L’emploi du futur dans un récit au passé
Bonjour,
L’emploi du futur dans le passé est une chose encore délicate pour moi. Vos réponses m’ont beaucoup aidé, mais une interrogation demeure. Sauf mauvaise interprétation de ma part, le futur antérieur (classique) ne s’utilise jamais dans un texte au passé. Aussi, l’emploi du futur dans le passé se fait à l’aide du conditionnel présent.
Mon interrogation provient de la phrase suivante : « il commit l’erreur qui aura entrainé son exclusion. »
Dans cette phrase, l’utilisation du conditionnel sonne faux selon moi, contrairement à celle du futur antérieur qui me parait plus adaptée.
Il commit l’erreur qui aura entraîné son exclusion.
C’est le futur antérieur qui est employé ici et à raison.. Celui-ci indique une action passée qui se produit après une autre action passée.
Il situe une action passée (exprimée dans une subordonnée) comme future par rapport à une autre action passée (exprimée dans la principale).
Le professeur décida qu’il rendrait les copies plus tard.
J’étais sûre que j’obtiendrais une bonne note.
Il disait (imparfait) que, quand il aurait retrouvé (futur antérieur du passé) mon livre, il me le rendrait (futur du passé).
En réalité ce n’est pas le futur antérieur du passé -aurait entraîné- qui convient.
L’action d’entraîner n’est en effet antérieure à aucune autre.
Ce n’est pas non plus le futur antérieur -aura entraîné- qui, de plus, appartient au système du présent.
Il faut écrire : il commit l’erreur qui entrainerait son exclusion
L’action d’entraîner s’inscrit dans l’avenir par rapport à l’action de commettre : on a besoin d’un futur du passé.
« Alloprof
Le conditionnel présent dans les récits au passé
Dans un récit écrit au passé, le conditionnel présent peut être employé comme futur du passé (exemple 1), mais il peut aussi être employé pour formuler un fait incertain, une hypothèse (exemple 2).
- En se levant ce matin-là, elle vit qu’il neigeait encore dehors. Comment irait-elle au marché? Elle aurait de la neige jusqu’aux genoux, c’était certain.
- Elle devait pourtant aller faire des courses le plus rapidement possible : si elle n’achetait pas d’œufs, elle ne pourrait pas préparer le gâteau pour la réception du seigneur de Duvernay.
Important!
Plusieurs autres temps de verbes sont employés dans un récit au passé. C’est le système verbal du passé qui permet de déterminer comment les utiliser adéquatement. »
Tout d’abord, merci pour vos réponses. Il y a eu beaucoup de réponses qui divergent, certes, mais cela me permet de mieux comprendre les différents temps.
Pour commencer, le futur antérieur du passé porte bien son nom, donc inutile d’en parler. Dans tous les cas, je n’avais pas pensé à l’utiliser dans cette phrase.
En ce qui concerne, le futur antérieur, il s’emploie uniquement au présent. Sauf que comme le mentionne Pie, il existe un futur antérieur qui a une fonction de bilan. N’est-il pas adapté à ma phrase ?
*(l’erreur a été produite il y a plusieurs semaines, la phrase décrit un retour en arrière).
Pour conclure, la seule solution qu’il me reste c’est le conditionnel présent employé pour exprimer une action future dans un texte au passé. A partir de toutes vos réponses, deux options me plaisent :
– il commit l’erreur qui entrainerait son exclusion.
– il commit alors l’erreur, qui allait finalement entraîner son exclusion.
@Tara
Je n’ai rien compris à votre commentaire sous ma réponse. Je ne vous ai d’ailleurs pas demandé de me dispenser un cours de français.
@Rikkou
Des réponses qui divergent, écrivez-vous, oui et non.
a) La réponse de jean bordes est simplement fausse.
b) Les deux réponses de Prince et la réponse de Tara, au delà des digressions, expriment en gros la règle de concordance des temps quand le temps de la subordonnée dépend syntaxiquement du temps de la principale (il dit qu’il viendra, il disait qu’il viendrait). Cette possibilité existe également dans une relative :
— il commit l’erreur qui entrainerait son exclusion.
est la transcription rigoureuse au passé de
— il commet l’erreur qui entrainera son exclusion.
Cela vous le savez certainement.
c) Ma réponse dit, comme vous l’avez compris, que dans un système présent, le futur antérieur apporte le sens d’un bilan.
— c’est l’erreur qui aura entrainé son exclusion.
mais que cet emploi, cette nuance, n’est pas transposable dans le système passé par une simple adaptation de la conjugaison, c’est pourquoi j’ai fait deux suggestions d’auxiliaires susceptibles de porter cette nuance dans un système passé.
