J’ai un doute. Pouvez-vous m’éclairer?
Phrase : « La vitrine regorgeait d’objets que j’aurais pensés invendables aujourd’hui ». « pensés » peut être remplacé par « crus ». J’accorde penséS, le Cod « que » mis pour « objets » est placé avant le verbe. « Invendables » est un attribut du Cod.
Léger doute avec pensé sans S … Merci de votre aide.
« Le participe passé suivi d’un attribut du complément d’objet direct s’accorde souvent avec cet objet. Ex. : Tout le monde l’a crue morte (Hugo). On les eût crus imberbes (Mauriac). »
« Cependant, il n’est pas rare que ce participe soit laissé invariable. Ex. : Ses petites mains blanches que l’on eût dit moulées par Coustou (Hugo). »
M. Grevisse, A. Goosse, Le bon usage, 16e édition, n° 914, p. 1374-1375.
crûes imberbes
Participe passé suivi d’un attribut du complément d’objet direct
Le pp s’accorde avec le COD lorsque celui-ci précède le pp − même si Grevisse note que, dans la pratique, l’invariabilité est également observée (notamment avec les participes cru, su, dit, trouvé, voulu et leurs synonymes exprimant une opinion).
Merci beaucoup, j’ai eu un léger doute en imaginant « pensés » remplacé par « crus ». Le singulier m’est alors apparu plus naturel, mais la règle doit s’appliquer. Intéressant d’apprendre l’existence d’une tolérance chez Grévisse.
Ou bien parfois… perturbant 😉
Il faut oublier l’idée fausse que tout est absolument classable, régulier, immuable, dans la langue. Les meilleures grammaires décrivent une entité mouvante, d’autres émettent des règles rigides auxquelles elles veulent la plier…
Vous savez, les fluctuations sont bien plus courantes qu’on ne pense.
Pour des exemples simples : les classifications des mots n’empêchent pas un adjectif ou un verbe de devenir nom, un mot de refuser le pluriel, et parfois, pour un même élément de la phrase, deux analyses (fonctions ) sont également possibles.
Je commence à ne le savoir déjà que trop Tara 🙂
Vous avez raison, les fluctuations sont bien plus courantes qu’on ne le pense. Elles le sont bien plus que je ne le pensais, ça c’est un fait. Cela rend parfois le cheminement confus.
Mais c’est également très intéressant.
Tout comme vos interventions, qui expliquent et illustrent souvent , avec justesse et ouverture d’esprit, ces fluctuations. Je pense que l’on ne peut pas progresser sans appréhender les différents courants, ce qui les relie comme ce qui les oppose.
Vous nous permettez de ne pas nous enfermer/focaliser sur certains points précis en nous rappelant souvent la vue d’ensemble, celle-ci permettant souvent également d’avoir ou de retrouver le recul nécessaire à toute réflexion.
Merci Tara
Merci beaucoup pour ce retour intéressant et si positif. C’est encourageant !
Selon Tara, il ne faut pas accorder le participe passé.
— 24/7/20 : « C’est la voiture que j’ai cru abandonnée par son propriétaire. »
— 5/10/20 : « je ne les ai jamais cru capables » car « ‘les’ est-il réellement COD de ‘croire’ ici ? Je ne pense pas. »
Selon Tara, il faut accorder le participe passé.
— 14/3/21 : « Cette chose que vous avez dite mienne ».
Selon ChristianF, il ne faut pas accorder le participe passé de « penser » mais si celui de « juger ».
— 9/5/19 : les filles que j’ai pensé intéressées ; les filles que j’ai jugées intéressées.
Selon Prince, on accorde.
–30/5/22 : « des habitants que vous avez trouvés bien étranges » ; « cela l’avait rendue triste ».
Il y a cent réponses comme ça sur ce site, toutes aussi définitives les unes que les autres.
Vous êtes tombé sur un bon jour, avec des réponses un peu plus nuancées qu’à l’habitude, mais sans justification, et sans remise en cause des anciennes réponses.