« Comme si » + imparfait ou plus-que parfait ?
Bonjour,
J’ai une question de concordance des temps. Dans un récit au passé, la locution « comme si » doit-elle être suivie d’un imparfait, comme au présent, ou d’un plus-que-parfait ?
Par exemple, dans la phrase : « Il tendit le bras comme s’il avait voulu toucher la vitre », le plus-que-parfait est-il correct ? Ou faut-il écrire : « Il tendit le bras comme s’il voulait toucher la vitre » ? La première proposition me semble plus cohérente, car c’est au présent que l’imparfait est employé (« Il tend le bras comme s’il voulait toucher la vitre »).
Quelle est la bonne formulation ?
Merci !
Bonjour,
Larousse recommande l’imparfait ou le plus-que-parfait de l’indicatif après comme si ou, dans le registre très soutenu, le subjonctif plus-que-parfait.
L’usage de l’imparfait est purement modal, il ne marque pas le passé et ne dépend pas du temps de la principale qui peut être varié (ex : Nous tendrons le bras comme si nous voulions toucher la vitre.). Le plus-que-parfait introduit une nuance d’antériorité.
Dans « si nous voulions toucher la vitre, nous tendrions le bras », l’imparfait n’est-il pas également purement modal ? Il ne traduit pas non plus un passé. Et pourtant, en transposant au passé, on écrit bien « si nous avions voulu toucher la vitre, nous aurions tendu le bras », sans davantage de nuance d’antériorité qu’au présent.
Voici un exemple qui impose le plus-que-parfait, quel que soit le temps de la principale : « Elle s’élança d’un bond comme si elle avait mangé du lion. » (l’antériorité est obligée car elle a d’abord mangé le lion pour acquérir autant d’énergie), mais on peut aussi bien dire : Elle s’élance, Elle s’élancera, Elle s’élancerait, Elle s’est élancée, Elle s’était élancée car c’est toujours une antériorité par rapport au point d’ancrage temporel.
Et voici un autre exemple qui impose l’imparfait : « Elle gagnait de l’argent comme s’il en pleuvait. » Ici, l’imparfait de pleuvait se rapporte à un procès indéfini, à l’idée générale d’une sorte de manne céleste. Le temps du verbe de la principale peut également varier, cela ne change rien à celui de la subordonnée.
Ces deux exemples montrent que la concordance n’est pas obligatoire. « Il tendit le bras comme s’il voulait toucher la vitre. » me semble parfaitement admissible et renforce l’idée que l’envie de toucher la vitre n’est pas éteinte alors que « Il tendit le bras comme s’il avait voulu toucher la vitre. » est plus courant d’usage mais laisse entendre que l’interprétation du geste est terminée.
Avec comme si ,l’imparfait (comme le plus-que-parfait) sert simplement à exprimer l’hypothèse ou l’irréalité et a valeur de conditionnel, mais on ne dit pas « *Elle s’élança comme si elle aurait mangé du lion. » Pourtant ce serait plus logique d’autant plus que le si n’exprime pas une condition mais une hypothèse.
En allemand, on emploie ainsi le conditionnel après als ob : « Als ob du es nicht wüsstest » (Comme si tu ne le savais pas).
P.S. La locution conjonctive comme si ne s’analyse pas comme la conjonction si .
Je ne comprends pas votre réponse à ma réponse. Dites-vous la même chose que moi, ou le contraire ?
Dites-vous que le plus-que-parfait dans le cadre d’une hypothèse traduit une antériorité ? Des millions d’utilisations vous contredisent, et elles sont très majoritaires dans la littérature : « c’est comme si aujourd’hui elle était présente –> c’était comme si ce jour-là elle avait été présente », sans compter les fréquents « c’était comme si ce jour-là elle eût été présente » dont aucun ne traduit pas une antériorité.
