Accord de proximité avec OU
Bonjour,
Cette phrase est-elle correcte ? :
« Vous ne proposez pas des tarifs ou des conditions claires. »
Pour moi, l’adjectif qualifie les deux noms… mais j’ai cru comprendre que cet accord était correct.
Si vous connaissez une ressource qui explique cette règle de l’accord de proximité avec OU, je suis preneuse.
Cordialement.
Bonjour,
Merci de votre réponse rapide.
Dans l’article, il n’y a que des exemples avec « et »…
L’accord de proximité s’applique-t-il exactement de la même manière avec toutes les conjonctions de coordination ?
Bonjour,
Merci de votre réponse rapide.
Dans l’article, il n’y a que des exemples avec « et ».
L’accord de proximité s’applique-t-il exactement de la même manière avec toutes les conjonctions de coordination ?
Votre question est un peu biaisée par la forme négative.
Le contraire de la phrase « vous proposez des tarifs et des conditions claires » est en effet « vous ne proposez ni tarifs ni conditions claires ».
Cela mis à part, l’accord de proximité est très ancien dans la langue française et se présente sous différentes formes : « Toutes les Françaises et les Français » en est un autre exemple.
Il ne faut donc pas faire de fixation sur l’accord au masculin dans un groupe de mots mixtes. C’est une convention d’écriture utile mais qui ne doit pas occulter les pratiques courantes qui privilégient souvent l’accord avec le nom le plus proche. Le sens de la phrase n’y perd en général rien, la conjonction de coordination (et, ou, ni) mettant ces noms « dans un même sac ».
Parfois la question de l’accord se pose parce qu’on ne sait pas de quoi on parle, et que cependant on décide de flanquer d’un adjectif une chose incertaine. Mais un adjectif qualificatif épithète ne qualifie pas un nom inconnu.
On ne peut ni penser ni écrire :
— J’ai reçu un tarif ou un contrat clair
— J’ai reçu un tarif ou des conditions claires
À ces phrases, on ne peut que répondre « il faudrait savoir, vous parlez d’un tarif clair, d’un contrat clair, ou de conditions claires ? »
Si c’est cela pour vous l’accord de proximité, alors considérez simplement qu’il n’existe pas.
Vous pensez cependant que votre phrase a un sens, parce que le « ou » s’inscrit dans une proposition négative, et qu’il signifie « et ».
On apprend en effet en logique que : non (A OU B) <=> (non A) ET (non B)
Et en disant [il ne propose pas (ceci ou cela)], vous estimez qu’on devrait comprendre [(il ne propose pas ceci) et (il ne propose pas cela)] ; [(il ne propose pas des tarifs clairs) et (il ne propose pas des conditions claires)]. Et on voit au passage que dans ce sens il faut répéter l’adjectif.
Vous utilisez un « ou » pour coordonner deux compléments afin de coordonner deux propositions en « et »… On comprend la logique, mais dans ce sens, en français, on utilise « ni » : [il ne propose ni ceci ni cela].
Ce que voulez dire, c’est sans doute que les tarifs et les conditions ne sont pas clairs ? Vous voyez bien alors que le sens est une addition. Vous pouvez donc l’écrire ainsi, et vous voyez qu’il n’y a qu’un sujet, que ce sujet est « les tarifs et les conditions », et qu’il est masculin pluriel, indépendamment de l’ordre des deux termes.
À la forme négative, on obtient :
— Ni les tarifs ni les conditions ne sont clairs.
En complément d’un verbe négatif, sous une apparence de coordination de noms, on coordonne en fait deux propositions, et on ne peut pas mettre l’adjectif en commun :
— Il ne propose ni des tarifs clairs ni des conditions claires.
Bref, votre phrase, même et surtout en tenant compte de votre commentaire « Pour moi, l’adjectif qualifie les deux noms », est mal construite, peut-être également mal pensée.
Le sens de votre phrase est une double négation, dans laquelle les adjectifs doivent certainement être répétés (il ne propose ni des tarifs clairs ni des conditions claires), et vous essayez de l’exprimer par une négation portant sur une réalité incertaine (des tarifs ou des conditions).
+1) L’accord de proximité avec « ou » est souvent utilisé (celui ou celle qui était restée… (Proust) ; une anarchie ou un désordre universel (Lamennais) ; exemples cités par le Grevisse). Mais l’inverse encore davantage (accord selon le premier des termes) d’après ce même Grevisse. Mais cela ne concerne de toute façon pas votre phrase.
+2) L’accord de proximité avec « et » n’est plus préconisé, mais il est simple et clair. Dans une grammaire scolaire de 1823, Charles-Constant Le Tellier préconise le très élégant :
— Il a apporté, dans l’examen de cette affaire, un discernement et une application étonnante.
On l’interprète facilement comme une ellipse du premier adjectif, et cela ne pose donc aucun problème syntaxique.
+3) La référence que vous a donnée joelle, illustrée par un les hommes et les femmes sont belles, en plus de ne pas répondre à votre question, est ridicule. Bien que signée d’un universitaire reconnu, c’est une simple chronique humoristique sur l’avenir de l’écriture inclusive, ne s’interrogeant nulle part sur la notion de sujet d’une proposition, dans un journal populaire généraliste belge. Ça fait peur de penser que quelqu’un puisse prendre cette chronique amusante pour l’exposé d’une règle.