RE: Un Dieu ou un dieu
Bonjour,
Dans la phrase « Y avait-il un Dieu qui tirait les ficelles? » faut-il mettre une majuscule à Dieu? Personnellement, je pencherais pour la majuscule, car il est bien question ici d’un Dieu unique, mais l’adjectif numéral « un » placé devant donne un aspect plus familier au mot, et m’induit donc dans le doute.
Premier point sur lequel je suis complètement d’accord concerne l’orthographe proprement dite, en effet, l’art de l’écriture consiste justement à ne pas faire de fautes. L’auteur n’est donc nullement roi, au contraire, il est tenu plus que quiconque de soigner son texte, et c’est précisément ce que je m’efforce de faire…
Mais bref, pour en revenir à notre « mouton », j’aimerais apporter une précision qui donnerait peut-être plus de clarté à ma phrase. Elle est issue d’une réplique du héros, qui jusqu’alors se disait athée et qui commence à se rendre compte qu’un « Dieu » tire bel et bien les ficelles. Ce n’est pourtant pas encore une certitude pour lui, ce ne sont que des présomptions basées sur certaines expériences qu’il vient de faire. Alors pourquoi « un Dieu » et non pas « Dieu » tout court, avez-vous plusieurs fois suggéré, eh bien parce que ce héros se pose en fait plusieurs questions, celle de savoir si Dieu existe et celle de savoir s’il tire les ficelles. Le tout est placé dans le contexte d’un roman « plus ou moins » paranormal où le héros discute tranquillement dans son rêve avec un esprit de l’au-delà. Merci à vous « CParlote » d’avoir si bien décortiqué le sujet, ce qui me redonne l’espoir de pouvoir mettre une majuscule sans faire de faute, mais également merci à « marcel1 » d’avoir avancé des arguments tout à fait pertinents, mais qui, malheureusement, refont pencher la balance de l’autre côté, et me donnent envie de laisser la minuscule. Quant à vous « Cathy Lévy », merci également de vous pencher sur le problème : « Y avait-il un Dieu qui tirait les ficelles » est une autre façon pour mon héros de dire « Dieu existe-t-il » (et je précise également que la phrase fait l’objet d’un dialogue et non d’une réflexion intérieure, si toutefois la qualité orale de la phrase peut faire une différence). Il dit « Dieu » parce qu’il est issu d’une culture où les gens croient (ou ne croient pas) en Dieu, mais s’il avait vécu en Inde, il aurait pu dire « Y avait-il un Shiva qui tirait les ficelles ». Le fait que ce soit une réplique dans un dialogue justifie quelque peu la façon plutôt familière de parler. Les règles de l’écriture sont plus strictes que celle du langage. Le héros est un cartésien qui ne croit en principe que ce qu’il voit, mais dans son rêve, ou plutôt ses rêves répétitifs, ses convictions sont mises à l’épreuve, non tant par ce qu’il voit, car en fait il ne voit rien de spécial, mais plus de par la personne, ou plutôt l’entité, qui lui tient ce langage. Il en arrive à se poser la question : Ah ! ben ça alors ! y aurait-il en fin de compte réellement un Dieu qui règne sur l’univers ? Et pour lui dans cette remarque, il ne peut être question que du Dieu de la religion catholique. J’ai beaucoup aimé votre façon de débattre « CParlote », elle apporte une plus grande liberté de voir les choses et me laisse personnellement entrevoir une petite lueur au bout de mon tunnel. En fin de compte, la question est de savoir si en laissant la majuscule je fais une faute d’orthographe, et honnêtement, j’aimerais bien la laisser pour qu’il n’y ait pas d’équivoque possible, c’est bien de Dieu le père dont il est question. D’un autre côté, je ne voudrais pas qu’une faute se glisse dans mon texte, (en osant espérer que ce soit la seule…)
L’argument de CParlotte en faveur de article indéfini + majuscule ne tient pas en l’espèce. En effet, le nom propre précédé d’un article indéfini pour désigner une caractéristique n’est possible qu’à condition qu’il s’agisse d’une caractéristique non pas essentielle, mais accidentelle, comme c’est le cas dans trois des exemples donnés par CParlotte : un Saint-Étienne prospère… nous avons vu ce soir un Macron en forme… un Richelieu affaibli.
Saint-Étienne n’est pas par essence prospère, ni Macron en forme, pas plus que Richelieu affaibli, ce qui autorise cet emploi de l’article indéfini, c’est qu’il permet d’extraire une caractéristique de l’ensemble de toutes les caractéristiques que peuvent potentiellement prendre de façon non permanente ces X.
Ainsi a contrario, on ne pourra pas dire c’est un Macron français, un Richelieu petit, un Saint-Étienne ligérien, qui sont autant de caractéristiques permanentes (ou très stables et difficilement modifiables – cf. la nationalité qui peut se changer, mais dans des conditions contraintes) ; or Si Dieu tire les ficelles, ce n’est pas à mon sens une caractéristique accidentelle, mais bien quelque chose d’essentiel, d’ailleurs je ne suis pas théologien, mais j’imagine que tout ce qui caractérise Dieu est essentiel, je doute que Dieu soit du genre versatile.
Ce que vous nous donnez du contexte, me laisse penser que vous ne pouvez conserver la formulation avec il y a (qui oblige en effet à mettre un article indéfini – dans le cas présent), et devez trouver une autre formulation. Éventuellement celle que j’ai déjà donnée (Dieu existe(rait)-t-il et tire(rait)-t-il les ficelles ?).