J’avais pensé que ou Je pensais que

Bonjour,
Je me pose une question sur le temps correct dans la phrase suivante :

J’avais pensé que c’était comme en Belgique, mais ce n’était pas le cas.

J’ai l’impression que l’imparfait conviendrait mieux.

Je pensais que c’était comme en Belgique, mais ce n’était pas le cas.

 

Le sujet donné à mes élèves était d’employer le plus-que-parfait pour expliquer les préparatifs avant d’avoir fait un long séjour à l’étranger, comme :

J’avais étudié la langue dans une école et je n’ai pas eu de problème de communication.

J’avais lu des articles sur Internet et je n’ai pas été surpris par les habitudes locales.

 

Pencheriez-vous pour le plus-que-parfait ou l’imparfait et pourriez-vous expliquer pourquoi ?

Je vous remercie par avance.

 

sacados Débutant Demandé le 19 juin 2024 dans Question de langue

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5 réponse(s)
 

Bonsoir,

Le plus-que-parfait permet  de marquer l’antériorité d’une action achevée :
1°) J’ai étudié la langue dans une école. 2°) [Ensuite, quand je suis allé dans ce pays], je n’ai pas eu de problème de communication. >J’avais étudié la langue dans une école et je n’ai pas eu de problème de communication.
1°) J’ai lu des articles sur Internet.  2°) [Ensuite, quand je suis allé dans ce pays], je n’ai pas été surpris par les habitudes locales.> J’avais lu des articles sur Internet et je n’ai pas été surpris par les habitudes locales.
1°) J’ai pensé que c’était comme en Belgique. 2°) [Ensuite, quand je suis allé dans ce pays, je me suis aperçu que] ce n’était pas le cas.  > J’avais pensé que c’était comme en Belgique, mais ce n’était pas le cas.
Le plus-que-parfait est donc parfaitement adapté à votre exemple et à votre exercice.

Pourquoi alors l’imparfait semble-t-il aussi utilisable ? L’imparfait est un temps qui ne marque pas l’achèvement, qui reste flou et indéfini sur la fin de l’action. Or, des verbes qui expriment un processus mental ou une position subjective ne sont jamais réellement terminés. Si vous pensiez quelque chose hier et qu’aujourd’hui vous vous en souvenez ou que vous en parlez , c’est ce que vous le pensez toujours ou du moins que vous pensez à ce que vous pensiez. Vous pouvez donc employer l’imparfait avec des verbes comme penser, croire, même dire, mais pas avec des verbes qui reflètent un fait objectif.
Vous pouvez donc dire sans problème : « Je pensais que c’était comme en Belgique, mais ce n’était pas le cas. »
Alors que : « J’étudiais la langue dans une école et je n’ai pas eu de problème de communication. » est une affirmation qui n’a pas de cohérence logique.

 

Bruno974 Grand maître Répondu le 19 juin 2024

Bonjour Bruno974,

Pardon pour ma réponse tardive. Je vous remercie infiniment pour votre explication claire et détaillée, qui m’a beaucoup aidée.

Comme je ne suis pas très à l’aise avec les emplois des temps du français, j’aimerais vous poser une autre question.

Comme je vous l’ai dit, j’aurais dit plus spontanément : « Je pensais que c’était comme en Belgique, mais ce n’était pas le cas.”

 

Je me demande si, dans cet exemple, le locuteur veut insister sur le fait que depuis son séjour dans ce pays, il a changé d’opinion, (« J’avais pensé que c’était comme en Belgique, (mais je m’étais trompé) »), alors que s’il utilise l’imparfait, il décrit simplement son sentiment dans le passé.

Mais je ne sais pourquoi, mais ça me paraît tout de même étrange et avec le plus-que-parfait, j’aurais plutôt dit :

« J’avais toujours pensé que c’était comme en Belgique, mais ce n’était pas le cas. »

 

Je ne sais pas si je me fais bien comprendre car c’est assez confus dans ma tête aussi.

Qu’auriez-vous dit plus naturellement ?

 

Merci de votre réponse.

