négations cumulées
Bonjour,
Comme en latin on dit « non nemo » » ne pas personne » pour dire « quelqu’un » me semble-t-il, est-ce qu’en français dans la phrase:
Et sans plus craindre aucun péril
l’accumulation de « sans plus » et « aucun » revient à dire l’inverse de l’inverse, autrement dit qu’elle « craint un péril » et non plus qu’elle n’en craint plus aucun?
Le déterminant « aucun », qui signifie « pas un », est quantitatif et négatif. Il s’emploie avant un nom dont on ne précise pas l’identité et dont la quantité est nulle.- Il peut être précédé de la préposition « sans » : dans ce cas, il est adjectif, pour insister sur l’idée d’absence que la préposition « sans » marque déjà (condition négative, privation, absence, exclusion).
– Croyez-le sans aucune hésitation.
Je ne partage pas votre analyse, il n’y a pas d’idée de « contraire » mais insistance sur l’absence de péril.
« Sans » porte sur le verbe « craindre » et pas sur péril :
Et sans plus craindre aucun péril, il … » =Il ne craint plus aucun péril.
aucun est adjectif de « péril » aucun péril = pas/plus un seul péril.
—> il ne craint plus/pas un seul péril.
Je ne partage pas votre analyse, il n’y a pas d’idée de « contraire » mais insistance sur l’absence de péril.
Oui en fait je pense comme vous, mais c’est une remarque qui m’a été faite et je souhaitais m’en assurer, merci
Question intéressante, comme le sont celles sur les mots qualifiés d’énantiosèmes, comportant intrinsèquement des sens opposés ou inverses.
Il s’agit d’un fait linguistique surprenant qui touche presque une centaine de mots (selon ma base de données) mais crée toujours des problèmes. Des exemples bien connus sont louer, hôte, sanctionner ou personne.
Ce n’est pas le lieu pour entrer dans une étude détaillée mais ce phénomène existe dans d’autres langues (anciennes ou modernes) et n’a jamais été éliminé malgré ses inconvénients apparents.
Pour aucun, il signifie à la base (Xe siècle, ancien français alcun, quelqu’un, un individu indéterminé). C’est une déformation haut médiévale du latin classique aliquem unum (un certain, n’importe qui). Il ne s’employait normalement que dans des phrases affirmatives jusqu’à ce qu’on le trouve avec une négation à la Renaissance (attesté chez Montaigne) sans qu’il ait encore par lui-même la notion de négation. Ce n’est que plus tard encore qu’il devient autonome, prenant abusivement le sens de « nulle personne » ou de « rien ». Mais cela fut toléré par l’Académie qui se montrait à l’époque indulgente avec ces bizarreries.
On retrouve cette ambigüité dans la forme d’aucuns qui signifie bizarrement certains de nos jours. Il faut rester prudent avec ces archaïsmes dans la vie courante et les réserver à la rédaction littéraire ou technique.
Effectivement Thomoios, votre question est très intéressante, et je me fais la même réflexion que vous.
Personnellement, la tournure me semble au moins maladroite, sinon erronée, et j’opterais plutôt pour :
Et sans plus craindre le moindre péril
Et sans plus attendre la moindre assistance de leur part