Interjections oh, ho et ô
Bonjour,
J’ai récemment souhaité écrire, au sein d’une phrase, l’aparté suivant, ce entre parenthèses : (ô combien je vous comprends).
Je m’en suis abstenue (j’ai lâchement bifurqué 😉 ) car j’ai eu un doute sur l’interjection à employer.
Ô, oh ou encore ho.
En effet, même si je m’apprêtais à écrire spontanément ô combien, sur l’instant cela m’a semblé tellement « désuet » que je me suis demandée si cette dernière interjection était encore appropriée.
J’ai donc fait des recherches pour en savoir plus.
A priori, celles-ci indiquent que l’on peut, (sur la formulation précise citée) faire indifféremment le choix entre ô et oh.
L’Académie française indique notamment : Une fois n’est pas coutume, nous ne déconseillerons aucune de ces formes, car l’usage les accepte toutes deux.
(l’expression une fois n’est pas coutume est là parfaitement employée 😉 )
Avez-vous toutefois des cheminements qui vous pousseraient plutôt à utiliser, comme moi, l’interjection ô plus que l’interjection oh ?
(Cette dernière me paraissant moins adaptée. Avis personnel)
Merci pour vos retours
Ô combien je vous comprends. Je vois dans ô une emphase qu’il n’y a pas dans oh. Il me semble que le son voyelle est long et est suivi d’un silence à l’oral
Oh combien je vous comprends ! Je n’y vois qu’une exclamation qui évidemment sert à exprimer l’intensité de la sympathie, mais avec peut-être moins de lyrisme, moins d’intériorisation.
Bonjour Tara,
J’ai le même sentiment que le vôtre et je ne l’aurais pas mieux exprimé.
Dans le cas de ô, j’entends également un son de voyelle plus appuyé, plus traînant.
Au-delà de l’emphase, cette accentuation, cette longueur de temps misé sur le ô, me fait ressentir, en premier lieu, le sentiment (intense) d’empathie
Ôôô combien (bien tristement, bien sincèrement, hélas, avec réelle empathie 😉 ) je vous comprends (énormément)
Oh combien je vous comprends ! m’exprime comme vous plus particulièrement une exclamation ! Alors de fait, elle est également liée au sujet auquel le protagoniste fait référence, cependant, l’emploi de oh m’inspire avant toute chose l’annonce d’un accord avec le sujet traité… pas une empathie à proprement parler.
Par ailleurs, même si le cas de figure diffère un peu, je vois parfois dans « Ô (ôô..) combien » une notion de quantité que je ne perçois pas identiquement avec « oh combien ».
Exemple cité par l’Académie française : « Ô combien j’ai pleuré de fois de n’être pas née laide… » (La religieuse de Diderot)
Même en retirant le complément de fois, l’interjection ô m’inspire à elle seule une insistance (empathique 😉 ) sur la quantité de fois où elle a pu pleurer sur ce sujet.
Si la phrase avait été oh combien j’ai pleuré de ne pas être laide, j’aurais ressenti en premier lieu : oh comme j’ai pu pleurer, oh comme ce sujet a pu me faire pleurer !
Je reconnais que c’est fort subtil (voire totalement inutile) et que ce n’est que mon interprétation qui n’a rien de fondée… mais bon 😉
Merci d’avoir développé ce sujet de ressenti de nuances Tara
Plutôt que de quantité, j’aurais parlé d’intensité.
« Oh » me semble plus superficiel et comme vous je sens de l’empathie dans ce « ô » et la raison en est sûrement (peut-être) qu’il s’agit d’un vocatif.
Le « oh » n’est, après tout, qu’interjection :
Oh ! que tu es vilain.
Oh ! je n’y aurais pas pensé.
Oh ! excusez moi, j’ai renversé votre verre.
Oh! zut alors.
Etc.
Oui… Intensité plus que quantité, c’est exact 🙂
Cocojade
À toutes fins utiles, pour ceux qui aimeraient en savoir plus sur ce sujet, je résume et recopie ci-dessous les références les plus simples et directes.
(sachant qu’il existe plus de subtilités savamment détaillées)
1-Oh est utilisé pour interpeller et pour exprimer des émotions telles que la surprise, l’indignation, l’admiration. On l’emploie en outre pour renforcer le ou les mots qui la suivent.
2- Ho est employé pour interpeller ou encore, plus rarement, pour exprimer la surprise, l’indignation. Notons également son usage singulier pour transcrire le rire, notamment celui du père Noël (Ho ! Ho ! Ho !).
3-Ô, appelé parfois ô vocatif, s’emploie dans des contextes littéraires ou emphatiques, sauf dans l’emploi à valeur ironique ô combien. Seule cette interjection sert à introduire des invocations, en plus de servir à interpeller ou à exprimer poétiquement un sentiment intense.
Lien ici pour des exemples
NB. Seules les interjections oh et ho se doivent d’être obligatoirement suivies immédiatement d’un point d’exclamation.
En effet, il ne faut au contraire pas de point d’exclamation juste après l’interjection ô.
(Je ne le savais pas, aussi je l’indique à ceux qui, comme moi, auraient pu l’ignorer 😉 )