RE: lui/à lui

Bonjour,

Qu’est-ce qui commande la distinction entre lui/à lui dans:

J’écris à Dominique / je lui écris
Je pense à Dominique/je pense à lui

Question intéressante.

le 14 mai 2023.
4 Réponses

On peut commencer par différencier et catégoriser les différents COI, compléments objets indirects. C’est arbitrairement qu’on a regroupé de nombreux compléments (y compris des compléments non obligatoires ne méritant absolument pas d’être qualifiés de compléments objets) sous cette appellation de COI.

Ils tirent probablement, pour la plupart, leur sens, leur spécificité, de leur origine latine avec un cas correspondant à une fonction, et une déclinaison. La notion très floue de COI, créée pour l’enseignement, a été bien trop vite pensée. Il est normal de ne pas pouvoir en tirer des règles générales de construction.

Par exemple, les compléments d’attribution se pronominalisent en pronom datif.
— Je donne un livre à Paul, je lui donne un livre.
— Je parle à Paul, je lui parle.
En anglais, si vous avez des notions, on dit « I speak to him », et « I give him » = « I give to him ».
C’est uniquement par exception, et pour une mise en relief qu’on peut utiliser le pronom tonique : Je le lui ai donné à lui, c’est à lui que je l’ai donné.

Il y a aussi le à qui signifie au sujet de.
— Je pense à cette personne. Je pense à lui. Jamais en effet on ne dit : je lui pense.
En anglais « I think of, I think about… »
Il est très clair qu’il n’y a pas là de complément d’attribution, pas de datif.
C’est normal de construire autrement, ou plutôt, il n’y a aucune raison de construire identiquement.

Vous voyez que ce ne sont pas des différences de construction pour une même préposition, ce sont simplement des mots différents pour des concepts différents. Vous avez le le tort de raisonner sur le mot à, quand il faudrait raisonner sur chaque fonction possible de ce « mot ». Plus vous remonterez vers le sens et l’origine, plus vous verrez que des mots (par exemple à, par exemple lui) qui nous paraissent actuellement identiques ont gardé des sens distincts, différents entre eux, des constructions distinctes, et que c’est la classification de pseudo-pédagogues modernes qui a écrasé ces catégories grammaticales dans un immonde gloubi-boulga nommé COI. Mais on trouve encore çà et là des profs qui distinguent les différentes fonctions des compléments introduits par « à ».

CParlotte Grand maître Répondu le 14 mai 2023

Intéressant. Ce -1  discrédite ce que vous exposez et peut brouiller la compréhension. Je rééquilibre avec un +1.

le 15 mai 2023.

Beaucoup de contre-exemples :

J’obéis à Paul > Je lui obéis. Peut-on vraiment dire que Paul est l’attributaire de l’obéissance ? En fait il faudrait déjà commencer par définir ce qu’on entend par « attribution ».

Même question pour :

Paul a survécu à sa femme / lui a survécu.
Sa femme manque à Paul / lui manque.
La faute incombe à Paul / lui incombe.
Paul a échappé à son poursuivant / lui a échappé.
Paul ressemble à son frère / lui ressemble.

Par ailleurs, dans les cas suivants, peut-on vraiment dire que la préposition à signifie au sujet de ?

Je m’associe à Paul/lui pour vous présenter mes félicitations.
Je m’oppose à Paul/lui sur ce sujet.
Je tiens beaucoup à Paul/lui.
Paul, je pense bien à toi = mes pensées vont vers toi / mes pensées t’accompagnent = tu en es le destinataire, tout comme dans Paul, je t’envoie une lettre.

le 15 mai 2023.

Tout à fait d’accord. la notion d’attribution est un fourre-tout facile qui est insatisfaisante.

le 29 mai 2023.
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