Passé composé
Bonjour à tous!
pourriez-vous me dire quelle phrase est correcte? Et expliquez-moi pourquoi.
1) Les deux heures que vous avez passé à travailler vous ont permis de gagner 20 euros.
2) Les deux heures que vous avez passées à travailler vous ont permis de gagner 20 euros.
Merci!
Je donne lune référence : Grevisse, 7e édition revue par Henri Briet, L’accord du participe passé, De Boeck Duculot :
Le cas du PP eu suivi par l’infinitif introduit par la préposition à.
On peut soit laisser ce PP ivariable, soit l’accorder avec le C.O.D. qui précède.
L’immensité des espaces qu’elles ont eu à vaincre. (BHL) (A.G.)
La première lettre que j’ai eue à écrire (Romain Rolland) (A.G.)
Grevisse et le Robert en ligne sont d’accord, c’est cool ! 😀
Plutôt que de répéter la même chose que moi, ta réponse aurait été intéressante si par exemple elle avait expliqué pourquoi les deux accords sont acceptés.
Y a-t-il une possibilité que « deux heures » soit un simple complément de mesure de durée interne, n’emportant donc aucun accord ? Non, probablement pas avec le verbe « passer », qui a certes plusieurs constructions possibles (intransitivement : le temps passe ; et transitivement avec COD : il passe son temps). Le verbe « passer » a priori ne reçoit jamais de complément de durée introduit sans préposition.
Le verbe « passer » appelle-t-il donc ici un COD ? Oui, et il faut identifier le COD. Et puisque ce COD est « deux heures », antéposé, alors accordez au féminin pluriel, ce n’est pas plus compliqué. Il n’est pas possible de ne pas accorder.
La page de lerobert.com citée par phil-en-trope est d’une bêtise sans nom : « lorsque l’infinitif est précédé d’une préposition, le participe s’accorde ou non ». De quel droit le triste personnage chargé de la rédaction de cette page rompt-il avec la règle de l’accord du participe passé accordé avec le COD antéposé ? Ne lui accordez aucune confiance.
La seule question est de savoir de quoi le syntagme antéposé est l’éventuel COD :
— l’année que j’ai cherché à décrire : on n’accorde pas, jamais.
— l’année que j’ai passée à écrire : on accorde, toujours.
Il n’existe pas d’exception à la règle (certes arbitraire) de l’accord du participe-passé-construit-avec-l’auxiliaire-avoir-avec-COD-antéposé.
Il n’est pas acceptable de dire, à la fois, qu’un verbe conjugué a obligatoirement un COD, et que ce COD est peut-être finalement le COD d’un autre verbe, car alors où serait alors le COD du verbe conjugué ? Le verbe cesserait-il d’être transitif direct ?
Les erreurs de lerobert.com, de phil-en-trope et de Prince sont de considérer que puisque une construction est flexible dans certaines conditions bien précises avec deux interprétations possibles (du type très artificiel et rare « avoir à faire » avec possibilité qu’un COD s’applique à « avoir » et non à « faire »), alors, puisqu’elle est flexible parfois, elle est toujours flexible même si une seule interprétation est possible. C’est une grave erreur de raisonnement logique qui se transmet de génération en génération, de prof de collège à prof de collège, ces aberrations entrant même parfois dans les manuels. Il y a sur ce site cent exemples de ce type grossier d’erreur, comme ici, autorisant l’absence d’accord quand l’accord est nécessaire.
Ma réponse va être supprimée très vite, mais s’il est encore temps de vous convaincre sur le rapport entre le participe passé de l’action et le COD, voici un exemple :
— Ces deux heures, vous les avez passées dehors.
— Ces deux heures, vous les avez passées à travailler.
— Ces deux heures, vous les avez passées à travailler dehors.
Qui peut vraiment faire semblant de croire que « deux heures » soit COD de « travailler » et non de « passer » ?
Bonjour,
Deux problèmes :
1) deux heures à travailler est-il un complément circonstanciel de mesure ou un COD ?
passer est un verbe transitif, il se construit donc obligatoirement avec un CO, le complément circonstanciel est par conséquent ici exclu.
2) Comment accorder un participe passé lorsque l’infinitif est précédé d’une préposition ? Les deux accords sont acceptés (extrait de Robert en ligne) :
Je complète ma réponse après lecture de celle donnée par JP32.
JP32 a dit : « Et puisque ce COD est « deux heures », antéposé, alors accordez au féminin pluriel, ce n’est pas plus compliqué. »
Je réponds : « Si justement, c’est compliqué. »
JP32 a dit : « Qui peut vraiment faire semblant de croire que « deux heures » soit COD de « travailler » et non de « passer » ? »
Je réponds : « En effet, deux heures n’est pas le COD de travailler. »
Alors ? Eh bien, selon la façon dont on va analyser ce qui suit passer, on pourra ou non accorder le participe.
— Si on considère que le COD de passer est le bloc deux heures à travailler, le COD n’étant que partiellement antéposé, on pourra ne pas accorder le participe.
Un test qui va dans le sens de cette analyse « en bloc », c’est la difficulté dans ce cas précis à accepter la pronominalisation de l’infinitif (2), qui dans d’autres cas ne pose pas de problème (1) :
(1) Il a songé à marcher et puis finalement, il y a renoncé. (Il a renoncé à marcher.)
(2) ??? Il a songé à marcher, et d’ailleurs il y a passé deux heures. (Il a passé deux heures à marcher.)
A contrario le complément de lieu sera pronominalisable sans difficulté :
Il a songé à aller dans la forêt, et d’ailleurs, il y a passé deux heures. (Il a passé deux heures dans la forêt.)
Dans ce dernier cas, l’accord du participe passé avec heures ne fait en effet pas de doute :
Les deux heures qu’il a passées dans la forêt lui ont fait le plus grand bien.
— Si on considère que le COD de passer est deux heures (à travailler étant un complément qui reste à définir : complément essentiel, de manière ? De quelle façon a-t-il passé ces deux heures ? De but ? Dans quel but a-t-il passé ces deux heures ? Autre CC ? Complément d’objet indirect ? À quoi a-t-il passé ces deux heures ?), alors on accordera le participe.