NOUS, ON…

Bonjour,
Aujourd’hui, lecture d’un classique, L’Enfant, de Jules Vallès.

J’y trouve : « Nous nous sommes jetés dix pour la ramasser, et on s’est battu à qui la rendrait. »

Est-il juste de penser que par le passé,  « on » était systématiquement suivi du singulier, alors que désormais, il me semble que lorsque le « on » représente précisément plusieurs personnes, on accordera au pluriel. Dans cette phrase précise, cela me semble d’autant plus s’imposer que le « nous » de la première proposition est suivi – comme il se doit – d’un participe passé pluriel. Il s’agit de plusieurs enfants, le « on » n’est pas indéfini (d’autant que pour se battre, il faut être plusieurs).

Merci de vos avis et de vos connaissances sur l’évolution de cet accord.

karine Aubry Érudit Demandé le 10 octobre 2024 dans Accords

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5 réponse(s)
 

Fils d’un agrégé de grammaire, chroniqueur littéraire, secrétaire de personnalités, Vallès maniait à la perfection le français de son époque. Pas d’erreur ici.
Personnellement, j’interprète comme un effet stylistique la juxtaposition inattendue du nous et du on : le premier renvoie au groupe d’enfants vus individuellement, le second à la cohue anonyme qui suit. La virgule non conventionnelle avant le et renforce d’ailleurs l’indépendance des deux aspects. La conjonction n’est plus de coordination mais disjoint les actions.
Il ne faut donc pas en tirer d’aspect grammatical général.

Chambaron Grand maître Répondu le 10 octobre 2024
CParlotte Grand maître Répondu le 11 octobre 2024

J’opterais personnellement pour le respect de la règle de l’époque par l’auteur. Par ailleurs, j’accueille positivement l’évolution de la langue – je note qu’elle va, une fois n’est pas coûtume, dans le sens de la sophistication. J’avais justement une question sur le sujet que je m’en vais poster de ce pas.

Daniel_S Érudit Répondu le 11 octobre 2024

Bonjour,

Une nouvelle formulation attire mon œil, toujours chez Vallès, à la page 179 du format poche : « On m’avait voulu nommer capitaine. »

De nos jours, on écrirait « on avait voulu me nommer capitaine ».

Où puis-je trouver des explications grammaticales et historiques sur cette évolution ? Merci de votre retour, et merci de vos précédentes réponses très éclairantes.

Karine

karine Aubry Érudit Répondu le 12 octobre 2024

Voici les pages du Grevisse consacrées à ce sujet : https://ibb.co/zF4Nb6Q

le 13 octobre 2024.

@CParlotte….

La seconde occurrence dans L’Enfant du « nous » et du « on » que vous citez ne me choque pas, parce qu’il n’y a pas d’alternative au « on est trois ou quatre » au niveau de l’orthographe. C’est un enfant qui parle, le « on » est plus familier.

Vallès écrit aussi « on est seul dans cette vaste plaine » (page 210 de mon édition en poche) alors que le narrateur joue avec « les petits Brignolin ».

Je suis d’accord avec vous qu’il n’y a pas lieu de modifier le texte de l’auteur puisqu’il y a une « latitude » sur ces questions. Mais il me semble que Vallès n’a pas toujours clairement choisi son camp.

Amicalement,
Karine

karine Aubry Érudit Répondu le 12 octobre 2024

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