Oh mon Dieu, si tu savais comme je t’aimais!
Dans la phrase « Oh mon Dieu, si tu savais comme je t’aimais! », le verbe « aimais » est à l’imparfait mais décrit il une action passée ou présent?
Pourquoi douter ?
« Oh, mon Dieu, si tu savais comme je t’aimais ! », « Oh, mon Dieu, si tu avais su comme je t’aimais ! »(à l’époque dont on a parlé avant)
« Oh, mon Dieu, si tu savais comme je t’aime ! » (aujourd’hui).
La réponse à votre question ne vient qu’à la fin, après une longue introduction. Vous pouvez aller directement au point 4.
1. Je pense que vous demandez si le second imparfait de la phrase n’est pas dû à une simple concordance des temps.
Le premier imparfait marque certainement une hypothèse dans le présent (si j’étais riche aujourd’hui…). Mais quand à l’intérieur de la proposition exprimant l’hypothèse se trouve un second verbe, ce verbe se met-il à l’imparfait comme le premier, emporté par l’élan et la concordance des temps, ou au présent, car on parle du présent et que l’hypothèse n’est marquée que par le mode du verbe principal de la proposition ? Dit-on : si tu pensais que je suis riche, ou : si tu pensais que j’étais riche ? Si on admet la validité de cette dernière formulation, alors on a bien un imparfait situé dans le présent.
2. Sur ce site, la majorité des contributeurs affirment qu’il est normal de poursuivre par une subordonnée à l’imparfait une hypothèse entamée à l’imparfait, même pour parler du présent : si tu pensais que je t’aimais… si tu croyais que j’étais mort… si tu ignorais que j’étais riche… Il développent même en proposant d’utiliser un temps composé si on veut parler du passé à l’intérieur d’une hypothèse : si tu savais comme j’ai été riche…
Mais cette utilisation d’un second imparfait serait en réalité une concordance des temps artificielle, généralement fautive, bien que courante.
L’entraîneur de foot dit : Si je pensais que j’avais perdu le vestiaire…
Le maire de Cannes dit : Si je pensais que le déclin est inexorable…
C’est probablement en lisant de telles recommandations que vous avez conclu que l’imparfait pouvait situer un fait dans le présent, et c’est un peu vrai dans l’usage populaire.
On pourrait aussi nuancer, et dire que l’imparfait dans la subordonnée fait partie de l’hypothèse (si j’étais mort + si tu le savais = si tu savais que j’étais mort) et que l’indicatif n’en fait pas partie (je t’aime + si tu le savais = si tu savais que je t’aime). Mais cette nuance n’est pas pratiquée rigoureusement. Il est également clair que l’usage dépend souvent du verbe introducteur.
3. Pour poursuivre l’hypothèse, formellement, une bonne pratique serait généralement d’utiliser le subjonctif :
— si je pensais que vous ne puissiez pas venir, je ne le demanderais pas
L’indicatif présent ou futur est toujours correct quand il ne heurte pas le sens :
— si je pensais que vous ne pouvez/pourrez pas venir, je ne le demanderais pas
Conserver l’imparfait modal pour poursuivre l’hypothèse est une pratique courante, la plus conseillée sur ce site, mais non validée :
— si je pensais que vous ne pouviez pas venir, je ne le demanderais pas
4. Le morceau de phrase « comme je l’aimais » n’est pas une subordonnée complétive, et n’a jamais à se soumettre à une règle de concordance des temps qui pourrait faire passer un conditionnel pour un futur dans le passé, un imparfait pour un présent hypothétique, un présent pour une simultanéité dans le futur, ou toutes ces sortes de choses. C’est un syntagme à valeur adverbiale, composé d’un adverbe et de son complément. Il ne se soumet à aucune concordance des temps automatique.
Simplement, quand on parle du passé, on utilise le passé :
— Elle savait à quel point je l’aimais
Et quand on parle du présent, on utilise le présent :
— Elle sait à quel point je l’aime
Dans tous les cas, il faut garder confiance, car elle reviendra peut-être. Et si vous devenez docteur en grammaire et que vous passez à la télé, elle reviendra certainement.