Constructions

Répondu

Bonjour,

Je rencontre des doutes dans la construction de ces phrases :

1. Autant que ses amis pouvaient en juger (puissent en juger ? Les deux temps sont-ils acceptables après autant que ?), c’était la première fois que Jean se voyait ainsi nommer la route qu’ils devaient suivre (se voyait ainsi nommée ?)

2. De toutes ces années, l’idée m’avait jamais effleuré qu’ils aient pu renoncer à regagner leur pays. [Ici, jamais aurait le sens de un jour et la négation (ne m’avait jamais effleuré) ne serait pas requise ?]

3. C’est d’elles seules que  je veux entendre le récit (?)
     Ce sont d’elles seules dont  je veux entendre le récit (?)

Je vous remercie pour vos réponses.

Marisa Grand maître Demandé le 24 mars 2023 dans Général

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7 réponse(s)
 
Meilleure réponse

1.a
Votre « autant que » est très correct : autant que je sache (à mon avis et jusqu’à preuve du contraire), autant que je puisse (dans la mesure de mes moyens), autant que je m’en souviens (si je me souviens bien), autant qu’on peut en juger (dans la mesure où il serait possible de porter un jugement sur l’affaire), pour autant que ce soit possible de trancher…
Dans ce sens de restriction de la sûreté du propos, « pour autant que » et « autant que » semblent synonymes et interchangeables.
On constate en feuilletant internet différents modes après cette locution, peut-être selon les époques, les verbes, les auteurs… Le Larousse en ligne préconise l’indicatif ou le conditionnel, avec l’exception du subjonctif pour le verbe savoir. C’est à voir, mais si vous êtes tombée sur quelqu’un qui parle de telle ou telle façon, il n’est pas utile de modifier son choix.

1.b
* Si c’est Jean qui nomme une chose
— c’était la première fois que Jean se voyait nommer ainsi la route
La construction n’est pas absurde, on dit bien « il s’est vu décliner la mission« , mais le sens, l’imparfait, la juxtaposition « voir nommer« , rien ne sonne juste, pour dire :
— c’était la première fois que Jean nommait ainsi la route
* Si c’est quelqu’un qui parle à Jean, on a formellement une proposition infinitive COD, et une construction pronominale avec un pronom COI.
— Jean s’entendait répondre par le chef que la route était libre
— Jean se voyait nommer cette route ainsi
Mais comme on ne voit pas nommer, et qu’on ne nomme pas quelque chose à quelqu’un, ni le verbe ni la construction pronominale ne semblent convenir. Pensez-vous que le sens soit celui-ci ?
— Jean a entendu nommer cette route ainsi
* Quant à la possibilité du participe passé, elle existe par exemple dans
— une route que Jean a souvent vue défoncée
Mais si on peut voir une route défoncée, on ne peut pas voir une route nommée, donc pas de participe passé dans votre exemple…
* L’intention est donc assez obscure, mais si vous connaissez précisément le sens de cette phrase, on peut chercher.

2.
Le sens positif de « jamais » apparaît dans les questions, les suppositions : cette idée t’avait-elle jamais effleuré, si cette idée t’avait jamais effleuré… Ici, il faut la négation.

3.
La transformation facultative du « c’est… qui » en « ce sont… qui » se fait généralement pour le sujet (ce sont elles qui parlent). Certains l’opèrent aussi pour les COD (ce sont elles que j’ai vues). Mais on garde « c’est » au singulier pour les autres fonctions (c’est d’elles que je parle, c’est elles dont je parle…).
Avec cette réserve, les deux constructions peuvent sembler valides a priori, mais le sens n’est pas clair. Vous parlez du récit de quelqu’un comme on parle de l’histoire de quelqu’un (celles dont j’ai entendu les aventures, celles dont je veux entendre le récit) ? Ou du porteur du message, du récitant (c’est d’elles que je veux entendre cela) ? Pouvez-vous expliciter ?

CParlotte Grand maître Répondu le 24 mars 2023

Bonjour,
1- Il faut écrire pour autant que suivi de l’indicatif ou du conditionnel et non pas autant que (+ subjonctif) qui signifie « il vaut mieux que ».

2- Le ne est nécessaire avec jamais marquant une négation. Il est parfois oublié dans la langue parlée.

3- C’est d’elles seules que je veux entendre le récit ou c’est elles dont je veux entendre le récit.

PhL Grand maître Répondu le 24 mars 2023

Merci pour ces précisions.
Pour la 1.  c’était la première fois que Jean se voyait ainsi nommer la route qu’ils devaient suivre : il faut bien indiquer l’infinitif ?
Si on a la phrase : Autant que vous le pourrez, dirigez vos pas vers ce petit village, ce n’est pas correct ? Il faudrait écrire : Pour autant que vous le pourrez, dirigez vos pas… ?

Marisa Grand maître Répondu le 24 mars 2023

Merci beaucoup, CParlotte, pour les éléments concernant autant que du 1a.
Pour le 1b,  je pense que c’est bien un infinitif : c’était la première fois que Jean se voyait nommer ainsi la route.
Merci aussi pour la confirmation de l’utilité de la négation du 2.
Pour la 3., c’est d’elles que je veux entendre le récit, le sens est que je veux entendre leur version du récit de leurs bouches à elles.

