indicatif ou subjonctif
Bonjour,
J’ai un doute quant à l’emploi du subjonctif dans une phrase :
À moins que ça soit sa séance de câlinothérapie qui l’ait convaincu de voir du monde ?
Si je n’ai aucun doute sur l’emploi du premier subjonctif (« soit » après « à moins que »), je ne suis pas sûre du second. Considère-t-on un emploi hypothétique ou doit-on utiliser l’indicatif ?
Je vous remercie beaucoup. Bonne journée,
Elvyne
À moins que ce soit sa séance de câlinothérapie qui l’ait convaincu de voir du monde
À moins que ce soit sa séance de câlinothérapie qui l’a convaincu de voir du monde
On a simplement une différence de focalisation :
Le subjonctif place le deuxième fait dans l’orbe de la pensée.
L’indicatif annonce ce deuxième fait comme une information : il se peut que sa séance de câlinothérapie ait eu comme conséquence ce fait : il a été convaincu de voir du monde.
Bonjour,
Je suis d’accord avec Tara , les deux modes sont possibles. Il faut se demander quel est le fait certain.
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- Le seul fait certain est-il qu’il voit du monde ? On ne connaît cependant pas le processus qui a conduit à ce changement : peut-être parce que les circonstances font qu’il ne peut pas faire autrement, peut-être parce que son humeur sociable est revenue naturellement, peut-être parce que quelque chose de particulier l’a convaincu et ce pourrait être cette fameuse séance, qui sait ? L’incertitude porte sur l’ensemble du processus causal de reprise de fréquentation. Dans ce cas on emploiera le subjonctif dans la deuxième subordonnée : « À moins que ce soit sa séance de câlinothérapie qui l’ait convaincu de voir du monde ?«
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- Est-ce que le fait dont on sait qu’il est certain est que quelque chose l’a convaincu ? L’incertitude porte alors uniquement sur le motif de cette conviction. On ne sait pas lequel, peut-être la fameuse séance ! Dans ce cas on emploiera l’indicatif dans la deuxième subordonnée : « À moins que ce soit sa séance de câlinothérapie qui l’a convaincu de voir du monde ?«
Je ne pense pas que ce soit le degré d’incertitude (ou de certitude) qui détermine le choix de l’un ou l’autre mode. C’est l’angle choisi simplement.
Avec le subjonctif, on ne considère le fait 2 que comme l’objet, le contenu de la pensée/ Avec l’indicatif le fait 2 est donné comme une information.
à moins que ce soit sa séance qui l’a convaincu de voir du monde :
information : il est convaincu de voir du monde
expression de la pensée : il est possible que la cause en soit sa séance
à moins que ce soit sa séance qui l’ait convaincu de voir du monde
Ce qui est posé est l’expression de la pensée et la subordonnée n’est que le contenu de cette pensée. Le fait 2 passe, d’une certaine façon, au second plan.
Je reste dubitatif sur le concept d’ « orbe de la pensée ». J’ai du mal à en saisir les principes et je ne parviens pas à distinguer dans les formulations ci-après ce qui relève plus de la pensée que des faits :
Il est allé à cette soirée, probablement à la demande de Josette, à moins que ce soit Lucienne qui l’ait convaincu de voir du monde.
Il est allé à cette soirée, probablement à la demande de Josette, à moins que ce soit Lucienne qui l’a convaincu de voir du monde.
J’ai l’impression que la locution « à moins que » a tendance à entraîner le subjonctif jusque dans la deuxième subordonnée comme si « ce soit… qui » était purement explétif. Le subjonctif n’est en effet plus admissible si l’on se sépare de la locution « à moins que ».
Je crois qu’il y a quelqu’un dans la cuisine, à moins que ce soit le frigo qui ait chanté. = Je crois qu’il y a quelqu’un dans la cuisine, à moins que (ce soit) le frigo (qui) ait chanté.
*Je crois qu’il y a quelqu’un dans la cuisine, ou serait-ce le frigo qui ait chanté ?
Avec l’indicatif, il y aurait une forme de pause, de rupture qui permet d’introduire la supposition.
Je crois qu’il y a quelqu’un dans la cuisine, à moins que ce soit le frigo qui a chanté. = Je crois qu’il y a quelqu’un dans la cuisine, à moins que ce soit : le frigo (qui) a chanté.
Je crois qu’il y a quelqu’un dans la cuisine, ou serait-ce le frigo qui a chanté ?
Tout cela me laisse bien sûr sur ma faim.
Vous dites : « et je ne parviens pas à distinguer dans les formulations ci-après ce qui relève plus de la pensée que des faits ». Bien sûr car dans les deux cas ce sont des faits. Seulement, l’indicatif est dans l’information, le subjonctif dans la spéculation (excusez ce terrible raccourci).
Mais je ne peux entrer ici dans de longs développements et du reste, sans doute manquerais-je de la compétence et du savoir suffisants pour le faire correctement.
Le sens du subjonctif fait l’objet d’articles fort intéressants. Je vous propose celui-ci par exemple : Le subjonctif comme marqueur procédural | Cairn.info
Un très court extrait : qu’il soit ou non présupposé, le fait enchâssé à l’indicatif fait l’objet, de la part du locuteur, d’une forme de mise en évidence, qui a tout à voir avec son caractère manifeste, alors que le fait enchâssé au subjonctif, inversement, ne présente jamais un intérêt cognitif par lui-même, en tant qu’objet manifeste de discours
Bonjour,
je vais être plus formel que mes camarades : le subjonctif est ici requis et l’indicatif est erroné.
Il s’agit d’un subjonctif par attraction :
En revanche, quand le verbe être est au subjonctif dans les phrases clivées (c’est… qui / c’est… que,) il entraine quasi automatiquement un subjonctif par attraction dans la proposition introduite par le relatif, et dans ce cas le subjonctif par attraction est considéré comme normal.
Il se peut que ce soit nous qui partions.
Il faut que ce soit vous qui le lui disiez.
Nous ne sommes même plus très sûrs que ce soit vous qui ayez commencé.
Pour plus de détails, vous pouvez suivre ce lien, qui est très détaillé et très bien vulgarisé : Grammaire française pour étudiants finnophones
J’ajoute que la locution « à moins que » est pour l’usage correct suivi d’un ne explétif.
Pour ma part la forme correcte (celle qui en tous cas ne peut pas être considérée fautive) est :
« À moins que ça ne soit sa séance de câlinothérapie qui l’ait convaincu de voir du monde ? »