accords
Bonjour, toujours une question à propos de l’usage du verbe avoir ou être?
comment écrire :
elle est trépassée il y a trois années déjà
ou
elle a trépassé il y a trois années déjà
merci et bon dimanche
Comme passer, trépasser se conjugue avec l’auxiliaire avoir quand on veut exprimer l’action qui s’est passée à l’époque dont on parle et avec l’auxiliaire être quand on veut exprimer l’état résultant de cette action.
Dans votre exemple, il semble que vous évoquez l’action de mourir : « Elle a trépassé il y a trois années déjà. »
Mais on dirait : « Elle est trépassée depuis trois années déjà. »
bonjour, merci, oui personnellement j’avais écrit : elle est…
Un très grand merci pour cette magnifique explication.
Quelqu’un qui a guéri est guéri. Au passé composé, pour l’action, on utilise l’auxiliaire avoir, et pour le résultat, on utilise l’auxiliaire être. Il a guéri hier. Il est guéri depuis hier.
Vous savez que ce raisonnement est faux. Il fonctionne, mais il est faux. Il ne rend pas compte de la conjugaison au passé composé. À ce compte-là, la moitié des verbes intransitifs français pourraient être considérés comme se conjuguant avec l’auxiliaire être quand on veut insister sur le résultat (il avait cuit, il était cuit).
Dans le second cas, on n’a pas un verbe conjugué, on n’a pas d’auxiliaire, on a simplement le verbe d’état être et un attribut.
Comme il existe une conjugaison de trépasser avec l’auxiliaire avoir (il a trépassé = il trépassa), et un participe passé à valeur adjectivale (il est trépassé), vous pouvez utiliser ces deux formes selon la situation, mais sans croire dans le second cas qu’il s’agit d’une conjugaison.
La réponse peut s’arrêter là, et le verbe trépasser ne représente pas un cas particulier.
Votre question n’a d’intérêt que si elle porte sur l’existence d’une conjugaison active du verbe trépasser avec le verbe être. Est-ce le cas ? Trouve-t-on dans les livres des phrase du type « il est trépassé hier » ?
Globalement il n’y en a pas, l’utilisation du verbe être exprimant seulement un état :
— Le défunt, dès qu’il a trépassé, devient une chose importante et suspecte — Claudel
— Voici huit jours qu’a trépassé le vieux fermier — Émile Verhaeren
— son fiancé, qui était soldat en Algérie, avait trépassé le dimanche de Pâques — Anatole Le Braz
— Las ! le deuil est au réfectoire, Frère Panuce est trépassé. — Gabriel Vicaire
— Ceux qui étaient près de lui, croyant vraiment qu’il était trépassé, couvrirent sa face d’un drap blanc. — François-Victor Hugo
— Rien ne s’y oppose plus, maintenant que ce cocu de Forestier est trépassé. — Maupassant
Pour les trois derniers, on écrirait aussi bien : — Frère Panuce est guéri — croyant vraiment qu’il était guéri — maintenant que ce cocu de Forestier est guéri.
J’ai trouvé cependant cette phrase, inscription ancienne, avec une vraie action et l’auxiliaire être :
— Cy gist Pierre Biart, en son vivant maître sculpteur et architecte, lequel, âgé de 50 ans, est trépassé le dix-septième jour de septembre 1609.
Bref, on conjugue depuis bien longtemps l’action de trépasser avec l’auxiliaire avoir. La forme avec le verbe être introduit simplement un attribut.
Pourquoi tant de livres font-ils état de deux constructions concurrentes du passé composé pour ce verbe et quelques dizaines d’autres ? Par tradition certainement.
Pour ces livres, « il est divorcé » est une des deux conjugaisons possibles au passé composé du verbe divorcer. Mais le verbe guérir utilisé intransitivement ne figure pas dans ces listes (il a guéri, il est guéri). Le verbe croître y figurant, il faudrait donc considérer que « ce qui a crû est désormais crû ». Il ne faudrait pas dire « ce mot a maintenant disparu » mais « ce mot est maintenant disparu ».
Les verbes ressusciter ou apparaître ont bien les deux conjugaisons (il a ressuscité ; il est ressuscité le troisième jour), mais elles ne correspondent pas à une différence entre l’action et l’état résultant de l’action, contrairement à ce que disent les explications toutes faites des Larousse.
Les verbe descendre, tomber et d’autres sont encore utilisés parfois dans l’usage populaire avec l’auxiliaire avoir, mais la nuance n’est pas forcément l’explication caricaturale lue parfois (j’ai vite descendu dans le jardin et je suis maintenant descendu dans le jardin depuis une heure).
Pour le verbe passer, la différence de construction ne correspond généralement pas à une différence entre l’action et le résultat, et on ne dit pas « il a passé me voir hier ».
Ces listes, ces classifications, mélangent des choses différentes en voulant présenter une explication simple et unique et des règles. Il y a en fait peu de grammaire dans ces nuances. Les explications sur l’apparition et la différenciation des auxiliaires sont à chercher dans l’évolution de la langue, du latin au français actuel.
Rebref, les verbes décéder, mourir, naître, se conjuguent avec l’auxiliaire être, et le verbe trépasser se conjugue avec l’auxiliaire avoir. Quand on lit « il est trépassé », il ne s’agit pas d’une conjugaison au passé composé. La forme conjuguée demande l’auxiliaire avoir : il a trépassé joyeusement, il a trépassé sans souffrir ; il a trépassé hier.
CParlotte
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