Accord avec deux verbes à ‘infinitif comme sujet + nombre après « sans »
Bonjour,
dans les phrases suivantes, peut-on considérer le sujet comme 2 actions distinctes appelant l’accord de l’adjectif (1re phrase) et du verbe à la 3e personne du pluriel ?
– Rentrer et abandonner ce projet lui semblait/semblaient impossibles.
-Ces chevaux ont toujours connu l’humain, se retrouver au fond d’un champ et ne voir que très peu de monde pourrait/pourraient les rendre malheureux.
Je tourne également bêtement en rond autour du nombre après « sans » et les tournures similaires. J’ai bien compris que si à la forme affirmative, on considère qu’il y a plusieurs choses, on met le nom au pluriel. Mais si l’on a plusieurs personnes avec un objet chacune, ce qui fait plusieurs objets, doit-on utiliser le pluriel ou peut-on laisser le singulier ? Quelques phrases pour l’exemple :
Une trentaine de personnes sans tickets/ticket patientaient.
De nombreuses personnes n’avaient pas pris de billet/billets d’entrée.
Merci pour vos conseils.
Partie 1 : Question intéressante et plutôt rare.
L’emploi de plusieurs infinitifs comme sujets peut en effet poser un problème d’interprétation d’accord du verbe qui suit. Ce cas est assimilable a un accord par syllepse et le verbe peut rester au singulier si les deux actions sont conçues comme coordonnées et n’en faisant qu’une : « Lorsque deux groupes infinitifs sujets sont coordonnés, l’accord du verbe se fait au singulier si l’on veut insister sur la neutralité des sujets ou sur le fait qu’ils représentent des actions faisant partie d’un même ensemble. L’accord au pluriel est possible si l’idée d’addition ou d’actions distinctes est prédominante. » (Site de l’Office québécois de la langue française). Cela semble le cas dans vos deux exemples.
Partie 2 : Cas plus classique et récurrent.
Si la langue se dispense d’un déterminant clair pour indiquer le nombre d’un substantif, c’est souvent que le singulier suffit par défaut. Le pluriel est certes toujours possible, mais on ne peut sans cesse se poser cette question pour les milliers de cas qui se présentent. En cas de besoin, le pluriel se marque spécifiquement :
« De nombreuses personnes n’avaient pas pris de billet d’entrée. »
« De nombreuses personnes n’avaient pas pris les billets d’entrée, vendus à un prix exorbitant. »
Merci beaucoup pour votre réponse, claire et précise !
Pour la partie 1, je peux donc choisir de comprendre que les deux actions sont distinctes et conjuguer à la 3e personne du pluriel, ou considérer que le fait de rentrer signifie abandonner le projet et accorder avec la 3e personne du singulier ?
Oui, en théorie, ce que l’on entend à un autre temps : « Rentrer et abandonner ce projet lui semblèrent impossible (des choses impossibles). » Mais, dans votre exemple, cela semble moins naturel que le singulier car les deux actions se ressentent comme liées.
Pour votre première question, cela revient à dire :
Il lui semblait impossible de rentrer et d’abandonner –> Rentrer et abandonner (ce projet) lui semblait impossible.
De la même façon :
Cela pourrait les rendre malheureux de se retrouver…. –> Se retrouver au fond d’un champ et ne voir que très peu de monde pourrait les rendre malheureux.
Pour votre seconde question, les deux formes sont appropriées :
Une trentaine de personnes sans tickets / ticket patientaient.
De nombreuses personnes n’avaient pas pris de billet / billets d’entrée.
Merci pour votre réponse, je n’avais pas analysé les phrases de ma première question ainsi. C’est comme si nous ajoutions « tout cela » avant le verbe.