L’air
Bonjour, dans la phrase suivante : « Ils étaient penchés sur elle, l’air très inquiet », ai-je raison de penser qu’il faut accord « inquiet » au pluriel ? Pour moi on a une ellipse de l’expression « avoir l’air » qui s’accorderait volontiers, mais je doute de moi. Merci d’avance !
Je vous suis, sauf que dans ce cas, « l’air inquiet » se rapporte à « ils » (c’est en tout cas le sentiment que l’auteur veut faire passer).
Devrais-je alors accorder ?
Alors comme il est dit dans mon premier message.
– soit on considère que « inquiet » se rapporte à « ils : Ils étaient penchés sur elle, l’air très inquiets
– soit on considère que l’adjectif qualifie « air » : Ils étaient penchés sur elle, l’air très inquiet
Vous choisissez.
Bonjour,
Si « air inquiet » qualifie le sujet « ils », il est est alors attribut et vous accordez.
« Ils étaient penchés sur elle, l’air très inquiets »
Ceci évitera d’ailleurs le doute chez le lecteur.
Avec « avoir l’air », on sait bien que l’adjectif qui suit s’appliquait jadis formellement à « l’air », mais que tout le monde s’accorde maintenant à voir dans l’adjectif un attribut du sujet à chaque fois que « avoir l’air » est utilisé pour dire « sembler ». Le sens prime (en particulier avec les adjectifs). Même sans « avoir », ce raisonnement reste valable dans son principe, il faut juste trouver une fonction grammaticale à « l’air » (on parlera probablement de sens adverbial).
La question est de savoir si les parents penchés sur le berceau ont l’air inquiets (je crois qu’ils sont inquiets, ils semblent inquiets, réflexion banale), ou si tout dans leur attitude dénote l’inquiétude (ils ont l’air inquiet / ils ont un air inquiet). En effet, surtout dans la construction sans « avoir », l’adjectif n’est pas toujours un attribut du sujet (ils se tenaient là, l’air compassé…).
Et donc les deux accords sont possibles.
Pour ma part c’est le « très » qui justifie l’accord. Comme vous l’écrivez justement le sens prime, et si leur attitude peut démontrer l’inquiétude, elle peut difficilement justifier une « très inquiétude ».
Cela dit, ce n’est que ma lecture.
Avoir l’air
– peut être expression figée avec pour sens : « sembler ». Auquel cas, l’accord de l’adjectif qui suit se fait avec le sujet, en tant qu’attribut
Elle a l’air inquiète
– mais on peut ne pas avoir affaire à l’expression et comprendre « air » comme « mine » « expression » allure. En ce cas, l’accord se fait avec « air ».
Elle a l’air inquiet.
Dans votre phrase, on ne peut pas se passer de faire apparaître « avoir » dans une relative : Ils étaient penchés sur elle qui avait l’air inquiète/inquiet – l’élision de « avoir » donne une structure incorrecte car alors le GN « l’air très inquiet », serait apposé à « ils » et pas à « elle ».
Ce qui fait qu’on retombe sur le cas ci-dessus