Écriture par déplacements et renvois
Bonsoir,
dans ma version de Par-delà le bien et mal de Nietzsche, une annotation mentionne que ce dernier utilise un système de métaphores, ainsi qu’une « écriture par déplacements et renvois », sans élaborer davantage. Sauriez vous m’expliquer ce que cela veut dire?
Je pense qu’il faut prendre ces termes « déplacements » et « renvois » au pied de la lettre (si j’ose cette expression).
Il s’agit de l’écriture de Nietzsche et non de son style, de la façon dont il écrit si on peut dire matériellement. En ce cas, les choses sont assez claires. Il manipule son texte, le restructure, déplaçant des passages plus ou moins longs, effectuant de renvois d’une page à l’autre.
Mais je ne suis pas familière de ce philosophe.
Notons que ces déplacements et renvois peuvent être visibles dans son texte.
Pour ce qui concerne le style de Nietzsche, Blondel :
Ainsi, l’ellipse, la suspension, l’ironie, la litote caractérisent le texte nietzschéen (…) de nombreux
aphorismes s’interrompent sur des phrases inachevées, des questions sans réponses, des tirets ou des
points de suspension et il n’est pas jusqu’au blanc les séparant qui ne puissent être compris comme
ellipses et anacoluthes. (…) A cette diversité stylistique s’en superpose une autre, que l’usage pourtant
frappant des guillemets et des italiques ne permet de constater que partiellement : non seulement le
sujet-auteur désigné dans le texte n’est pas toujours le même, mais encore il parle plusieurs langues,
successivement ou simultanément.
J’espère vous avoir été utile.
Je comprend votre définition du renvoi, qui sans doute est la bonne, car elle correspond effectivement à un phénomène récurrent dans le peu que j’ai lu de Nietzsche : les référence à des idées énoncées précédemment, parfois même dans d’autres livres, sont très fréquentes. Pour le déplacement, j’avoue avoir plus de difficulté. De ce que j’en comprend, vous le voyez comme une méthode d’écriture, un mécanisme derrière les coulisses, invisible au lecteur ? Mais en ce cas, je comprend mal la décision d’avoir évoqué cela dans la même annotation, entre deux mécanismes bel et bien visibles, que le lecteur doit savoir reconnaitre pour pouvoir comprendre l’auteur.
Quoiqu’il en soit, merci beaucoup pour ces clarifications !
Votre remarque est pertinente ; je me l’étais faite aussi.
Il se peut que Nietzsche renvoie le lecteur parfois en amont du texte mais je n’en sais rien car je l’ai peu lu en fin de compte.