être dégoûté de quelqu’un ?
Bonjour,
« elle semble être dégoûtée de son mari ».
Peut-on être dégoûté de quelqu’un ?
Merci.
L’emploi du verbe est pronominal : elle s’est dégoûtée de son mari :
Voir le TLF :
B.− Emploi pronominal Se dégoûter de qqc./qqn
La construction passive non pronominale pour exprimer un dégoût inspiré par des personnes est très courante dans la littérature : « Mais Clarisse était dégoûtée des hommes. » [Zola, Nana]. Le TLFi est cette fois bizarrement moins documenté que l’Académie française. L’emploi de la forme non pronominale rend compte d’une situation, d’un résultat alors que la forme pronominale introduirait l’idée d’un processus.
Elle est dégoûtée par son mari, par le comportement de son mari, etc.
Oui, c’est bien ce que je pense, mais la professeur de français de mon fils a écrit ça…
Bonsoir,
Au sens figuré, le dégoût (le contraire du goût) peut porter sur une personne (plutôt que sur un aliment au sens propre) et le verbe /dégoûter/ se construit de manière transitive.
Je reprends l’exemple du dictionnaire de l’Académie française : « Cet affairiste me dégoûte.« , ce qui donne à la voix passive « Je suis dégoûté par cet affairiste« , mais aussi possiblement « Je suis dégoûté de cet affairiste. » (car la voix passive peut souvent aussi se construire avec la préposition /de/.
C’est d’autant plus admissible que la construction /dégoûter de/ est la plus courante.
En conclusion, oui le dégoût peut porter sur une personne et oui la voix passive peut être construite avec la préposition /de/. La phrase « Elle semble être dégoûtée de son mari. » est donc parfaitement correcte, bien que la répétition de deux verbes d’état soit inutile. « Elle semble dégoûtée de son mari. » est suffisant pour exprimer la même idée.
Ce que vous dites m’inspire deux questions :
1) Comment peut-on faire la distinction entre voix passive (verbe d’état + participe passé + complément d’agent) et, dans la mesure où il existe, comme c’est le cas pour dégoûté, la syntaxe verbe d’état + adjectif attribut + complément de l’adjectif ?
2) La plupart des compléments d’agent introduits par « de » son suivis de noms de choses, ou, comme dans l’exemple « dégoûtée des hommes », de personnes indistinctes. Ne peut-on considérer que « de » introduit des « agents » très peu « actifs », même si l’on met la phrase à la voix active ? Par exemple, « cette allée est bordée d’arbres », « cette maison est entourée de champs », etc…
Dans « Il était aimé de cette femme », on peut aussi considérer qu’aimer est plus un état qu’une action.
L’exemple « Je suis dégoûté de cet affairiste » ne me paraît en tout cas pas un argument suffisant pour accréditer l’idée qu’on peut écrire « elle semble être dégoûtée de son mari » comme voix passive de « son mari la dégoûte » ou « son mari semble la dégoûter » – ce qui n’est pas n’a pas non plus le même sens -… d’où, en partie d’ailleurs, ma première question… J’aurais ici aussi attendu la préposition « par » et non la préposition « de ».
Quant aux exemples issus de la littérature, ils me laissent bien souvent sceptique, d’une part parce que les auteurs ne sont pas des grammairiens ou des linguistes, d’autre part parce qu’ils ont la liberté d’écrire ce qu’ils veulent, ce qui ne fait pas « jurisprudence »…
Merci pour votre réponse.