RE: Subjonctif passé, imparfait… après présent de l’indicatif ?
Bonjour,
J’ai grand besoin d’un (ou plusieurs!) avis d’experts sur un cas d’emploi du subjonctif particulièrement épineux. Voici la phrase en cause (fautive il me semble, en l’état) :
« Nous comprenons qu’elle espérait une deuxième chance »
Attendu que :
1) « Comprendre que » au sens de « comprendre pourquoi » impose le subjonctif.
2) Le verbe espérer renvoie, dans le contexte du récit, à un espoir qui dure et qui ne peut donc être traduit par la forme passée « qu’elle ait espéré », laquelle traduirait un espoir bref, éphémère, selon moi…
Qu’en pensez-vous ?
Merci !
Les emplois du subjonctif sont extrêmement nuancés.
Pour plus de clarté nous allons prendre un verbe du 3e groupe dans la subordonnée. C’est bien le verbe « comprendre dans la principale qui peut avoir une incidence sur le verbe de la subordonnée (quel qu’il soit : espérer, vouloir, prendre…)
1 Je comprends qu’elle veuille une deuxième chance .
2 Je comprends qu’elle veut une deuxième chance.
Les deux modes sont possibles dans la subordonnée, mais le sens diffère.
En 1 : l’information est : je comprends : c’est ce sur quoi porte principalement l’énoncé : l’attitude psychologique de l’énonciateur. Le deuxième fait passe en second plan
En 2 : deux informations sont sur le même plan : -elle veut tenter sa chance + je comprends ce fait. Le verbe « comprendre » pourrait presque être remplacé par « j’entends » ou « je me rends compte »
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Bien sûr, la subordonnée mise au passé accepte aussi les deux modes avec la même nuance de sens.
1 Nous comprenons qu’elle voulût/eût voulu une deuxième chance.*
2 Nous comprenons qu’elle voulait/ a voulu une deuxième chance.
(Je peux expliquer le choix entre les temps simples et les temps composés de la subordonnée, si vous le désirez)
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*Comme les temps imparfait et plus que parfait du subjonctif tombent un peu en désuétude, on accepte le présent et le passé du subjonctif à la place —> veuille/ait voulu
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Évidemment avec le verbe espérer :
1 Nous comprenons qu’elle espérât/eût espéré une deuxième chance. —>(qu’elle espère (mais perte d’une nuance car verbe du 1er groupe)/qu’elle ait espéré une deuxième chance.
2 Nous comprenons qu’elle espérait/a espéré une deuxième chance.
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J’ai conscience que le jeu des temps est assez complexe (ici j’aurais pu écrire « soit assez complexe mais j’ai voulu affirmer la complexité autant que mon attitude mentale devant cette complexité : conscience du fait). N’hésitez pas à poser d’autres questions si nécessaire.