que (de ?) se convaincre
« Je vérifie qu’il n’y ait pas de bombes dans les sacoches des salariés. Un matin, à l’ouverture des grilles, une ouvrière a légitimement rouspété en me disant : « Oh, vous savez, nous, on l’aime bien, notre boulot ! C’est notre gagne-pain ! On ne va rien faire sauter ! » Mis à part le fait que l’amour de cette dame porte évidemment non sur le travail lui-même, mais sur le ‘pain’ qu’il lui permettra d’acquérir, il est clair que se convaincre d’aimer faire une chose permet de moins pâtir en s’acquittant de cette tâche. »
Bonjour, je n’arrive pas à savoir comment je dois écrire le passage ci-dessus souligné :
– il est clair que se convaincre d’aimer faire une chose (tel que c’est)
– il est clair que de se convaincre aimer faire une chose
– il est clair que de se convaincre d’aimer faire une chose (c’est horrible…)
???
Merci.
il est clair que se convaincre d’aimer faire une chose rassure.
– devant convaincre :
A la forme personnelle on voit *l’inutilité de la préposition devant l’infinitif :
Se convaincre d’aimer faire une chose rassure : ceci est clair
– devant aimer :
Après « se convaincre » l’infinitif doit être précédé d’une proposition, contrairement aux verbes de perception (je vois tomber la pluie)
*l’emploi de la préposition n’est pas incorrect mais dans cette phrase il vaut mieux choisir de ne pas l’employer pour éviter sa répétition
Propositions pour alléger la phrase : la reprise de « faire une chose » (un peu lourd) par « cette tâche » me gêne un peu :
(Il est clair que) se convaincre d’aimer faire une chose permet de moins souffrir à la tâche.
(il est clair que) se convaincre d’aimer son travail permet de moins souffrir à la tâche.
Coucou Nonobstant,
Je sens que ça va vous énerver, je reviens sur l’emploi abusif du subjonctif :
Je vérifie qu’il n’y a pas de bombes (et non pas « qu’il n’y ait pas »)
Je vérifie qu’ils ne sont pas dangereux (et non pas « qu’ils ne soient pas »)
Je vérifie que les sacoches sont vides (et non pas « soient vides »)
Quelques autres impropriétés dans votre texte :
L’amour de cette dame porte sur le pain que son travail lui permettra d’acquérir » : la tournure est très maladroite, ou le verbe mal choisi.
À noter que vous n’avez pas besoin de mettre « pain » entre guillemets (et l’apostrophe ne peut pas se substituer aux guillemets !)
De plus, le verbe « pâtir » est intransitif, on pâtit de quelque chose.
J’ai bien compris que votre personnage se complaît dans le style pompeux et les tournures alambiquées, mais elles n’aident pas à la compréhension, et vos phrases gagneraient beaucoup en qualité, si vous les allégiez un peu.
Alors pour répondre à votre question, pas de « de » dans votre phrase.
Ma suggestion :
Il est clair que se convaincre qu’on aime son travail permet de moins souffrir à la tâche.
Dame Cathy, tout à fait d’accord. 😀
Merci dame Dewelis :°) !
Merci pour toutes ces remarques, Cathy Lévy.
Je réalise que mon texte de quelque trois mille pages est constellé de phrases où le subjonctif est employé de manière abusive, et je m’en trouve affolé. Il va falloir que je passe le tout au crible pour m’interroger, à chaque fois, sur la nécessité de son emploi. Rassurez-vous, je ne ferai pas appel toutes ces fois à Projet Voltaire : je devrai apprendre à me corriger moi-même.
Ni « se convaincre d’aimer » ni « se convaincre aimer » ne peuvent s’utiliser pour dire « se convaincre qu’on aime ».
La première forme, du type « je l’ai convaincu de venir », d’une part ne signifie pas « je l’ai convaincu qu’il venait » mais « je l’ai convaincu qu’il devait venir », et d’autre part ne s’utilise pas à la forme pronominale, pour une raison de sens.
La seconde construction n’existe ni à la forme active (convaincre faire) à ni à la forme pronominale (se convaincre faire).