Mais si voulez travailler sur un sens, sur des nuances, sur des articulations de temps entre eux selon qu’il s’agit de chronologie, d’un rapport de conséquence, de destin, de constat après coup, d’un bilan du point de vue des protagonistes, du bilan dressé par l’écrivain, tout est possible, à condition d’être clair avec ce qu’on veut dire. Écrivez selon ce que vous voulez dire. Il n’y a aucune bonne raison pour ramasser la phrase le plus possible, bien au contraire : pourquoi l’erreur et non une erreur ? pourquoi refuser d’associer un adverbe de temps à chaque verbe ? pourquoi ce raccourci de la relative quand deux propositions indépendantes pourraient exprimer clairement l’enchainement et ne poseraient aucun problème de concordance ? est-ce que pour vous une relative dans le passé porte un rapport de cause à conséquence ? votre récit est-il dé*** cté du présent ou les conséquences d’une erreur sont-elles considérées par l’auteur ce qui autorise des temps du système présent dans la relative ?
— il commit à cette époque une grosse erreur, et sa mission prit fin l’année suivante, et, on le sait aujourd’hui, c’est finalement cette erreur qui aura entrainé son exclusion (le futur antérieur est donc possible si on passe du système passé au système présent, mais il faut le faire proprement)
— il commit alors une erreur dont on sait aujourd’hui qu’elle a entrainé son exclusion (les adverbes de temps permettent le passage du passé simple au passé composé)
— il commit alors l’erreur dont il s’avèrerait plus tard qu’elle avait entrainé son exclusion (subtilité d’un plus-que-parfait dépendant d’un futur dans le passé pour finalement revenir à l’instant du début)
— il commit un jour une erreur, erreur dont on allait finir par découvrir en 1940 qu’elle avait entrainé son exclusion en 1930
— il commit un jour une erreur, erreur qui allait entrainer son exclusion l’année suivante (adverbe anaphorique, concordance des temps nécessaire)
— il commit à cette époque une erreur ; cette erreur a finalement entrainé son exclusion l’année dernière (adverbe déictique, pas de concordance des temps)
Vous ne devez pas écrire une phrase puis chercher si elle est correcte ou non, ou quelle nuance elle porte selon ses temps. Vous devez penser de façon claire et logique, avec autant d’adverbes que nécessaire, des répétitions quand elles aident à la compréhension, des ponctuations marquées pour mieux articuler, et écrire de façon simple ; la concordance des temps, là où elle est nécessaire, viendra toute seule.
Bon d’accord. Alors si moi, je vous donne des leçons, au moins c’était poliment et avec un certain respect. Rikkou quant à lui se voit infligerpar vous : Vous ne devez pas écrire une phrase puis chercher si elle est correcte ou non, ou quelle nuance elle porte selon ses temps. Vous devez penser de façon claire et logique…
Eh bien !
@Pie
Bonjour,
Merci pour cette réponse détaillé et vos exemples.
Je suis clairement novice dans le domaine (c’est mon premier récit), donc écrire de manière correcte naturellement est quasiment impossible.
La plupart du temps, je me base sur mon « feeling », si j’apprécie les phrases ou non, puis je vérifie si elles sont biens corrects.
– « l’erreur » à la place de « une erreur » ? Je vous retourne la question, pourquoi pas ? Il est difficile d’expliquer ma pensée, mais pour moi « l’erreur » est plus adapté, plus impactant.
– L’utilisation des adverbes ne me plait pas, cela me semble inutile et « lourd » dans ce cas-là.
– Les deux propositions à la place d’une seule phrase relative me conviennent.
– Et oui, mon récit est entièrement au passé.
Que le futur antérieur porte l’idée d’une « action passée qui se produit après une autre action passée » comme écrit plus haut, c’est très douteux.
Il existe en revanche un futur antérieur de bilan :
— tout est perdu ; mon travail n’aura finalement servi à rien
Même avec quelques verbes au passé composé autour, le bilan est bien tiré dans un système présent :
— j’ai perdu ; j’ai été battu ; j’ai compris que mon travail n’aura finalement servi à rien
Votre exemple :
— il a commis hier une erreur, qui a entraîné son exclusion : très correct, simple chronologie entre la cause et la conséquence
— il a commis hier une erreur, qui aura finalement entraîné son exclusion : l’erreur est constatée au passé composé et le bilan actuel est exprimé par un futur antérieur ; c’est une bonne utilisation de ce temps
Mais comme vous l’écrivez, on n’utilise pas le futur antérieur dans un texte au passé :
— il commit alors une erreur, qui entraîna son exclusion : très correct, simple chronologie ne nécessitant pas un futur dans le passé
La transposition du futur antérieur de bilan vers le passé n’existe pas vraiment. On en approche cependant le sens en utilisant un auxiliaire comme aller ou devoir :
— il commit alors une erreur, qui allait finalement entraîner son exclusion
— il commit alors une erreur, qui devait finalement entraîner son exclusion
Il est certain, Pie, que beaucoup de temps n’ont souvent pas qu’une seule valeur et parfois leur valeur n’est pas temporelle mais modale.
L’emploi du présent peut être un procédé relevant de l’Hypotypose, il peut avoir une valeur de futur aussi, le futur peut servir à une injonction, l’imparfait exprime parfois l’hypothèse, le futur du passé est utilisé comme conditionnel, etc.