RE: « Pharaon » et… « pharaonne » ?
Bonjour,
J’ai lu « Le pharaon Cléopâtre » et cela m’a fait étrange car je lis également de-ci delà le substantif « pharaonne » utilisé pour les femmes.
Selon la définition de l’Académie française, « Pharaon » est un nom masculin et sur son dictionnaire en ligne, il n’existe visiblement pas son pendant féminin, « pharaonne ».
Pouvez-vous me dire s’il est correct de dire « les pharaonnes » ainsi que « La pharaonne Cléopâtre » s’il vous plaît ?
Merci d’avance
Cocojade
Quelques pistes :
* Dans la mesure où ce nom commun est apparu par antonomase (on a créé le nom commun en désignant des rois de façon générique par le nom propre Pharaon), sa féminisation est audacieuse tant qu’on a conscience du procédé. Ainsi, si Bruno Le Maire est un mozart de la finance, doit-on considérer que Christine Lagarde est une mozarte de la finance ? ou une macronne de la politique ?
* Ce procédé me semble également écraser l’histoire du mot, le considérant comme un simple nom de métier ou de fonction dans une administration, à la manière d’une caporale ou d’une cheffe de rayon. Les mots qui traversent les siècles me font plus forte impression que ceux qui s’adaptent aux circulaires administratives.
* Il n’y a pas d’inconvénient syntaxique à conserver un nom au masculin, ou inversement : le tyran Anne Dupont, la sentinelle Robert Dupont.
* C’est un choix délibéré de l’auteur que d’insister sur l’appartenance sexuelle du titulaire d’une fonction en la féminisant, cela ne vient pas d’une règle de la langue française ; les historiens ne le font pas, et c’est seulement une démarche militante qui permet de le faire.
* Rien n’indique qu’il faille une marque sonore ou graphique à une féminisation : un petit jupiter, une petite jupitère…
* Rien n’indique que les mécanismes utilisés pour les mots latins fonctionnent avec d’autres mots ; par exemple un lycaon n’a pas de féminin, et le suffixe latin -onne adapté aux lions n’est pas forcément adapté aux pharaons. D’ailleurs, la lettre « e » n’est pas non plus particulièrement un marqueur du féminin : une maison (genre féminin), une souillon (genre féminin et sexe féminin)…
* Si un titre honorifique étranger était traduit en français « le soleil », souhaiteriez-vous aussi le féminiser ? Et si oui comment ? Que signifie le mot « phraraon », contient-il un sens originel ou une histoire qu’il conviendrait de respecter ?
Bref, il me semble utile et respectueux d’étudier sérieusement l’histoire d’un mot avant de le féminiser à l’arrache.