Passé ou passés ?
Bonjour.
Dans cette phrase :
« Nous avons le droit d’être mal, de pleurer, d’être tristes », faut-il vraiment écrire « triste » au pluriel ?
Et dans celle-ci :
« Combien de matins ai-je passés » = Ne faut-il pas plutôt écrire « ai-je passé » ?
Merci beaucoup !
Pour la première phrase, si nous n’est pas un pronom de modestie ou de majesté, autrement dit si nous ne réfère pas à une mais à plusieurs personnes, le pluriel est la forme la plus attendue.
Cela dit, on peut peut-être accepter un singulier avec l’idée qu’il y aurait un chacun d’entre nous sous-entendu : (Chacun d’entre nous), nous avons le droit d’être triste(s). Mettez un adjectif au pluriel irrégulier, et voyez si ça vous choque ou pas : Nous avons le droit d’être originaux / original.
Pour la deuxième phrase, les deux accords sont possibles : (Source.)
1/
L’adjectif attribut « triste » prend le nombre du nom, du pronom, qu’il qualifie : nous sommes parfois tristes, et nous en avons le droit. Il n’est pas possible dans cette construction d’interpréter un sens réflexif (ils sont rouge = ils sont chacun rouge ; quand ils étaient petit…).
Est-ce l’infinitif qui donne la possibilité du singulier ? et « être-triste » est-il un concept neutre qui reste neutre même appliqué à quelqu’un ? il ne faut pas être-triste… Non, et on écrit : vous ne devez pas être tristes, je vous demande d’être prudents…
C’est en réalité le « nous » et le « vous », à valeur de « on » qui deviennent de plus en plus présents, après le « on » à valeur de « nous ».
On trouve ce « nous » et ce « vous » suivis d’un singulier dans des journaux (des sites, des lettres d’information, des livres parlant au lecteur). On trouve ces constructions quand on parle à quelqu’un sans savoir à qui on parle. En face à face, l’utilisation du singulier est impossible. C’est juste le problème classique du formulaire : serez-vous présent(e)(s) ?. Si vous voulez écrire tout un livre à la manière d’un formulaire, de façon théorique et désincarnée, philosophique (sommes-nous libre(s) ?), vous vous poserez cette question insoluble à chaque phrase. C’est bien amont de l’écriture que vous devez faire des choix essentiels pour votre texte : qui parle à qui, à quel temps, à quelle personne ? Et s’il s’agit d’une phrase isolée, savez-vous précisément à qui vous vous adressez et de qui vous parlez ? Si le « nous » est théorique, hypothétique, introspectif, le singulier est possible.
2/
On voit que dans « combien de matins ai-je passés« , « combien de matins » est un COD puisqu’il devient sujet à la voix passive, et qu’il est du pluriel puisque le verbe est alors conjugué au pluriel : combien de matins ont ainsi été passés ? On a un COD pluriel placé avant le verbe conjugué avec l’auxiliaire avoir, et il faut donc accorder le participe passé au pluriel.
Bonjour, merci beaucoup pour vos réponses détaillées ! Je pense que mes deux phrases sont correctes ainsi alors.
@CParlotte :
Pour le 1, il s’agit d’un monologue intérieur, quelqu’un qui se dit cette phrase en parlant de tout le monde, des gens en général :
« Quand un drame nous frappe, nous avons le droit d’être mal, de pleurer, d’être tristes ».
Pour le 2 , la phrase entière est « Combien de matins ai-je passés à me mentir ? ».
1/ C’est l’aspect théorique et désincarné qui semble permettre le singulier, le « nous » ayant valeur de « on ». Mais ce singulier est rare dans la littérature, et je ne crois pas qu’on puisse le conseiller.
2/ Même complété d’un autre verbe, c’est encore le verbe « passer » qui a pour COD « combien de matins », masculin pluriel.