je n’ai jamais vu quelqu’un
Ne doit-on pas dire, du fait de la négation, « je n’ai jamais vu personne » et non « quelqu’un » ?
Vous trouverez probablement des explications en cherchant du côté des négations partielles ou absolues (totales).
Voici quelques exemples, qui mériteraient d’être formalisés et classés, mais qui donnent déjà je pense une bonne approche du problème.
À la question « vois-tu un chien ? », on ne répond pas « je ne vois pas un chien », on répond « je ne vois pas de chien ».
Et pourtant on dit « je ne ne vois pas un chien, mais un chat », ou « je ne vois pas un chien, mais deux chiens », quand la négation ne porte pas sur le verbe, mais sur son COD.
À la question « vois-tu quelqu’un de grand ? », on ne répond pas « non, je ne ne vois pas quelqu’un de grand », on répond « non je ne vois personne de grand ».
Et pourtant on dit « je ne vois pas quelqu’un de grand, je vois quelqu’un de très grand » si on veut confirmer qu’on a bien vu quelqu’un, mais qu’on conteste une caractéristique.
Si la négation ne porte pas sur l’ensemble de la phrase, on peut donc garder le déclinaison affirmative du pronom.
Quand « rien » est complété, on peut écrire « pas quelque chose qui ».
Négation totale : je n’ai rien vu.
Négation partielle : je n’avais encore jamais vu quelque chose d’aussi beau.
Le pronom « rien » reste possible en situation de négation partielle, mais son sens positif apparaît, puisqu’on le qualifie : « je n’ai rien vu d’aussi beau depuis longtemps ».
Quand « personne » est complété, on peut écrire « pas quelqu’un qui », « jamais quelqu’un qui ».
Négation totale : je n’ai rencontré personne.
Négation partielle : je n’ai pas encore rencontré quelqu’un d’aussi beau que mon ami Albert.
Le pronom « personne » reste possible : je n’ai encore rencontré personne d’aussi beau que mon ami Albert.
Personnellement, j’y vois une nuance, la première proposition étant plus concrète, examinant les « quelqu’un » les uns après les autres (parmi ceux que j’ai rencontrés, aucun…), tandis que la seconde est plus absolue.
Dans ces exemples, on peut trouver la forme en « rien » ou « personne » meilleure que la forme en « pas quelque chose » ou « jamais quelqu’un », mais ces formes sont cependant possibles pour n’appliquer la négation qu’au complément.
— J’ai rencontré bien des gens, mais jamais quelqu’un d’honnête.
— Je crois presque tout le monde, mais je ne croirai jamais quelqu’un qui parle avec l’accent auvergnat.
Plus on montre que la négation ne porte que sur une caractéristique, et plus cette caractéristique est précise, alors plus il est naturel, et porteur de sens, d’utiliser la déclinaison affirmative du pronom.
Dans la phrase que vous présentez, le fait que « quelqu’un » soit complété permet d’interpréter indifféremment que la négation porte sur le seul complément ou sur la proposition complète. Il faut réfléchir au sens de la phrase, et sans doute même tout simplement accepter la nuance que nous donne son auteur par la construction qu’il a choisie.
Bonjour,
Oui, bien sûr.
Dans cette forêt, je n’ai jamais vu quelqu’un.
Dans cette forêt, je n’ai jamais vu personne.
Bonjour Catbaloo,
les deux peuvent être utilisés (trois si l’on ajoute quiconque ).
J’ajoute préférer quiconque et personne.
Je réponds très logiquement à ta question. Sinon, beaucoup disent personne avec une négation.
Bonjour,
Selon le CNRTL, on peut utiliser personne quand la principale est négative :
1. [Dans une sub., intr. par une princ. nég.] Je ne souffrirai pas que personne fasse ici la loi, et s’oppose à mes volontés (Guilbert de Pixér., Coelina,1801, I, 3, p.8).Je ne crois pas en effet que personne (…) ait expliqué avec plus de limpidité et d’élégance, ait justifié avec plus de force la psychologie des exercices spirituels (Bremond, Hist. sent. relig.,t.4, 1920, p.526)
Catbaloo
Je précise la phrase qui m’interpelle : « À part le patron, je n’ai jamais vu quelqu’un qui soit libre de faire ce qu’il voulait.« , trouvée dans une réponse à une question précédente.
Pour moi, la négation serait « ne… jamais … personne » et pas « ne… jamais.. » + quelqu’un.