Marisa Grand maître Répondu le 25 mars 2023

1.a
C’est effectivement construit comme une proposition infinitive COD, le problème est juste que ça ne veut rien dire. Il faut d’abord chercher ce que veut dire l’auteur, et ensuite réécrire correctement. Que signifie « nommer une route » ? Qui le fait, Jean ou quelqu’un d’autre ? Que signifie « se voir » ? Que représente le mot « ainsi » ? Vous ne pouvez pas laisser cette phrase en l’état.

3.
a) Puisqu’il s’agit donc de présenter une origine, d’insister sur une source, ne construisez pas avec « dont » :
— C’est la Chine dont vient le thé. C’est Pierre dont j’ai appris la nouvelle. C’est Pierre dont j’ai entendu ton histoire.
— Construisez avec « c’est de… que » :
C’est de Chine que vient le thé. C’est de Pierre que j’ai appris cette nouvelle. C’est de Pierre que j’ai entendu ton histoire.
b) Quand on dit « c’est d’elles que je veux entendre les aventures », cela signifie que « je veux entendre leurs aventures ». Donc ne terminez pas ce genre de phrase par un nom avec l’article défini (c’est de Pierre que j’ai entendu l’histoire = j’ai entendu son histoire). Il faut un complément plus indépendant, qui ne puisse pas se rattacher au « de » (c’est de Pierre que j’ai entendu ton histoire, c’est de Pierre que j’ai entendu cette histoire, c’est de Pierre que j’ai entendu l’histoire qui vous est arrivée).
c) Dit-on vraiment « entendre de quelqu’un » ? « j’ai entendu cela de lui » = « c’est lui qui me l’a dit » ? La construction est correcte, mais c’est peu clair… ajoutez les mots nécessaires à une bonne compréhension : leur version, leur version à elles, les entendre elles, c’est elles seules dont je veux entendre la version de l’histoire, c’est elles que je veux entendre faire le récit de, c’est leur version que je veux entendre…

le 25 mars 2023.

Merci pour ces développements.

Marisa Grand maître Répondu le 25 mars 2023

Une petite précision : « de toutes ces années » s’emploiera comme COI, par exemple « de toutes ces années je n’ai retenu que le meilleur ».
Dans votre phrase, le « de » est inapproprié.

D’autre part, voici ce que dit l’Académie, à propos de l’emploi de « Jamais » dans le sens qui vous préoccupe (sans la négation) :
Signifie : En un temps quelconque, à un moment, en un jour quelconque. 
Si vous venez jamais me voir, je vous montrerai ma collection. J’ignore s’il a jamais affirmé cela. C’est ce qu’on pourra jamais dire de plus fort. Y parviendra-t-il jamais ? A-t-on jamais vu pareille insolence ?

Aussi, pour votre phrase 2, « jamais » me semble mal placé, si vous l’entendez dans ce sens-là, et peut-être vouliez-vous dire :
Toutes ces années, l’idée ne m’avait jamais effleurée / effleuré qu’ils aient jamais renoncé à regagner leur pays.
Tournure un peu lourde malgré tout.

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 27 mars 2023

* « de toutes ces années » n’a absolument aucune chance d’être un COI, et de toute façon n’est pas un complément d’objet, ni dans votre exemple, ni ailleurs… pour vous c’est quoi un complément d’objet ?
* « de toutes ces années » est parfaitement employé dans la phrase soumise : de toutes ces années, de ma vie, jamais je n’avais vu…
* « jamais » doit être utilisé ici avec sa négation, nous sommes tous d’accord sur ce point, et votre réflexion est donc hors sujet, la place du mot « jamais » est libre (jamais de ma vie je n’avais vu ; de ma vie jamais je n’avais vu ; de ma vie je n’avais jamais vu…).

le 29 mars 2023.

Votre nouvelle question :
Autant que vous le pourrez, dirigez vos pas vers ce petit village, ce n’est pas correct ? Il faudrait écrire : Pour autant que vous le pourrez, dirigez vos pas… ?
Emplois de « autant que » et « pour autant que » selon l’Académie :
Autant que, suivi de l’indicatif ou du subjonctif, exprime une proportion : dans la mesure où.
J’irai chez vous autant que les circonstances le permettront.Nous renouvellerons cette demande autant de fois que ce sera nécessaire. Elle résistait autant qu’il lui était possible. Autant que faire se peut, exprime une possibilité sur laquelle on émet des réserves. Autant que je sache ou pour autant que je sache. Autant que je m’en souvienne ou, litt., pour autant qu’il m’en souvienne. Autant que je puisse ou pour autant que je puisse en juger. Pour autant, pourtant, malgré cela. Il ne s’est pas corrigé pour autant.Je pardonne, mais ne croyez pas pour autant que j’oublie.

Donc leur emploi n’est pas approprié dans le cas qui vous préoccupe.
Votre phrase revient à dire :
Marchez en direction de ce petit village tant que vous le pourrez, tant que la route n’est pas coupée (puis finissez le parcours à travers champs)

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 27 mars 2023

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