Luxy sait très bien que l’utilisation de l’imparfait dans la condition d’une phrase au présent est modale, et qu’il n’utilise pas l’imparfait pour parler du passé, il n’est pas bête à ce point. Il demande seulement (mais il le demande réellement, formellement, précisément) comment on transpose vers le passé cet imparfait de simultanéité hypothétique au présent. La question est assez claire et on se demande pourquoi vous tournez autour.
J’analyse quand même vos trois points d’argumentation :
1 — Un temps composé dans une phrase au présent (elle fait comme si elle avait déjà vu…) reste un temps composé dans une phrase au passé (elle fit comme si elle avait déjà vu…). Ben oui, évidemment, il n’existe pas de temps encore-plus-composé. Les temps composés marquant une antériorité au présent restent des temps composés marquant une antériorité au passé. Soit c’est une blague que vous nous faites, soit c’est une tentative de cacher la bonne question.
2 — Certaines vérités générales (je sais que l’argent ne pleut pas, c’est comme si l’argent pleuvait) peuvent ne pas changer de temps même transposées au passé (l’argent ne pleut pas je le savais, je savais que l’argent ne pleut pas, c’était comme si l’argent pleuvait). Ben oui, évidemment, il n’y a déjà pas de concordance des temps obligatoire dans une complétive donnant une vérité non conjoncturelle (j’ai appris que la terre est plate), et dans le cas d’une hypothèse c’est encore plus net.
3 — On ne dit pas « s’il viendrait » mais « s’il venait », et cette façon de dire serait illogique en allemand, donc bon, c’est bien la preuve que la concordance des temps ne sert à rien. Là ça devient du grand n’importe quoi. Vous êtes en plein délire.
J’ai l’impression, à lire vos trois paragraphes, que vous me prenez pour une abrutie.
Identifiez et formalisez la question à laquelle vous allez répondre avant de commencer à y répondre. Je trouve que vous êtes en voie de joelisation ou de taraïsation (écrire plein de trucs au hasard en espérant qu’il y en aura bien un dans le lot qui découragera le contradicteur de répondre).
Revoici, formalisée, la question de Luxy : comment transpose-t-on vers un système passé un imparfait de simultanéité hypothétique du système présent, c’est-à-dire un imparfait uniquement modal ? Les temps utilisés modalement se transposent-ils, et si oui comment ?
Vous avez raison :
- vous n’êtes pas une abrutie ;
- la réponse à la question telle que vous l’avez reformulée est sans appel , la transposition au passé de « Il tend le bras comme s’il voulait toucher la vitre. » est « Il tendit le bras comme s’il avait voulu toucher la vitre. »
Je ne sais pas ce que sait ou ne sait pas Luxy, il y a ici des requêtes de gens de tous niveaux. Ce que je tire comme leçon de notre échange, c’est :
- qu’il est toujours préférable, comme me l’ont appris mes maîtres, de reformuler la question (à défaut de bien y répondre, on y répond au moins telle qu’on l’a comprise) ;
- qu’il faut présenter d’abord la règle générale de manière simple et ne s’engager ensuite sur les cas rares ou dérogatoires que si la personne l’a demandé.
Je voulais simplement dire à Luxy que si le plus-que-parfait dans la subordonnée après un passé dans la principale est la forme normative, pour autant la formulation « Il tendit le bras comme s’il voulait toucher la vitre » n’est pas fautive.
Il suffit de consulter le TLF pour constater qu’avec comme si , bien d’autres combinaisons que présent/imparfait ou passé/plus-que-parfait sont possibles et qu’une nuance d’antériorité peut s’exprimer ou non dans ce genre de constructions.
Je cite ainsi l’exemple passé simple/imparfait du TLF : « Une légère fraîcheur s’était déjà manifestée au bout de mes doigts; bientôt elle se transforma en un froid très-vif, comme si j’avais les deux mains plongées dans un seau d’eau glacée. » (Baudel.,Paradis artif., 1860, p. 362)
Quant à ma digression sur le conditionnel après si, elle n’était pas opportune. C’est un autre débat.