Virgule (ou pas) / Rupture de construction / Présager
Bonjour,
Je souhaiterais obtenir un avis sur trois points :
1. On ne doit pas mettre de virgule après un complément circonstanciel de temps ou de lieu placé en tête de phrase s’il est suivi d’une inversion verbe-sujet. Mais, dans le cas ci-dessous, faut-il insérer ou non une virgule après « entrée » ?
Ex. : Outre la délicieuse entrée, défilent suprême de sole, veau mariné et gigots de mouton.
2. Cette phrase présente-t-elle une rupture de construction ?
Son frère étant aussi parti à la guerre, cette situation les a rapprochées toutes les deux.
3. Est-ce que l’emploi de « de ce que » après le verbe « présager » est correct ?
Ce qui laisse présager de ce que nous allons découvrir à notre arrivée dans ce pays.
Je vous remercie pour vos réponses.
1) Dans le cas d’une inversion du sujet et du verbe, aucune virgule n’apparaît après le complément de phrase, y compris dans votre exemple, « outre » a le sens de « après »
2) Pas de rupture de construction car il y a bien deux sujets différents :
Son frère étant aussi parti à la guerre, cette situation les a rapprochées (toutes les deux). Attention à la redondance.
3) Ce qui laisse présager ce que nous allons découvrir à notre arrivée dans ce pays. (je ne mettrais pas « de » – voir ci-après Larousse)
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CONSTRUCTION
Présager qqch = annoncer. Des grondements lointains présageaient l’orage.
Présager de = tirer (telle conjecture, telle supposition) de. Nous présagions cette éventualité des nouvelles qui nous sont parvenues.
Présager que (+ indicatif) = supposer, présumer. Je présage que vous voudrez partir de bonne heure.
Outre l’objet direct, on peut trouver légitimement un complément indirect introduit par de et qui autorise la conjecture :
On peut dire : Je ne présage rien de mauvais de ce que vous me dites là.
Académie citée par Dictionnaire des difficultés de la langue française, A. V. Thomas (couronné par l’Académie française)
Meilleure réponse
. Portée par le vent de sud, il s’agit de la sonorité de la cloche de l’église.
Rupture de construction : après la virgule on attend un sujet auquel se rapporte le participe passé
—> porté par le vent de sud, le son (plus juste que « sonorité ») de la cloche de l’église se fait entendre.
2. Décontenancés, c’est la mort dans l’âme qu’ils me choisirent.
On a ici seulement un déplacement du complément rendue obligée par la formule d’insistance « c’est… que ». On n’a donc pas une rupture de construction
—> décontenancés, ils me choisirent la mort dans l’âme
3. La machine est installée. Solidement fixée au sol, il n’y a plus qu’à œuvrer.
Rupture.
—> la machine est installée, solidement fixée au sol. Il n’y a plus qu’à œuvrer.
4. Il nous a indiqué le cinéma. Situé en face du marché où nous sommes, il suffit de traverser pour s’y rendre.
Rupture.
—> il nous a indiqué le cinéma situé en face du marché où nous sommes ; il suffit de traverser pour s’y rendre
5. Partis de Lyon où nous nous étions liés, nos chemins se sont séparés, puis nous nous sommes revus plus tard.
Rupture : partis n’a aucun référent dans la proposition.
–> Nous sommes partis de Lyon où nous nous étions liés ; nos chemins se sont séparés ; nous nous sommes revus plus tard.
6. Sans avoir la prétention de me comparer à eux, le pensum que je m’impose m’aide à mieux les comprendre.
Rupture
—> Sans avoir la prétention de me comparer à eux, je m’impose un pensum qui m’aide à mieux les comprendre.
Tara, 20 janvier 2021
Merci Joëlle pour vos éclaircissements, qui sont clairs pour les points 1 et 3.
Pour le point 2, j’aurais cru qu’il fallait reprendre le sujet pour la deuxième partie de la phrase : Son frère étant aussi parti à la guerre, elle s’est alors sentie plus proche de son amie. Après la virgule, on attend un sujet auquel se rapporte le participe présent de la première partie de la phrase, non ?
votre proposition : son frère étant aussi parti à la guerre, elle s’est alors sentie plus proche de son amie. Cette phrase n’est pas une rupture syntaxique, puisque le sujet de la proposition participiale est le frère, et celui de l’autre est « elle ». Il n’y a pas de reprise de sujet mais deux sujets différents, tout va bien.
Toutefois, je remarque que la phrase de votre question était différente :
Son frère étant aussi parti à la guerre, cette situation les a rapprochées toutes les deux.
Cette phrase est également correcte puisqu’il y a deux sujets.
Je vous rappelle les cas de rupture syntaxique : quand le sujet sous-jacent de la participiale n’est pas conforme au sujet suivant :
Etant parti à la guerre (frère), elle se rapproche de son amie.
Faites simple, vous voulez dire que deux amies se rapprochent / se sentent proches car toutes deux ont un frère parti à la guerre. Dites-le ainsi, ce sera sans équivoque et moins lourd.