Article partitif et préposition « de »
• Extrait de la grammaire scolaire Bescherelle L’Essentiel, d’Adeline Lesot (Hatier, 2013) :
« Les articles partitifs se changent en de (ou d’) :
— à la forme négative devant un nom COD : Je veux encore des petits pois. –> Je ne veux plus de petits pois.
— après les adverbes de quantité qui se construisent avec de : beaucoup, trop, peu, assez, moins, plus, combien, guère… Beaucoup de bruit pour rien ; J’ai moins d’argent que toi. »
• Extrait de la grammaire scolaire de Jean Dubois et René Lagane (Larousse/Bordas, 1995) :
« La préposition de est employée seule, au lieu de l’article partitif ou indéfini :
— après un adverbe de quantité (trop, peu, beaucoup, etc) : J’ai peu de temps devant moi ; J’ai trop de travail.
— sauf dans l’expression bien des… : Bien des gens disent… (« des » est ici article partitif)
— après un verbe de forme négative : Elle ne boit pas de lait.
— devant un nom pluriel précédé d’un adjectif : Elle nous a servi de beaux fruits. »
• Extrait de la grammaire universitaire Grammaire du français classique et moderne de Wagner et Pinchon (Hachette, 1976) :
« Après les mots (verbes, nominaux) impliquant qu’on prélève certaine quantité d’une matière ou d’un objet quelconque, la préposition de prend une nuance partitive.
[Suivent plusieurs exemples que je ne recopie pas ici]
Ces exemples montrent :
— que du, de la, des, sont à mettre sur le même plan que de mon, de ma, de mes, ou de ce, de cette, de ces. Le terme de partitif correspond à une valeur de sens de la préposition de, mais non à une forme particulière de l’article.
— que de est toujours à considérer comme une préposition dans les cas où l’on note l’alternance de/du, de la (je n’ai pas de pain / j’ai du pain), ou l’alternance de/de mon, de ce (je ne mange pas de pain / je ne mange pas de ce pain). Il s’agit dans ces cas d’une opposition déterminant / absence de déterminant. Le substantif employé avec déterminant correspond à la notion actualisée, le substantif seul évoque le concept. »
Je comprends ce que dit la première grammaire. Je ne comprends pas très bien ce que dit la deuxième grammaire. Et je ne comprends que très vaguement ce que dit la troisième grammaire (et je ne comprends rien au dernier paragraphe).
Difficile de tout mettre à plat…
La question de l’article est vraiment complexe. Les grammaires ne sont pas toujours très claires et leur analyse est rarement assez poussée à ce sujet. Les études linguistiques qui le traitent le montrent bien.
L’une dit que les partitifs se changent en « de »… l’autre, que la préposition est employée seule, la troisième que la préposition « de » prend un sens partitif…
Dans la pratique du français, la particule de pose le problème de son identification entre l’article partitif
et la préposition. En effet, c’est le problème de l’article lui-même car linguistes et grammairiens divergent
dans leur traitement de ses formes. Certains considèrent la forme des comme le pluriel de l’article partitif,
tandis que d’autres (Charaudeau 1992, Riegel, et alii 1994) la comptent parmi les formes de l’article
indéfini. D’autres encore (Grevisse 1986) présentent la forme des comme une forme commune à
l’indéfini et à l’article partitif – Analyse morphosyntaxique de l’article partitif pluriel
Je comprends que nous soyons un peu perdus…
Je retiendrai cette analyse qui me semble faire l’équilibre entre justesse et clarté : Extrait de la grammaire scolaire de Jean Dubois et René Lagane (Larousse/Bordas, 1995) :
J’ai essayé d’éclairer un peu votre lanterne en développant en italiques, les exemples.
« La préposition de est employée seule, au lieu de l’article partitif ou indéfini :
— après un adverbe de quantité (trop, peu, beaucoup, etc) : J’ai peu de temps devant moi ; J’ai trop de travail
>> j’ai du = de le temps/j’ai peu de temps – au féminin : j’ai de la fièvre / j’ai peu de fièvre –
>> j’ai du = de le travail /j’ai trop de travail- au féminin : j’ai de la tristesse/ j’ai trop de tristesse
— sauf dans l’expression bien des… : Bien des gens disent… (« des » est ici article partitif)
— après un verbe de forme négative : Elle ne boit pas de lait.
>> elle boit du = de le lait/elle ne boit pas de lait – au féminin : elle boit de l’eau / elle ne boit pas d’eau
— devant un nom pluriel précédé d’un adjectif : Elle nous a servi de beaux fruits.
>> elle nous a servi des = de les fruits /des fraises/ elle nous a servi de beaux fruits/de belles fraises
—-
Entendu, merci.
Compliqué…
À moins d’être soi-même grammairien et/ou linguiste, il semble effectivement raisonnable de retenir et probablement de s’en tenir à l’analyse que vous indiquez.
Oui, c’est cela.