Accord des adjectifs de couleur juxtaposés ou coordonnés
Bonjour,
Stéphane porte une écharpe verte.
Marie porte une écharpe blanche.
Doit-on dire et écrire:
Ce supporter de l’équipe de football de Saint-Étienne porte:
– Une écharpe vert et blanc;
– Une écharpe verte et blanche ?
Remarques:
– Le 14 Juillet, on arbore des cocardes bleu, blanc, rouge.
– Cet homme qui arbore, en notre honneur, des cravates rouge et bleu est notre professeur de littérature.
L’empilement de références et de citations en réponse à des questions devient vraiment pesant !
Bon sang, faites des réponses simples, personnelles et de bon goût ! À force de fumée, on n’y voit plus rien…
Face à la montée d’un illettrisme de masse, nous devons promouvoir ici des propositions compréhensibles, convergentes et adoptables rapidement par la majorité. Si nous voulons débattre du sexe des mots, il nous faut nous rencontrer ailleurs.
Chambaron, irrité…
FAIRE ACCORDER
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• L’adjectif de COULEUR prend le genre et le nombre du nom auquel il est lié.
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– les deux manteaux noirs – une robe blanche – des bananes vertes |
NE PAS FAIRE ACCORDER
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• Si l’adjectif de COULEUR est précisé par un mot qui le suit ou le précède, il reste invariable;
• cependant, s’il y a plusieurs exemplaires d’objets et que chacun n’est que d’une seule couleur, alors l’adjectif de COULEUR s’accorde. |
– une chemise noir et blanc ( 2 couleurs) – une robe vert foncé – des chaussures bleu pâle – un chandail gris-bleu – des manteaux noirs et rouges (des noirs et des rouges) |
Par conséquent :
– une écharpe vert et blanc ;
– le 14 Juillet, on arbore des cocardes bleu, blanc, rouge ;
– cet homme qui arbore, en notre honneur, des cravates rouge et bleu est notre professeur de littérature.
Lorsque la couleur est exprimée au moyen de deux adjectifs coordonnés par et :
• les deux adjectifs varient si chacun des éléments mentionnés est d’une seule couleur :
‘Nous jouons aux dames avec des jetons noirs et blancs.
• les deux adjectifs sont invariables si chacun des objets désignés est bicolore :
Ses chaussettes noir et blanc lui tombent sur les pieds.
On aura donc :
Les supporters de Saint-Étienne arborent des écharpes vert et blanc.
Le 14 juillet, on arbore des cocardes bleu, blanc, rouge.
Il peut y avoir deux possibilités pour le professeur.
Les cravates sont unies : il arbore des cravates rouges et bleues.
Les cravates sont composées de deux couleurs : il arbore des cravates rouge et bleu.
Bonjour,
Je vous remercie d’avoir répondu à ma question, mais cela ne me satisfait pas totalement.
En effet, j’avais récemment reçu mes petits enfants pendant cette période de vacances et je leur avais lu quelques passages des « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet.
Voici un extrait du passage :
[…] Personne aux champs… Notre belle Provence catholique laisse la terre se reposer le dimanche… Les chiens seuls au logis, les fermes closes… De loin en loin, une charrette de roulier avec sa bâche ruisselante, une vieille encapuchonnée dans sa mante* feuille morte, des mules en tenue de gala, housse de sparterie bleue et blanche, pompon rouge, grelots d’argent, — emportant au petit trot toute une carriole de gens de mas qui vont à la messe ; puis, là-bas, à travers la brume, une barque sur la roubine et un pêcheur debout qui lance son épervier[…]
* Vêtement de femme, ample et sans manches, souvent pourvu d’un capuchon, qui se porte sur les autres vêtements.
Cet accord d’adjectifs coordonnés m’avait interpellé et je m’étais empressé de consulter « Le bon usage » de Grevisse.
Au § 541 page 880 voici ce que l’on lit :
* Une voiturette […] jaune et vert. (Sabatier)
* Une glace vert et rose. (Modiano)
* Une écharpe rouge et blanche. (Thérive)
* La grande affiche bleue et blanche. (Déon)
* Jeunes anglais portant la « Military Cross » violette et blanche.(Maurois)
Il apparaît donc que ces différents auteurs n’appliquent pas tous les mêmes règles d’accord, et qu’ils accommodent leurs écrits selon leurs goûts et leur humeur au mépris des lois ou des règles grammaticales.
D’ailleurs, Paul Claudel avait écrit :
« Les grands écrivains n’ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens, mais pour imposer la leur, et non pas seulement leur volonté, mais leur caprice.»
Quant à Montherlant, il avait ajouté :
« C’est à l’audace de leurs fautes de grammaire que l’on reconnaît les grands écrivains.»
Avouez donc que le lecteur puisse être désemparé voire perplexe !
Il est heureux que dans l’exemple que j’ai choisi, j’ai pris le mot «écharpe», car avec le mot «chemise» on aurait longuement hésité et débattu sur :
– Chemise vert et blanc ;
– Chemise verte et blanche.
Et l’on aurait fini par attraper des boutons !
De l’Académie française :
Lorsque plusieurs adjectifs de couleur sont associés par la conjonction de coordination et :
– ils restent invariables s’ils qualifient des objets bicolores, tricolores, etc. : des drapeaux bleu, blanc, rouge (chaque drapeau est tricolore), des écharpes rouge et noir (chaque écharpe est bicolore) ;
– ils varient s’ils qualifient des objets unis : des drapeaux bleus, blancs, rouges (certains drapeaux sont bleus, d’autres sont blancs, d’autres encore sont rouges), des écharpes rouges et noires (certaines écharpes sont rouges, d’autres sont noires).
Par ailleurs, couleur reste toujours invariable dans la locution haut en couleur. Ainsi, on dira : des discussions hautes en couleur (hautes en matière de couleur, pour ce qui est de leur caractère truculent, pittoresque).
Je reste personnellement sur ma position en appréciant les éléments précédemment énoncés.
Grevisse énonce une règle reconnue de tous, il faut s’y tenir.
Ce qui est un peu ennuyeux avec le Bon usage, c’est qu’une règle est énoncée et accompagnée aussitôt d’un contre-exemple émanant d’écrivains qui prennent bien des libertés… par volonté ? par ignorance ?…
Quant à Claudel et Montherlant, ce qu’ils avancent n’engage qu’eux.
Bonjour,
Pour ma part, je rencontre les termes « une chemise rayée bleue et blanche ». Forcément, ma réaction première a été d’écrire « une chemise rayée bleu et blanc », mais, sans que je sache dire pourquoi, cela me pose problème, probablement à cause de la présence de « rayée ».
C’est pourtant bien la règle, je la connais et l’applique depuis quarante ans ! Deux (ou plusieurs) couleurs pour un même objet : adjectifs invariables.
Je pourrais proposer :
– une chemise rayée de bleu et de blanc (encore que cela ne me satisfasse pas, dans les faits, ce serait une chemise faite de toile blanche rayée de bleu).
– une chemise bleu et blanc à rayures?
Bien sûr, je peux contourner la difficulté en écrivant :
– une chemise à rayures blanches et bleues…
Néanmoins, cela ne me donne pas la solution. Or, je voudrais la connaître.
Je suis allée, comme certains d’entre vous, me plonger exceptionnellement dans le Grevisse et, comme d’habitude, je n’y ai trouvé qu’un amoncellement d’exemples contradictoires… mais rien qui puisse s’appliquer à mon exemple.
Auriez-vous la solution ?
Merci !