La forme pronominale « se convaincre » est suivie de « de » (se convaincre d’une chose) ou de « que » (se convaincre que tout va bien).
Le mot « de » qu’on trouve devant certains infinitifs n’est pas une simple préposition, il sert à moduler la valeur de cet infinitif. C’est un marqueur d’infinitif comme en anglais le « to » dans « to be or not to be », il ne sert pas à articuler des mots entre eux comme pourrait le suggérer le titre de votre question (que de), il est totalement lié à l’infinitif. Le fait que la phrase commence par « il est clair que » ne joue pas sur l’utilité de la présence du « de ».
C’est le même « de » que celui qu’on utilise dans les constructions impersonnelles pour introduire l’infinitif sujet réel (il est nécessaire de travailler). On l’utilise rarement dans la construction ordinaire (de travailler est nécessaire), mais c’est en particulier l’examen abstrait d’une situation concrète qui permet ce « de ». Cela permet d’isoler des situations, qu’on peut souvent reprendre par un pronom neutre :
— De devoir travailler, ce n’est pas le pire, c’est d’être mal payé qui me dérange.
— De se convaincre qu’on aime son travail, ça peut aider à le supporter.
La reprise par un pronom n’est pas obligatoire :
— De se convaincre qu’on aime son travail permet de moins souffrir.
Si vous voyez cette nuance (avec « de », on évoque davantage la réalité d’une situation que le simple sens d’un verbe), vous pouvez en jouer. Mais dès qu’on n’en voit pas l’utilité, c’est plus simple de se passer du « de ».
Merci pour votre réponse, CParlotte. J’en prends note.
Parlotte,
Désolée mais je ne suis pas d’accord avec vous, ni convaincue par votre démonstration.
De devoir travailler, ce n’est pas le pire, c’est d’être mal payé qui me dérange.
Non, pas d’accord. On dira plutôt : Devoir travailler… c’est être mal payé qui….
De se convaincre qu’on aime son travail, ça peut aider à le supporter.
Non, pas d’accord. On dira plutôt : Se convaincre qu’on aime son travail aide à le supporter
On dit bien « Travailler c’est trop dur, et voler c’est pas beau, demander la charité….. »
Il n’y a pas vraiment de démonstration dans ma réponse, j’imagine que l’emploi de ce mot est ironique pour en critiquer la longueur ?
Sur la deuxième partie, celle qui concerne le « de », j’ai transcrit ce qu’on lit partout. Par exemple dans le Grevisse c’est dans le §232b sur l’infinitif sujet, disponible sur Google Books.
— D’être réputé habile, ambitieux, profond calculateur de ses chances, ami douteux, prudent ennemi, n’était pas pour l’offenser. (Bernanos).
C’est donc simplement avec mes exemples que vous n’êtes pas d’accord ?
De mon côté je ne suis pas du tout d’accord avec vos contre-exemples. Dans « travailler c’est trop dur » ou « voler c’est pas beau », on parle du concept, du sens du verbe. C’est normal de ne pas utiliser le « de ». Ce ne sont pas des contre-exemples, ils valident au contraire que quand on parle du concept, du sens du verbe, on n’utilise pas le « de ».
C’est quand on n’utilise pas le verbe pour parler d’une action mais d’une situation vécue, appliquée à quelqu’un précisément, que l’infinitif est souvent précédé du mot « de ».
— Travailler c’est trop dur. C’est travailler qui est fatigant.
— C’est d’avoir travaillé chaque jour dans depuis dix ans dans la poussière de charbon qui l’a tué.
— De travailler désormais de jour, et à domicile, cela m’aide beaucoup à recouvrer ma santé.
C’est la nuance qu’on trouve dans les livres.
Notez que j’ai conclu ma réponse en précisant que si on ne percevait pas cette nuance, il valait mieux s’abstenir d’utiliser le mot « de », mais j’ai cru utile de l’exposer, car c’est un des deux points de la question de Nonobstant. Faut-il lui répondre que la question ne se pose pas, et qu’il n’est de bon français que le français simplifié ?