédait un o ), ont ajouté un o à la graphie eu, dans un but esthétique qui peut étonner de nos jours.
Ce faisant, ils ont proprement inscrit un o dans l’e. Voilà pourquoi la graphie œ se lit /eu/ et voilà pourquoi on écrit sœur, cœur,œuf , bœuf , etc. , de cette manière.
Extrait de « Petites chroniques du français comme on l’aime» Bernard Cerquiglini.