Ponctuation avec soit
Bonjour,
Je souhaite savoir s’il est possible de séparer deux propositions introduites par « soit » par un point lorsque les propositions sont longues.
« Soit, il a très bien planqué ce qui pourrait le desservir, et comme il semblerait qu’il y ait un peu de passage chez lui, c’est une éventualité. Soit, je me suis complètement planté et accusé à tort. »
Je n’ai trouvé cette information nulle part et souhaite savoir si cette utilisation est fautive.
Merci d’avance
Si on respecte la règle, l’alternative ne peut pas porter sur des propositions. Auquel cas, il est évident qu’on ne peut pas séparer les deux membres de l’alternative par un point :
Il est soit stupide. Soit tête en l’air.
Donnez-moi soit un livre. Soit un disque.
Etc.
À partir du moment où on s’affranchit de cette règle (ce que fait l’usage, et d’ailleurs c‘est précisément le cas de votre exemple), et que l’on fait porter l’alternative sur des propositions, il me semble que l’introduction d’un point peut devenir possible (particulièrement quand les deux branches de l’alternative sont éloignées). On en trouve un exemple dans Grevisse : Soit on est dans la contre-société homosexuelle officielle, organisée… Soit on est marié, c’est-à-dire dans le filet matriarcal resserré (SOLLERS, Femmes, p.188)
Mieux, dans le cas où l’alternative porte sur des propositions, il faudrait employer ou (bien) … ou (bien), et là on voit que la deuxième branche de l’alternative peut en effet être séparée de la première par un point (extrait du Tlfi) :
13. Voulez-vous que je vous dise ? cria Grange. Ou c’est un brave homme; et il se laisserait rouler. Ou c’est une canaille; et il nous roulerait de mèche avec les autres. Pourrat, Gaspard,1925, p.32.
Et donc : Voulez-vous que je vous dise ? cria Grange. Soit c’est un brave homme; et il se laisserait rouler. Soit c’est une canaille; et il nous roulerait de mèche avec les autres.
Autre exemple (source) :
Et donc : Soit en effet, si l’on croit que rien ne peut empêcher […]. Soit, tenant compte de ce péril , il y a lieu de prendre un certain […]
Effectivement Marcel (
c’est moi qui met en gras) :
Dupré fustigeait déjà cet emploi de soit… soit… dans son Encyclopédie du bon français, en 1972. Il y voyait « un tic de style » à la mode chez certains philosophes et soutenait que soit gardait encore trop de sa valeur verbale pour introduire un verbe. On peut faire fi de ce genre de raison grammaticale, puisque la logique est souvent érodée par l’usage. Il reste que, deux décennies plus tard, Goosse considère toujours la tournure comme une anomalie, Hanse est catégoriquement contre, René Lagane dans les Difficultés grammaticales publié chez Larousse-Bordas juge qu’elle est à éviter dans « l’usage surveillé », et elle ne figure toujours pas dans les dictionnaires. Il est possible qu’elle languisse encore longtemps à la périphérie du bon usage. –
Bonjour,
Soit…soit… présente une alternative. Je ne séparerais en aucun cas les deux termes qui la composent par un point.
De même je ne mettrais pas de virgule après chaque soit.
« Soit il a très bien planqué ce qui pourrait le desservir, et comme il semblerait qu’il y ait un peu de passage chez lui c’est une éventualité, soit je me suis complètement planté et l’ai accusé à tort. »
D’accord avec Ouatitm.
Cependant, comme vous sentez (à juste titre, qu’il y a longueur entre les deux éléments de l’alternative je ferais une incise :
Soit il a très bien planqué ce qui pourrait le desservir -et comme il semblerait qu’il y ait un peu de passage chez lui, c’est une éventualité- soit je me suis complètement planté et accusé à tort.