Maladresse ??

Bonsoir,
1- Est ce qu’on dit : la changer de place ou lui changer de place,
« Quand on parle de qqn /qqch « .
2- Pour dire :  » t’aurais pas un livre sur le siècle des lumières ? » Par exemple. Peut on remplacer « t’aurais pas » par  » je ne trouverai pas chez toi (en ta possession) un livre sur le siècle des lumières ? » Est ce correcte ou une maladresse ??
Merci d’avance pour toutes vos réponses 🙏

Lyn Érudit Demandé le 16 septembre 2024 dans Question de langue

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5 réponse(s)
 

Ne cherche pas la lettre dans  le secrétaire : je l ‘ai changée  de place, je l’ai déplacée – le pronom l’ (= la) est COD –> l’accord se fait avec le COD placé avant

Relis la lettre qui est sur le bureau : je lui ai ajouté une phrase : le pronom lui (= à elle) est COI –> pas d’accord car pas de COD
—-
« t’aurais pas un livre sur le siècle des lumières ? » n’est familier qu’à cause la forme de la phrase interrogative choisie et l’abréviation « t’aurais pas ». Il n’est pas besoin de changer de verbe ou d’ajouter des mots, même si c’est possible.
Il suffit d’écrire : N’aurais-tu pas un livre sur le siècle des lumières ? la phrase est interro-négative (on l’emploie cette forme quand on attend la réponse « si », ou « oui, en effet ».
– pas d’abréviation
– deux éléments de négation : ne et pas
-inversion du sujet (tu aurais > aurais-tu)

ou encore avec une forme interrogative sans négation :
Aurais-tu un livre sur le siècle des lumières?

Tara Grand maître Répondu le 17 septembre 2024
Bruno974 Grand maître Répondu le 17 septembre 2024

Comme le précisent trois réponses déjà données à ce jour, on change quelque chose ou quelqu’un de place, le verbe changer est ici transitif direct.
Imaginer, en allant exhumer un exemple de 1606, que quiconque dit ou écrit de nos jours « changer de place à quelqu’un ou à quelque chose » est un signe de confusion mentale. Le verbe admettra une construction indirecte uniquement si un complément direct existe déjà par ailleurs : « on l’a changé de place en classe. », « on lui a changé sa place en classe » (familier), « on a changé sa place en classe. »

Chambaron Grand maître Répondu le 17 septembre 2024

1) On change un objet / une chose / une personne de place, donc on le/la change de place.
2) Pourrais-je trouver chez toi un livre sur le …. ?/ Aurais-tu en ta possession un livre sur….?

joelle Grand maître Répondu le 16 septembre 2024

1.
La construction « changer de place à » existe je crois dans l’usage populaire, et si on la lit rarement, je l’entends parfois :
— on m’a demandé de changer de place à ma voiture
Le prolongement correct de cette construction serait l’utilisation du pronom datif « lui » :
— on m’a demandé de lui changer de place
Apparemment, pour les personnes s’exprimant ainsi, ce n’est pas la voiture qu’on change, mais son emplacement : je lui ai changé de moteur, je lui ai changé de place…. Et comment leur donner tort ?
Mais bien qu’elle soit logique syntaxiquement, ce n’est pas cette forme qui s’est imposée en français normalisé, et on considère majoritairement que c’est la voiture qu’on change (de place) et non la place (de la voiture) qu’on change.
La question tourne autour de l’identification du COD, mais il ne faut pas chercher ce COD avec trop de désinvolture. Si l’usage actuel est de « changer une chose de place », on trouve par exemple de façon plus conforme à l’histoire de la langue « changer de place à un cheval quand il est attelé » dans le « Thresor de la langue francoyse » en 1606.
Il est fréquent que le français populaire ou régional soit plus conforme à l’esprit de la langue que sa version standardisée, et, selon le contexte, vous ne devez pas forcément vous interdire « lui changer de place ».
Avec d’autres compléments, la possibilité de double approche demeure entendable de nos jours :
— ce soldat, on l’a changé d’affectation (le soldat a changé de régiment)
— ce régiment, on lui a changé d’affectation (le régiment a changé de fonction, de rôle stratégique à jouer)
— ce bâtiment, on l’a changé d’affectation : on l’a affecté à l’accueil du public
— ce bâtiment, on lui a changé d’affectation : on lui a affecté l’accueil du public

2.
Pouvez-vous préciser ce que vous appelez maladresse ? Parlez-vous d’une faute syntaxique dans votre phrase, ou de vocabulaire, de style ?

