Comment analyser cette phrase : «J’étais navigation, navigation avant tout, brillant d’un feu pur et blanc, répondant à mille cascades, à fosses écumantes et à ravinements virevoltants, qui me pliaient et me plissaient au passage. » (Michaux)
Bonjour,
En lisant ma grammaire, je suis tombé nez à nez avec la phrase reprise en objet : «J’étais navigation, navigation avant tout, brillant d’un feu pur et blanc, répondant à mille cascades, à fosses écumantes et à ravinements virevoltants, qui me pliaient et me plissaient au passage. » (Michaux). Le nez dans le guidon, les adjectifs verbales de cette phrase dramatiquement complexe m’ont semblé être des participes présent. Illusion. Pourtant, certains ont suffisamment du nez pour comprendre qu’un participe présent peut aussi être un adjectif qualificatif. Malheureusement, je n’ai pas ce nez. Il est insuffisant. Peut-être le deviendra-t-il un jour grâce à Voltaire. Cela est mon espérance. En attendant, et, le nez en l’air, par manque d’imagination peut-être ou tout simplement dans le rêve, je pensais que les formes du participe présent et de l’adjectif verbal étaient identiques… ce n’est pas le cas. Á vue de nez, le problème posé me semble pourtant aisé à résoudre. Mais, pour la cause universelle, pour l’amélioration de mon raisonnement grammatical, serait-il tout de même possible de préciser les différences entre l’adjectif verbal et le participe présent (notamment lorsque celui-ci devient adjectif qualificatif) ? Ce qui serait aussi vraiment amène, vu la beauté de cette phrase, donc la longueur m’interdit une compréhension parfaite de la structure utilisée par l’auteur, un sens profond qui me semble profondément mystique, une analyse grammaticale exhaustive de cette belle citation rédigée par Michaux. Quatre-vingts mercis ou Quatre-vingt mille mercis, c’est selon.
Belle journée 🙂
Pour faire simple :
vous voudriez connaître la différence entre participe présent et adjectif verbal
vous aimeriez qu’on analyse cette phrase. Analyse grammaticale ? logique ?
et pendant que nous y sommes, voir aussi la différence entre adjectif qualificatif et adjectif verbal ?
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– le participe présent et l’adjectif verbal sont parfois homophones et parfois homographes
Le participe présent est un verbe qui peut avoir des compléments. En tant que tel, il peut être aussi le noyau d’une proposition et bien sûr il ne s’accorde pas avec quelque nom que ce soit.
Nous faisons des travaux exigeant de la minutie.
S‘inquiétant de ne pas le voir rentrer il n’osait rien entreprendre
J’étais navigation, navigation avant tout, brillant d’un feu pur et blanc // répondant à mille cascades, à fosses écumantes et à ravinements virevoltants,
L’adjectif verbal est formé sur le verbe et s’apparente à l’adjectif qualificatif. Il se rapporte à un nom qu’il qualifie et s’accorde avec lui
fosses écumantes – ravinements virevoltants
Ce sont des personnes charmantes/agréables
>> certains adjectifs verbaux ont une orthographe différente du participe présent :
Cet enfant est fatigant – l’enfant, fatiguant ses parents avec toutes ses questions, fut mis au lit très tôt.
Ces chemins sont convergents – convergeant pour finalement se fondre, les deux rivières…..
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Analyse logique de la phrase :
J’étais navigation, navigation avant tout, brillant d’un feu pur et blanc, répondant à mille cascades, à fosses écumantes et à ravinements virevoltants, qui me pliaient et me plissaient au passage.
J’étais navigation, navigation avant tout : proposition principale
brillant d’un feu pur et blanc : proposition participiale subordonnée à la principale (complément circonstanciel de manière)
répondant à mille cascades, à fosses écumantes et à ravinements virevoltants : proposition participiale subordonnée à la principale juxtaposée à la précédente CC de manière
qui me pliaient : proposition subordonnée relative complément des noms »fosses » et « ravinements »
et me plissaient au passage : proposition subordonnée relative complément des noms »fosses » et « ravinements » coordonnée à la précédente par « et ».
Ce qui est intéressant de remarquer dans cette phrase, c’est que, si le poète utilise le lexique de façon originale et surprenante , il ne touche pas à la syntaxe sinon, son texte n’aurait aucun sens.
Ah oui ! Tout de même… Maintenant, je comprends mieux la phrase. Une explication très claire à relire de temps à autre. Bonne journée.