S’arrêter de/arrêter de
Bonjour,
Je viens de tomber sur cette phrase :
Mais elle ne pouvait pas s’arrêter de frapper.
S’arrêter de est-il correct ou devrait-on plutôt écrire arrêter de ?
Bonsoir,
Les deux formes existent, non-pronominale et pronominale, d’emplois pratiquement toujours interchangeables : « Il arrête de boire./Il s’arrête de boire. », « Arrêtez !/Arrêtez-vous ! », « J’arrête à midi./Je m’arrête à midi. »
La forme pronominale réfléchie s’arrêter permet peut-être d’insister un peu plus sur la notion de contrôle de soi, de capacité à agir sur soi-même. « Elle ne pouvait pas s’arrêter de frapper. » peut signifier qu’elle est incapable de se maîtriser alors que « Elle ne pouvait pas arrêter de frapper. » peut vouloir dire qu’une certaine cause, intérieure ou extérieure, ne lui permet plus de mettre fin aux coups. Mais comme on ne fait plus guère attention à la forme choisie, la nuance n’est pas certaine de la part de l’énonciateur de cette phrase.
@Bruno974,
Si je comprends bien votre premier exemple, et l’équivalence entre arrêter et s’arrêter, vous acceptez ces quatre propositions :
— elle a arrêté de boire, elle arrêté cela
— elle s’est arrêtée de boire, pas de cod
— la boisson qu’elle a arrêté de boire
— la boisson qu’elle s’est arrêtée de boire, accord avec le sujet d’un verbe pronominal
Mais pas celle-ci :
— la boisson qu’elle s’est arrêté de boire
Ne pensez-vous pas que cette cinquième proposition soit défendable, « de boire » étant ici COD de « arrêter », et le pronom datif « se » ayant un autre rôle, n’emportant pas l’accord selon le sujet. Si j’ai introduit le problème de l’accord du participe passé, c’est pour mieux nous obliger à identifier clairement les COD.
@Arcane,
Les deux constructions existent. Mais comment les analyser ? Elle arrête « elle-même » ? ou elle arrête « de frapper » ? Où est le COD logique ? Le pronom « se » joue-t-il le rôle du COD ? Ou vient-on de découvrir un verbe essentiellement pronominal dans ce sens, mais ayant un COD ? Ou alors « de frapper » ne serait pas COD de « arrêter », car elle n’a rien arrêté ? La réponse sera je pense que dans aucune de ces deux constructions possibles il n’y a de COD, et qu’il est inutile de se demander si elle a arrêté elle-même, ou si elle a arrêté de frapper. Si on réfléchissait ainsi, comme l’école nous demande de le faire, ce serait une question insoluble. Malgré le « se », malgré le « de frapper », le verbe n’est pas conjugué ici de façon transitive, et il n’y aucune contradiction à mettre devant un pronom qui ressemble à un COD, et derrière un complément qui ressemble à un COD. Si dans une construction non pronominale le complément final « de frapper » aurait pu être classé COD, et s’il est en principe impossible d’ajouter un pronom COD quand il y a déjà un COD, c’est simplement que la forme pronominale se construit sans COD.
@CParlotte
Je m’étais bien gardé de pousser l’analyse jusqu’à l’identification judiciaire des cod, je souhaitais juste signaler la validité de l’emploi pronominal et une nuance possible à celui-ci, mais vos développements pertinents stimulent la curiosité et l’envie d’en comprendre un peu plus. Merci.