Se déparer / se départir
Peut-on employer le verbe déparer à la forme réfléchie ? Par exemple : « Elle se dépare de ses bijoux, mais pour autant ne se départ pas de son élégance. »
Les verbes transitifs peuvent, par principe, se construire pronominalement avec un sens réfléchi : — Je la coiffe d’un chapeau, elle se coiffe d’un chapeau. — Je la décoiffe, elle se décoiffe. Si « déparer quelqu’un de ses bijoux » peut se dire pour « lui retirer ses bijoux », il n’y a pas d’autorisation à demander pour utiliser la forme pronominale, et « se déparer de ses bijoux » est valide et bien construit. Il n’est pas nécessaire que le sens réfléchi soit mentionné dans un dictionnaire, même si c’est le cas quand l’utilisation pronominale est fréquente (parer / se parer).
Donc juste deux vérifications à faire :
* Déparer : Le sens « déparer » pour « enlever les ornements » existe bien, même si ce n’est pas le sens le plus fréquent de ce verbe. Le dictionnaire TLF signale ce sens comme vieux. Dans le Littré vous lirez les exemples : « Déparer une église, en ôter ce qui la pare. Il faut déparer l’église pour la tendre en deuil. »
* Déparer de : Elle se couvre d’un chapeau, elle se découvre, mais se découvre-t-elle de son chapeau, et peut-on se découvrir d’un manteau ? Elle se pare de bijoux, elle se dépare, mais se dépare-t-elle de ses bijoux ? Apparemment oui, Théophile Gautier parle ainsi de décoiffer une bouteille de son casque de cire, et on trouve de nombreux exemples quand il s’agit de préciser ce qu’on ôte : — Narcisse se décoiffa de son béret rouge — Il se décoiffa de son panama — il se déchaussa de ses sabots — le lac se découvre de ses glaces…
Votre construction est donc valide. Voici une utilisation par Diderot en 1780, avec à la fois le sens voulu de « déparer » et le complément en « de » :
— elle avait déparé sa cellule d’estampes, d’ustensiles, de meubles et d’une infinité de choses agréables ou commodes, pour en orner la mienne
La question portait sur déparer pas sur départir qui est un verbe du 3e groupe se conjuguant comme partir (elle se départ).
Bonjour,
et merci pour la question qui met en lumière ce verbe que je n’ai croisé qu’à la forme négative, une litote :« Il ne déparerait pas… » que je pensais signifier « il s’intégrerait parfaitement ».
Au lu de sa définition, pur antonyme de « parer » qui s’utilise de façon réfléchie, je ne vois pas ce qui empêcherait de l’utiliser ainsi bien que l’usage n’en soit pas commun.
C’est en effet un verbe d’un usage rare. J’ai lancé quelques moteurs de recherche dont Google livres et j’ai trouvé surtout des formes fautives du verbe se départir mais néanmoins quelques exemples qui me semblent justes, sans conteste ceux sans COI :
« La coquetterie maladroite se dépare en voulant s’embellir. » (Dictionnaire universel de la langue française, Boiste 1828)
« Qui se compare se dépare. » (= à vouloir se comparer, on se déprécie soi-même.)
En revanche, l’emploi comme antonyme de parer construit avec un COI m’interroge, mais le verbe départir me semblerait tout à fait inapproprié :
« En novembre, les arbres se déparent de leur feuillage multicolore. »
Déparer a un autre sens : Nuire à l’apparence de, enlaidir. Ce chapeau la dépare. Des usines dépareraient un tel site. Ce tableau ne déparerait pas votre collection. Académie
C’est le verbe « se départir » qui convient ici : Se départir de, se séparer de, renoncer à. Académie
>> Elle se départit de ses bijoux, mais pour autant ne se départit pas de son élégance.