Jean-Paul Sartre, L’Âge de raison

Bonjour,
Je cite Sartre à nouveau : « Je ne peux pas supporter l’idée qu’il me croit morte ».  Spontanément, j’aurais mis le verbe croire au subjonctif. Les deux modes sont-ils acceptables, et y-a-t’il une différence dans le sens selon l’emploi de l’un ou de l’autre ? Merci d’avance de vos retour, Karine

karine Aubry Érudit Demandé le 24 novembre 2023 dans Accords

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

4 réponse(s)
 

Je suis du même avis que vous, le subjonctif s’impose.
Vous ne diriez pas « je ne peux pas supporter l’idée qu’il me dit  morte », n’est-ce pas ?
D’ailleurs, cela m’étonne beaucoup de Sartre… Avez-vous vérifié dans le texte original ?

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 24 novembre 2023

Je ne peux pas supporter que ce vote « soit » négatif.
Je corrige donc et ajoute être de votre avis. Le subjonctif s’impose.

le 24 novembre 2023.

Ah merci Ouatitm, je reconnais bien là votre grand cœur, et ça me fait du bien que vous soyez de mon avis ! 

le 27 novembre 2023.

 Les deux sont possibles.
– avec l’indicatif le fait est posé comme une réalité : il la croit morte. Le premier fait vient dire la réaction face à cette réalité.
– avec le subjonctif le fait de croire pourrait être hypothétique.

Tara Grand maître Répondu le 24 novembre 2023

Merci pour toute ces réponses.
Je supporte l’idée qu’il est possible de mettre de l’indicatif après cet éclairage des plus convaincant.
Amicalement,
Karine

karine Aubry Érudit Répondu le 11 février 2024

On peut choisir un mode selon la signification du mot « idée » :
a) la certitude qu’il me croit morte et qu’il est triste
b) l’éventualité qu’il me croie morte et qu’il soit triste

Le verbe « ne pas supporter » peut avoir deux sens qui y sont associés :
a) souffrir à cette idée
b) craindre, refuser cette idée

Il y a donc deux interprétations distinctes :
a) Je souffre de cette certitude :
— Il croit que je suis morte. Il en souffre. Et moi je souffre de savoir qu’il souffre. Je sais qu’il croit que je suis morte et je se souffre à cette idée. Je souffre de savoir qu’il me croit morte. Je souffre à l’idée qu’il me croit morte. Je ne supporte pas l’idée qu’il me croit morte.
b) Je crains cette éventualité :
— Sans nouvelles de moi, il risque de croire que je suis morte et d’en souffrir. Je ne veux pas qu’il me croie morte. Je n’accepte pas qu’il me croie morte. Je ne supporte pas l’idée qu’il me croie morte.

Si vous étiez l’auteur, nous devrions vous interroger pour connaître le contexte et votre intention afin de vous conseiller d’utiliser l’indicatif ou le subjonctif. Mais le lecteur doit avoir la démarche inverse, et déduire l’intention à partir de la syntaxe. Puisque Sartre utilise l’indicatif, c’est qu’il se situe dans le cas (a). Vous n’avez pas à lui faire dire autre chose que ce qu’il dit. Peut-être que vous préférez le mode de l’éventualité après « je ne supporte pas », ou le mode du concept après « l’idée que », mais il faut accepter que Sartre utilise ici l’indicatif, et en comprendre deux choses : d’une part, quelqu’un croit effectivement que je suis morte ; d’autre part, je ne refuse pas cette idée mais j’en souffre simplement.

CParlotte Grand maître Répondu le 25 novembre 2023

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.