Accord du participe passé avec se servir
Bonjour,
Je suis aux prises avec un accord, pour lequel je pense que deux règles s’appliquent et se contredisent, et je n’arrive pas à savoir laquelle « prime » sur l’autre.
Avec le verbe « se servir » dans le sens d’« utiliser », le participe passé s’accorderait avec le sujet : elles se sont servies d’un outil.
Mais il semblerait aussi qu’avec « en », si l’on ne peut pas enlever celui-ci sans rendre la phrase boiteuse, alors le participe passé s’accorde avec, ou plutôt il reste invariable car « en » est neutre.
Ainsi, elles s’en seraient servi… i ? ou ies ?
Je penche pour la première option, mais j’ai tout de même un doute.
Merci beaucoup pour vos réponses !
Question très intéressante : il y a deux accords.
1) Elle s’est servi du gâteau : le pronom « se » est COI (elle a servi du gâteau à elle-même)==>pronominal réfléchi, on accorde avec le COD placé avant et non avec le COI
2) Pronominal autonome, le pronom « se » n’est pas analysable : Elle s’est servie du marteau (elle n’a pas servi elle-même et le sens du verbe change, signifiant « utiliser ». On accorde avec le sujet : elle s’en est servie.
Bonsoir,
Merci beaucoup pour votre réponse.
Ainsi, si je comprends bien, dans ce cas de l’accord du participe passé des verbes pronominaux, l’emplacement du COI (si ce n’est pas « se ») n’a finalement aucune incidence sur l’accord, ce n’est pas la partie à analyser. Est-ce bien cela, ou est-ce une trop grande simplification ?
Avec un autre exemple, toujours avec un pronom, si l’on dit qu’« elle s’y est attendue » : peu importe ce à quoi elle s’est attendue, on accorderait donc toujours avec le sujet ?
Merci encore pour vos éclaircissements !
– En effet, le COI n’a aucune incidence sur l’accord du PP, que ce soit des pronominaux ou des non-pronominaux :
Elle lui a parlé (lui est COI et peut être une femme, on n’accorde pas) ; elle l’a embrassée (l’ est le COD et l’on accorde).
– s’attendre à : pronominal plutôt autonome en effet, car le pronom « se » n’est pas analysable et ne se réfère pas à elle-même, Elle s’est attendue à cet échec = elle l’a anticipé et non attendu. Elle s’y est attendue, je laisse l’accord avec le sujet.
Merci beaucoup pour vos explications !
La première règle que vous citez est bonne, en effet, « se servir » dans le sens de « utiliser » se comporte comme un verbe essentiellement pronominal, accompagné d’un COI, et le participe passé s’accorde avec le sujet.
La deuxième règle que vous citez n’existe pas. Il s’agit juste d’un truc, qui d’ailleurs ne fonctionne pas, pour essayer de savoir si le pronom « en » est ou non un COD, l’idée étant que le COD est indispensable au sens de la phrase (je lui en ai donné, mais pas je lui ai donné), et que le COI ne l’est pas (je lui en ai parlé, je lui ai parlé). Mais c’est faux. Dans « j’en ai mangé », le COD est supprimable sans inconvénient : j’ai mangé. Et dans « j’en ai besoin », le COI n’est pas supprimable : j’ai besoin.
Dans « je les en ai privés », le pronom COI n’est pas supprimable, ça n’en fait pas un COD pour autant, ça n’empêche aucunement l’accord. Donc il faut oublier totalement cette règle idiote.
Si vous savez reconnaître un COD et un COI autrement, en observant le sens et la construction, c’est mieux.
Le pronom « en » est parfois COI :
— Elles se sont servies d’un outil, elle se sont servies de cela, elles s’en sont servies.
Le pronom « en » est parfois COD :
— Elles se sont servi des haricots, elles se sont servi de cela, elles s’en sont servi.
Ici la fausse règle aurait donné le résultat inverse de la bonne réponse : « en » n’est pas supprimable dans le premier exemple, car c’est un complément obligatoire, et pourtant ce n’est pas pour autant un COD emportant l’absence d’accord.
