Être coi mais…rendre coi ?
Bonjour,
L’adjectif « coi/coite » est majoritairement employé avec les verbes, rester, être, demeurer, se tenir (réf Académie française)
Ces verbes m’indiquent qu’être coi est un état.
Peut-on utiliser d’autres verbes pour exprimer ce qui amène à cet état ?
Par exemple :
De peur/au risque de te rendre coi…
Ne l’écoute pas, ou tu en deviendras coi …
C’est tellement insensé que cela t’en laissera coi…
Merci pour vos retours
Cocojade
L’adjectif coi est le doublet populaire médiéval de l’adjectif quiet dérivé lui-même du latin classique quietus (tranquille). Il n’a pas eu de descendance propre car il a été supplanté par les formes de son doublet quiétude (et inquiétude) et de ses synonymes tranquille ou sûr. L’ancien français utilisait quiéter (contraire d’inquiéter ) mais ce mot a disparu du lexique moderne. Vous pouvez donc utiliser tranquilliser, calmer, apaiser ou rassurer comme substituts.
NB La même racine se retrouve dans le mot requiem (accusatif du mot requies, repos… éternel) ou dans le nom des boules Quies qui permettent de dormir tranquille.
Très intéressant, merci 🙂
Je vais pouvoir faire un peu « ma fière » devant ma fille lorsqu’elle viendra à la maison… Elle met toujours des boules Quies pour dormir.
J’ai pris note des substituts que vous proposez Chambaron, mais ma question ne portait pas sur eux. Mon interrogation était de savoir si l’on pouvait utiliser des verbes pour illustrer ce qui amène et/ou provoque l’état d’être coi (rendre, devenir, laisser… autres).
J’ai bien compris, mais il n’y en a pas d’autres usuelles que des variantes sur la racine. Les formes que vous citez sont des fantaisies sympathiques mais que personne n’utilise. Les rares tournures survivantes (avec rester ou demeurer) sont déjà de quasi-archaïsmes.
L’usage retient ces verbes, mais dans l’absolu rien (ni la sémantique, ni la syntaxe) n’interdit ceux que vous proposez. Si vous en cherchez des occurrences, vous en trouverez, mais elles sont en effet et de fait peu nombreuses.
Je rejoins vos propos Marcel.
En revanche, je cherche des occurrences, mais pour le moment, je n’en trouve pas…
Si vous voulez faire « votre fière », vous pouvez vous amuser à caser le verbe accoiser = rendre coi.
Pour ce qui est des occurrences, tapez ne serait-ce que « laisse coi », « rend coi », « devient coi » (ou « devient coite / deviennent cois », pour éviter les occurrences où coi = C.O.I.) dans Google Livres et vous obtiendrez des résultats.
(Si l’étymologie vous intéresse vous pouvez faire l’acquisition d’un dictionnaire étymologique.)
Être en mesure de placer « accoiser » de manière naturelle va m’être compliqué, car je ne me permettrais pas de dire « si tu continues, je vais t’accoiser » 😉
Il en va de même pour le verbe « coiser » : rendre coi, calmer.
Concernant ce dernier verbe, il y a un doute (ou une erreur) sur son orthographe
Quand je tape « coiser » j’ai cette réponse
https://www.cnrtl.fr/definition/dmf/coiser
Le verbe y est autant écrit « coisier » que « coiser »
Quand j’essaie avec l’orthographe coisier, j’ai celle-ci
https://www.cnrtl.fr/definition/dmf/coisier
Si vous saviez le nombre de sujets qui m’intéressent et pour lesquels j’aimerais acquérir des livres pour en savoir plus…
Oui, l’étymologie m’intéresse, et oui, je ferai certainement l’acquisition d’un dictionnaire étymologique un jour.
Vraisemblablement parce que accoiser est la forme qui a perduré et dont l’orthographe s’est stabilisée, alors que (a)(c)cois(i)er appartien(nen)t aux ancien/moyen français à une époque où l’orthographe était moins fixée.
Si vous regardez le Godefroy (dictionnaire d’ancien français ), vous voyez que ces deux formes sont synonymes et que leur graphie est multiforme (le i est tombé, j’imagine que ça s’explique très bien en phonétique historique, domaine dont j’ignore à peu près tout).
Au XIXe, Georges-Frédéric Burguy dans sa Grammaire de la langue d’oil ou grammaire des dialectes français note que la forme coiser est encore en usage dans plusieurs patois.
Mais Chambaron saura certainement vous en dire plus à ce sujet.
@Marcel
Tout ce que vous venez de montrer est déjà énorme ! 🙂
Je vous remercie de partager vos connaissances et de prendre sur votre temps pour rechercher de quoi les compléter plus avant. C’est très enrichissant.
… et merci pour le lien vers ce dictionnaire 🙂
Je vous en prie Cocojade, mais vous savez ce ne sont pas des connaissances, seulement des découvertes que je fais en même temps que vous et grâce à vous !
Je n’ai aucun doute sur vos connaissances propres Marcel, votre dernière réponse est donc à mes yeux encore plus « tout à votre honneur ».
Il m’est d’avis que l’assimilation des diverses règles de la langue française est plus aisée lorsque que l’on réussit à en comprendre le « pourquoi »… parce que tout n’y est pas qu’une question d’accords en genre ou en nombre, ni une histoire de conjugaison ou de grammaire.
En ce sens, les connaissances, avis et conseils, même contraires, qui donnent lieu à la réflexion et à l’échange (au lieu de bannir tout ce qui ne rentrerait pas « dans le cadre » attendu), m’apparaissent comme la meilleure manière de faire cheminer, comprendre et progresser.
… même si parfois cela peut éventuellement rendre « rouges de colère » ceux qui s’essaient à transmettre (humour bien sûr 😉 )
Je vous souhaite une excellente soirée Marcel
Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que le T apparaît au féminin. Jusque là on avait coi/coie. Chambaron pourrait-il nous dire pourquoi ? Est-ce qu’il y a eu influence de « quiet/quiète » ?
Merci Cocojade, bon dimanche à vous.