Trait d’union ?
Bonjour,
faut-il mettre des traits d’union dans les cas suivants :
– une pause(-)tendresse
– un poulet(-)frites
– un jambon(-)beurre?
Merci.
Bonjour,
pour ma part, le trait d’union n’a aucun rapport avec le figement ou non de l’expression.
C’est uniquement le signe d’une lexicalisation, c’est à dire que le concept décrit par le mot ainsi composé possède un sens différent de chacun des termes qui le compose :
Un jambon-beurre, ce n’est pas du jambon et du beurre, c’est un sandwich. Aucun des deux termes ne précise l’autre.
idem pour le poulet-frites, c’est un plat, pas une façon d’accommoder le poulet, ni une façon de servir les frites comme peut l’être un poulet Marengo ou une sauce aurore.
En revanche, tendresse caractérise, précise, la pause, je ne mettrais pas de trait d’union.
Euh, ben, c’est-à-dire que figement et lexicalisation ont quand même beaucoup à voir (plus le degré de figement est élevé, plus il y a lexicalisation). Le phénomène que vous évoquez (je vous cite : c’est à dire que le concept décrit par le mot ainsi composé possède un sens différent de chacun des termes qui le compose) est celui de l’opacité sémantique (ou de la non-compositionnalité).
Pour le reste, comme l’indique la BDL, on ne peut pas déduire la présence ou l’absence du trait d’union de la relation qui unit les deux termes. Voici, extrait de cet article, qui va dans le même sens : mais le trait d’union devant l’unité en position épithète ne sera pas examiné en raison de l’instabilité de l’usage de ce signe, y compris dans les dictionnaires.
Par ailleurs, je ne vous rejoins pas dans votre analyse de pause tendresse. Je ne vois dans ces trois groupes que des apports de complémentation, le premier étant un peu atypique :
jambon(-)beurre : ces deux substantifs viennent en apport de complémentation d’un troisième qui est ellipsé >>> un sandwich composé de jambon et de beurre.
poulet(-)frites : apport de complémentation également, mais de façon plus typique, puisque le support n’est pas ellipsé >>> du poulet qui est servi avec des frites.
pause(-)tendresse : là encore, apport de complémentation, puisque il ne s’agit pas d’une pause qui serait comme une tendresse, mais d’>>> une pause à l’occasion de laquelle on donne / reçoit de la tendresse.
Il s’agit d’une série de syntagmes composés de deux substantifs, en l’espèce l’usage du trait d’union est flottant, voici un extrait du site de la BDL :
L’usage du trait d’union entre le nom complément et le nom qu’il complète (peu importe leurs rapports sémantique et syntaxique) est aussi source d’hésitation. Il faut savoir que le trait d’union est généralement le signe d’une lexicalisation : une expression lexicalisée est un groupe de mots considéré comme une seule unité, comme un mot composé. L’acceptation de tels mots se faisant graduellement, l’emploi du trait d’union est donc lié au degré de figement de l’expression.