Bonsoir,
Le Bon usage électronique actuel, n° 446 :
Plusieurs sujets infinitifs
1. « Les donneurs sont des infinitifs :
verbe au singulier :
Donner et retenir ne vaut (prov. dans Littré, art. valoir ). — S’agiter et blesser est l’instinct des vipères (Vigny, Dest., Oracles). — Entendre le son de la cloche et se dire : je vais monter avec l’échelle, ne fut qu’un instant (Stendhal, Rouge, II, 19). — Sentir, aimer, souffrir, se dévouer, sera toujours le texte de la vie des femmes (Balzac, E. Grandet, G.-F., p. 129). — S’occuper de sa voiture et l’y faire monter eût peut-être dû faire partie des fonctions du chasseur (Proust, Rech., t. I, p. 706). — Admirer la pensée de Proust et blâmer son style serait absurde (Cocteau, Poésie critique, p. 191). — Souffrir et remuer la souffrance en soi et dans les autres a pour elle de la vertu (P.-J. Jouve, Hécate, F°, p. 10). — Se chercher et se fuir est également insensé (Malraux, Tentation de l’Occident, p. 70). — Aplanir le terrain, le défoncer, ouvrir des tombeaux où Lol fait la morte, me paraît plus juste […] que de fabriquer des montagnes (Duras, Ravissement de Lol V. Stein, F°, p. 37). — Tracer une perspective et préparer nos lendemains politiques répond aux vœux des Français (Fr. Mitterrand, dans l’Express, 6 sept. 1962). — Lire le journal d’un écrivain qu’on admire et partager ses idées crée une sorte de proximité et une amitié (P. Harmel, préf. de : Fr. Bastia, Avau le vent). — Préférer Soljenitsyne à Brejnev, dénoncer les pièges pacifistes, combattre les délires américains lui [= à Glucksmann] a valu, régulièrement, insultes et calomnies (R.-P. Droit, dans le Monde des livres, 10 mars 2006, p. 8). A
•Les donneurs sont des propositions conjonctives :
Que A*** eût accepté de partir avec moi, que dormir ensemble lui eût paru aller de soi pouvait signifier aussi bien la permission de succomber à une tentation que la mise à l’épreuve de ma constance (A. Garréta, Sphinx, pp. 97-98).
2. Mais il n’est pas interdit de mettre les receveurs au pluriel.
•Les donneurs sont des pronoms accompagnés d’une proposition relative :
Ce qui s’était passé entre Adrienne et ma grand’mère, ce que Jean avait voulu en conduisant de la sorte notre aventure, étaient bien enfouis derrière le calme des visages (Estaunié, Silence dans la campagne, p. 192). — Ce qui reste du modèle, ce qu’apporte le copiste composent un troisième personnage (Cocteau, Poésie critique, p. 207).
•Les donneurs sont des infinitifs : Manger, boire, dormir, se promener sont permis (Amiel, Journal, 17 janv. 1879, dans la Nouv. revue franç., janv. 1940, p. 98). — Écrire et penser ne font strictement qu’un (Bourget, cité dans les Lettres romanes, févr. 1953, p. 18). — Veiller et vouloir sont une seule et même chose (Bergson, Énergie spirit., p. 104). — Bien parler, mal parler sont des habitudesfort (Hermant, Chron. de Lancelot du « Temps », t. I, p. 195). — Se dévêtir sous une treille, s’allonger entre des murs assaillis par un foisonnement de fleurs exotiques, s’abandonner à la violence des plantes, à la douceur de l’eau […] lui causaient un perpétuel ravissement (E. Charles-Roux, Elle, Adrienne, p. 192). — Instruire et éduquer sont une vocation véritable (Druon, La France aux ordres d’un cadavre, p. 118). — Rire est difficile, respirer et vivre sont difficiles (Y. Simon, Prochain amour, p. 176). »
Je doute fort que, par exemple, veiller et vouloir « expriment une même idée » !