sacados Débutant Répondu le 20 juin 2024

Bonsoir,
Le plus-que-parfait est non sécant ; l’imparfait est sécant.
Avec le plus-que-parfait, des faits énoncés dans une première proposition sont achevés quand commencent ceux énoncés dans la suivante, mais ce choix  ne dit absolument rien du laps de temps qui s’écoule  entre les faits 1 et les faits 2.  Il n’y a que le contexte qui peut éclairer. Or, avec votre exemple, c’est bien la négation exprimée par la deuxième partie de votre phrase qui fait cesser la pensée initiale. L’écart entre les faits 1 et les faits 2 est purement symbolique, une simple borne de la désillusion qui n’appartiendrait ni aux faits 1, ni aux faits 2.
Avec l’imparfait, des faits énoncés dans une première proposition ne sont pas achevés quand commencent ceux énoncés dans la suivante. Cependant, avec votre exemple, dès lors que vous  constatez « que ce n’est pas le cas« , la pensée initiale cesse également. Le chevauchement des faits 1 et des faits 2 se réduit alors à cette borne de la désillusion.
Cette analyse ne porte pas sur l’usage du plus-que-parfait en général mais uniquement sur votre exemple, une première assertion avec un verbe exprimant un processus subjectif,  une seconde assertion qui réfute la première. Que vous disiez : Je croyais A vrai, mais j’ai compris que A était faux ou J’avais cru A vrai, mais j’ai compris que A était faux, votre interlocuteur comprendra exactement le même message.

le 20 juin 2024.

La phrase qui vous pose problème n’est pas équivalente à celles auxquelles vous la comparez.

En effet, dans Je pensais que c’était comme en Belgique – et contrairement aux deux autres phrases – les deux faits « penser » et « état (en Belgique) » sont 1) concomitants, 2) saisis d’un point de vue sécant. Mettez les phrases au présent et vous percevrez peut-être mieux les choses :
Je pense que c’est comme en Belgique = OK
J’ai pensé que c’est comme en Belgique.

J’étudie la langue dans une école et je n’ai pas de problème(s) de communication = OK mais pas d’antériorité de étudier par rapport à avoir un/des problème(s) de communication.
J’ai étudié la langue dans une école et je n’ai pas de pb… = OK, avec antériorité de étudier / pb.

Je lis des articles sur Internet et je ne suis pas surpris par les habitudes locales = OK mais pas d’antériorité de lire / surprise (+ peut-être mettrait-on plutôt Je suis en train de lire…/ En ce moment je lis des articles…)
J’ai lu des articles sur Internet et je ne suis pas surpris par les habitudes locales. OK + antériorité.

Voilà qui explique pourquoi l’imparfait vous semble plus naturel. Néanmoins, il est vrai que le plus-que-parfait reste possible (le passé composé aussi d’ailleurs).

Ainsi que je l’ai indiqué précédemment, avec l’imparfait, les deux faits (penser + état de fait en Belgique) sont saisis de façon sécante (vu depuis l’intérieur du passé) et sont concomitants. Avec le PC ou PQP, penser n’est plus saisi depuis l’intérieur du passé + en train de se dérouler, mais de façon bornée depuis le début de la croyance jusqu’au moment où cette croyance est démentie/commentée + accomplie. Et c’est vrai que l’introduction de toujours rend plus naturelle cette saisie bornée.
À cette époque-là, je pensais que c’était comme en Belgique, mais maintenant, je sais que ce n’est pas le cas.
Jusqu’à présent / Jusqu’à mes 10 ans / Jusqu’à ce que je lise le contraire / etc., j’ai (toujours) cru / J’avais (toujours) cru que c’était comme en Belgique, mais maintenant, je sais que ce n’est pas le cas.

Avec le  PC, la croyance peut toujours être d’actualité, alors qu’avec le PQP, non :
J’ai toujours cru que c’était comme en Belgique, mais maintenant, je sais que ce n’est pas le cas / et d’ailleurs, je le pense toujours.
J’avais toujours cru que c’était comme en Belgique, mais maintenant, je sais que ce n’est pas le cas / et d’ailleurs je le pense toujours.

 

 

marcel1 Grand maître Répondu le 20 juin 2024

Bonsoir,
Je vous remercie d’avoir pris la peine de m’expliquer si soigneusement ce que je ne parvenais pas à comprendre. Avec tous les exemples que vous m’avez fournis, j’ai une meilleure idée de l’emploi du plus-que-parfait. Bien sûr, il me faudra relire plusieurs fois votre message pour pouvoir me sentir plus à l’aise dans l’emploi des temps du passé. Je vous suis très reconnaissante. Merci.

sacados Débutant Répondu le 20 juin 2024

Je vous en prie. 🙂
Oui, ce sont des questions un peu complexes et pas évidentes à expliquer de façon claire et succincte (pour moi en tout cas).

le 20 juin 2024.

Bonjour Bruno974,
Excusez-moi pour le retard à vous remercier : je n’avais pas vu votre réponse. Grâce à votre analyse, je comprends mieux la différence entre l’imparfait et le plus-que-parfait dans ma phrase  « Je pensais (J’avais pensé ) que c’était comme en Belgique, mais ce n’était pas le cas. » Je comprends aussi qu’il faut vraiment maîtriser l’emploi des temps pour être capable de saisir les nuances de sens en fonction du contexte. La route est encore longue pour moi, mais vous m’avez vraiment aidée et je vous remercie énormément pour la clarté de vos explications. Merci encore.

sacados Débutant Répondu le 21 juin 2024

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