Accord dans la pronominalisation d’un COD
Bonjour,
Pour un exercice, je dois pronominaliser des COD identifiés dans des phrases et je bloque sur le cas suivant :
« Nous avons cru que nous avions laissé le sac dans la voiture. »
Doit-on opérer un changement dans les temps et écrire « Nous l’avions cru » ou laisser « Nous l’avons cru » ?
Merci
Bonsoir,
Non.
Nous avons cru que nous l’avions laissé dans la voiture.
Il est difficilement concevable que « pronominaliser un COD », même si ce COD est une proposition complétive forcément conjuguée à tel ou tel temps, aboutisse à modifier le temps du verbe de la proposition principale :
— Je sais qu’il est venu –> je le sais
— Je sais qu’il vient –> je le sais
— Je sais qu’il viendra –> je le sais
Et donc la pronominalisation crée une perte d’information ? Oui, c’est normal. On perd toute l’information sur le temps du verbe de la complétive COD. Mais si on a choisi de pronominaliser, c’est certainement que l’information perdue est retrouvable dans la proposition précédente (d’où le nom du pronom anaphorique) : il est venu, je le sais.
Cependant, répondrez-vous, ce qui est évident dans une phrase au présent l’est moins dans une phrase au passé, car si au présent le temps de la principale et le temps de la subordonnée sont indépendants l’un de l’autre, ce n’est pas le cas au passé. Au passé, c’est l’articulation des temps entre deux propositions qui induit l’interprétation de l’antériorité ou de la simultanéité. Et donc si le temps du verbe de la subordonnée est choisi en fonction du temps du verbe de la principale pour exprimer l’antériorité ou la simultanéité, il faut bien alors reconnaître que la subordonnée, même réduite à l’état de pronom, continue à porter une part de la temporalité de la phrase globale.
Mais en vrai on s’en fout, même au passé, seul le temps de la principale est conservé :
— Je savais qu’il faisait beau –> Je le savais
— Je savais qu’il avait fait beau –> Je le savais (et non je l’avais su)
Peut-être avez-vous une intuition ou un exemple qui incite à transférer le temps de la subordonnée vers la principale quand on réduit la subordonnée à un pronom (je t’ai bien dit qu’il était grand = je te l’avais bien dit). C’est une idée à creuser, mais franchement je ne crois pas que le temps d’une subordonnée, quand la subordonnée s’efface, puisse s’imposer à une principale. Et si c’était le cas, ce serait uniquement pour des raisons de sens, et non pour des raisons syntaxiques.
Nous avons cru que nous avions laissé le sac dans la voiture.
Les informations données dans la principale sont : l’action : croire – l’agent de cette action : nous – le temps de cette action : avons cru – de plus, on sait que l’action a un objet (parce que le contexte a certainement éliminé un emploi absolu du verbe).
La transformation concerne la proposition subordonnée COD seulement. La principale doit conserver toutes ses informations. Elle n’est affectée que par la place de son COD qui lui seul, change de forme, passant de proposition à pronom.
Merci pour vos réponses et vos éclaircissements !