« Pharaon » et… « pharaonne » ?
Bonjour,
J’ai lu « Le pharaon Cléopâtre » et cela m’a fait étrange car je lis également de-ci delà le substantif « pharaonne » utilisé pour les femmes.
Selon la définition de l’Académie française, « Pharaon » est un nom masculin et sur son dictionnaire en ligne, il n’existe visiblement pas son pendant féminin, « pharaonne ».
Pouvez-vous me dire s’il est correct de dire « les pharaonnes » ainsi que « La pharaonne Cléopâtre » s’il vous plaît ?
Merci d’avance
Cocojade
Académie ou pas, on voit mal pourquoi pharaonne serait plus inconvenant que reine, impératrice ou archiduchesse.
De fait, il a fallu attendre l’époque romantique pour le voir apparaitre mais Victor Hugo lui a définitivement conféré droit de cité (Les Contemplations, 1865).
Lien : poème de V. Hugo
PS Contrairement à ce qu’affirme une réponse mal renseignée, le mot pharaon ne provient pas d’un nom propre. Depuis la plus haute Antiquité il s’agit d’un titre. Comme pour d’autres titres, il a pu prendre une valeur absolue (et la majuscule associée) qualifiant de manière non personnalisée le pouvoir central d’un État, le « Palais » . Au Moyen Âge, on disait de même « le Turc » (la « Sublime Porte »), « le Perse » (le Shah) ou le Grand Mongol.
Bonjour Chambaron,
Dans ma petite enquête, j’avais effectivement vu que Victor Hugo avait employé ce terme.
Je vous rejoins tout à fait et, sans vouloir pour autant faire du féminisme acharné (quoi que… 😉 ), comme vous, je ne vois pas pourquoi pharaonne serait plus inconvenant que d’autres titres féminins.
Mon choix est donc fait.
Merci de m’avoir donné retour 🙂
Bonsoir Cocojade,
Cléopâtre était reine d’Egypte. C’est habituellement le titre qui lui sied.
Quant à celui de pharaon, l’Académie française n’a pas le pouvoir d’interdire sa féminisation ; que chacun (ou chacune !) fasse à sa guise.
Bonjour Bruno,
Définition de pharaon : Un pharaon est un roi de l’Egypte ancienne, en Afrique du Nord
Cléopâtre était reine d’Egypte… j’en déduis donc qu’elle était pharaon ou pharaonne.
Mais vous avez raison, sur ce coup-là, je vais (à nouveau ? 😉 ) faire fi de l’Académie française et faire à ma guise. Ce sera donc « pharaonne ».
Merci de m’avoir donné retour 🙂
@ Chambaron @ Bruno
Certains hésitent entre pharaonne et reine-pharaon ! 😉
https://www.geo.fr/histoire/qui-etaient-les-5-pharaonnes-de-legypte-antique-213791
Le titre n’étant à ma connaissance plus porté à notre époque, c’est aux historiens de faire le choix de leurs mots dans des ouvrages historiques spécialisés.
Quelques pistes :
* Dans la mesure où ce nom commun est apparu par antonomase (on a créé le nom commun en désignant des rois de façon générique par le nom propre Pharaon), sa féminisation est audacieuse tant qu’on a conscience du procédé. Ainsi, si Bruno Le Maire est un mozart de la finance, doit-on considérer que Christine Lagarde est une mozarte de la finance ? ou une macronne de la politique ?
* Ce procédé me semble également écraser l’histoire du mot, le considérant comme un simple nom de métier ou de fonction dans une administration, à la manière d’une caporale ou d’une cheffe de rayon. Les mots qui traversent les siècles me font plus forte impression que ceux qui s’adaptent aux circulaires administratives.
* Il n’y a pas d’inconvénient syntaxique à conserver un nom au masculin, ou inversement : le tyran Anne Dupont, la sentinelle Robert Dupont.
* C’est un choix délibéré de l’auteur que d’insister sur l’appartenance sexuelle du titulaire d’une fonction en la féminisant, cela ne vient pas d’une règle de la langue française ; les historiens ne le font pas, et c’est seulement une démarche militante qui permet de le faire.
* Rien n’indique qu’il faille une marque sonore ou graphique à une féminisation : un petit jupiter, une petite jupitère…
* Rien n’indique que les mécanismes utilisés pour les mots latins fonctionnent avec d’autres mots ; par exemple un lycaon n’a pas de féminin, et le suffixe latin -onne adapté aux lions n’est pas forcément adapté aux pharaons. D’ailleurs, la lettre « e » n’est pas non plus particulièrement un marqueur du féminin : une maison (genre féminin), une souillon (genre féminin et sexe féminin)…
* Si un titre honorifique étranger était traduit en français « le soleil », souhaiteriez-vous aussi le féminiser ? Et si oui comment ? Que signifie le mot « phraraon », contient-il un sens originel ou une histoire qu’il conviendrait de respecter ?
Bref, il me semble utile et respectueux d’étudier sérieusement l’histoire d’un mot avant de le féminiser à l’arrache.