S’ils seraient restés
Bonjour,
Je connais bien la règle du si qui n’aime pas les rés, et je ne peux pourtant pas m’empêcher de vouloir écrire :
« Si les gens seraient restés dix ans sur un jeu non modifié, imaginez un peu le temps qu’ils y passeront quand ils apprendront qu’il peut être bidouillé. »
Ecrire « Si les gens étaient restés » n’aurait absolument pas le même sens – enfin… je crois ?
Merci !
Vous vous trompez, il faut écrire si + imparfait puisque c’est une condition.
On peut avoir le conditionnel avec si, dans une hypothèse ou interrogation indirecte.
J’aimerais savoir si vous seriez disponible en février.
Bonjour,
Je ne vois que le présent possible dans votre proposition :
« Si les gens restent dix ans sur un jeu non modifié, imaginez un peu le temps qu’ils y passeront quand ils apprendront qu’il peut être bidouillé. »
De façon pragmatique : j e pense qu’il serait plus judicieux de changer de construction pour en adopter une qui accepte le conditionnel.
Je vous propose ceci :
Exemple : Étant donné qu’il aurait déménagé pour faire plaisir à son père, imaginez ce qu’il sera capable de faire quand il apprendra qu’il a besoin de lui
==> Étant donné que les gens auraient pu rester dix ans sur un jeu non modifié, imaginez un peu le temps qu’il passeront sur un jeu qui peut être bidouillé
Mais je ne cherche pas à dire « Si ces gens étaient restés, alors… », je cherche à dire que les gens seraient restés même dans une situation A, alors évidemment qu’ils resteront dans une situation B.
Exemple : « S’ils seraient restés en Italie sans connaître sa cuisine, évidemment qu’ils y restent s’ils sont au courant de son existence. »
Peut-être que je suis fou ; si vous deviez reformuler ma phrase en comprenant son intention, comment le feriez vous ?
Si on suppose que les gens seraient restés dix ans sur un jeu non modifié, imaginez un peu le temps qu’ils y passeront quand ils apprendront qu’il peut être bidouillé.
Votre formulation est correcte ainsi, elle relève plus de l’oral, mais en effet, je n’avais pas bien compris.
Méfiez-vous des « si n’aiment pas les rai »….
Effectivement, votre « si » n’est pas un « si » introduisant une condition d’où découlerait une conséquence. La règle que vous citez ne s’applique pas.
Le mot « si » a de nombreux usages, je pense que vous souhaitez l’utiliser ici au sens II. A. 2. a. du TLFi. Vous présentez ici une argumentation sans hypothèse. C’est bien un raisonnement déductif, mais il n’enchaîne pas une condition et une conséquence, il enchaîne un fait que vous présentez comme vrai, ce fait prouvant que le deuxième fait est vrai également.
Ce « si » doit être lu comme « étant donné que… il est évident que… », « si vous voulez bien admettre que… vous admettrez également que… », « puisque comme vous le savez… il est clair que… ».
— S’il peut courir, alors, à plus forte raison, il peut marcher. (présent + présent)
— Si la version A a marché alors qu’elle était nulle, la version B marchera encore mieux. (passé composé + futur)
— Si les gens sont assez bêtes pour l’acheter, pourquoi se gêner ? (présent + infinitif)
— Si, comme le dit papa, la vie un jour s’arrêtera, c’est absurde de se laver les dents le matin. (futur + présent)
Puisqu’on enchaîne deux faits, deux réalités, deux situations, deux propositions, seule la logique du raisonnement importe, et vous pouvez a priori mettre les temps que vous voulez (le plus souvent de l’indicatif puisque qu’on parle de faits admis, existants, clairs…) de chaque côté de la virgule pivot.
La proposition introduite par « si » s’appelle la « prémisse ». La petite surprise qu’on a à la lecture de votre phrase, c’est que dans la prémisse que vous présentez comme vraie se trouve un conditionnel. Mais c’est certainement justifiable si vous dites clairement pourquoi, car une prémisse peut être une proposition assez élaborée, contenant pourquoi pas du conditionnel. Un exemple créé vite fait, avec une prémisse contenant une hypothèse :
Prémisse : On sait qu’en cas de guerre, Pierre, qui est très courageux, se planquerait.
Conséquence à admettre : Paul, qui est lâche, se planquerait à plus forte raison.
— Si Pierre se planquerait en cas de guerre, Paul (dont nous savons qu’il est moins courageux que Pierre) se planquerait aussi.
— S’il est bien connu que Pierre se planquerait en cas de guerre, il est alors évident que Paul se planquerait aussi.
On voit que le conditionnel présent est possible après « si ». Mais cette phrase est facile à lire parce que ce conditionnel présent est aussi dans la « conséquence ».
Vous voulez donc mettre un conditionnel présent dans la prémisse, car il y a une condition sous-entendue dans cette prémisse, et un indicatif futur dans la conséquence, car vous énoncez des faits… pourquoi pas, ce n’est pas forcément impossible.
On comprend bien votre conséquence, ce que vous voulez démontrer : « imaginez un peu le temps qu’ils y passeront quand ils apprendront qu’il peut être bidouillé », c’est-à-dire « ils y passeront beaucoup de temps ».
C’est votre prémisse qui n’est pas claire. Tentez de l’écrire sans le « si » et sans la conséquence. Si votre proposition, même au conditionnel, est compréhensible et claire, l’enchaînement sera possible.
— Les utilisateurs ont déclaré qu’ils seraient prêts à jouer dix ans avec ce jeu dans sa configuration actuelle.
— Notre enquête a montré que les gens seraient restés utilisateurs de ce jeu même dans sa version initiale.
— Nos clients seraient, a-t-on appris, prêts à utiliser ce produit durant dix ans dans sa configuration non modulable.
Si votre « les gens seraient restés dix ans sur un jeu non modifié » avait un sens clair, votre phrase serait correcte.
Retravaillez cette prémisse, en précisant ce que vous entendez par « les gens », « restés sur », et « non modifié ». S’il y a une condition sous-entendue justifiant le conditionnel, tentez de l’exprimer. Et si après ce travail vous avez encore un conditionnel au début de la proposition, ce sera bon quand même, et votre phrase sera bien correcte grammaticalement.
Mais tant que votre phrase vous heurtera vous-même, vous qui l’avez écrite et qui la comprenez, n’envisagez pas de la publier. Réécrivez, décomposez, articulez mieux.