CParlotte Grand maître Répondu le 17 septembre 2024

Bonsoir CParlotte ,
Merci pour votre retour. Et pour répondre à votre question :
J’entends par « maladresse » tout usage de la langue considéré comme une formulation erronée ou qui n’entre pas dans le parler courant (que ce soit à l’oral ou à l’écrit) et qui découle parfois d’une traduction littérale de la langue maternelle vers le français . La phrase qui fait l’objet de ma 2e question est justement une traduction littérale . Donc, j’aimerais savoir si cela se dit en français et si c’est « acceptable » ou non .
Merci d’avance pour votre éclaircissement.

le 17 septembre 2024.

La première phrase avec « t’aurais pas un livre sur » pose deux problèmes syntaxiques (le pronom sujet « tu » ne doit jamais s’élider en « t' » ; il manque le « ne » de la négation). Vous l’avez certainement repéré. Ce n’est pas une maladresse, c’est soit une faute de français d’un point de vue formel, soit une transcription de l’oral, pas du tout maladroite, et très acceptable. Cette phrase peut certainement être utilisée par des personnes dont la langue maternelle est le français.
Le prof de français qui hors de sa classe dit « t’aurais pas un livre sur » est certes conscient des deux entorses qu’il fait à la norme, mais sa phrase n’a rien de maladroit, elle est conforme à la langue qu’il pratique hors de l’école.

Quand vous dites « traduction littérale », si vous n’avez pas fait d’erreur, je n’ai aucune réponse à vous apporter, car je connais mal les enjeux de la traduction, qui est toujours, je l’ai appris, obligée de trahir un peu la phrase originale.
Mais si vous vouliez parler de « transcription littérale » (écrire mot à mot ce que vous avez entendu), si vous n’avez pas fait d’erreur, alors votre transcription est une excellente transcription.

Vos propositions utilisant « je ne trouverai… pas chez toi… en ta possession… un livre… » n’ont aucun intérêt, et ne correspondent à aucune langue parlée. Sont-elles maladroites ? carrément oui ! Tout simplement parce que jamais personne ne parle ainsi.

Est-ce que vous demandez dans quelle mesure il faut rendre conforme à la langue française normalisée les propos que vous avez entendus et que souhaitez transcrire ? Par exemple, si vous êtes correspondant local de presse, et que l’adjoint au maire vous dit « y en a marre des opposants », comment devrez-vous l’écrire ? Et si le paysan du coin dit une phrase dont vous comprenez l’idée mais qui vous semble très mal construite grammaticalement, dans quelle mesure devrez-vous l’adapter avant publication dans votre journal ? Y a-t-il un peu de cela dans votre question ? Comment retranscrire dans une publication censée écrire en français bien normé des choses entendues en français moins normé ? Si oui, reposez la question, mais plus clairement.
Si au milieu de la manifestation que vous couvrez quelqu’un vous dit « on a changé de poste à ma femme », rien ne vous autorise à modifier sa syntaxe dans le journal local avec un supposé plus correct « on a changé ma femme de poste ». On peut parfois modifier très légèrement des propos pour les rendre plus facilement publiables, mais jamais pour renverser une structure de phrase, comme si la version du journaliste titulaire d’un BTS communication devrait primer sur l’usage immémorial d’une construction dans telle région ou telle profession.
Tant que vous n’êtes pas parfaitement au clair avec cela, ne mettez jamais entre guillemets des paroles modifiées ; mettez les transcriptions littérales entre guillemets ; n’utilisez les formules modifiées qui conviennent à votre lectorat qu’en discours indirect.

[Cette année, environ un tiers de mes réponses a été supprimé de ce site sans explication. Faites donc une sauvegarde de celle-ci si vous avez le temps de la lire avant qu’elle déplaise à la modératrice.]

le 18 septembre 2024.

Bonsoir,
Merci pour ce commentaire fort instructif. J’ai bien compris que la phrase dont il est question n’est semantiquement pas correcte. Cependant, je voudrais m’expliquer sur l’emploi des guillemets : étant dans une classe de FLE, nous nous intéressons à l’apprentissage de cette langue dans une approche communicative, c’est pour cela (je reprends vos mots) on essaie de  » rendre conforme à la langue française les propos entendus  » et qui sont souvent formulés par certains d’entre nous dont la langue maternelle est autre que le français . Donc, par souci de bien parler, on se corrige parfois les uns les autres , et personnellement quand j’ai un doute je sollicite l’aide des maîtres de ce site afin de m’éclairer et j’avoue que mes questions ne sont jamais restées sans réponses. Voilà pourquoi je mets les phrases que j’ai entendues entre guillemets .
Encore une fois merci pour toutes vos explications 😊

le 19 septembre 2024.

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