Figures de style
Bonjour,
Quelle est l’utilité des figures de style ? Qui peut les utiliser ?
En classe, au collège et lycée, on analysait souvent celles-ci. Cependant, si on les utilisait, on nous écrivait dans la marge « Pourquoi l’appelles-tu ainsi ? » pour les périphrases, « … ne peut pas … » pour les métonymies, « répétitions » pour les anaphores, « phrases non construites » pour des énumérations, etc.
Donc, qui peut les utiliser ?
Merci !
Voyez-vous, une figure de style n’est intéressante que si elle est voulue en vue de produire un effet spécifique.
Ainsi, la métaphore (filée) de Victor Hugo dans son Booz endormi :
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.
Booz endormi – Victor Hugo
superpose l’image d’un champ moissonné sur le ciel étoilé.
Celui qui regarde le ciel est un homme de la terre qui a travaillé dans son champ toute la journée et qui maintenant se repose. Il médite sur la vie et la mort et se tourne vers Dieu.
C’est pour cela que la métaphore s’impose, sans rien de superficiel car il est normal que par association d’idées, un moissonneur projette des images de moisson sur le ciel qu’il contemple.
Mais la métaphore est intéressante parce qu’elle montre une analogie entre la vie et le travail de l’homme et l’activité créatrice de son Dieu. Du coup et avec l’adjectif éternel, le ciel devient une image de l’éternité à laquelle croit Booz et à laquelle il aspire.
La moisson porte l’idée de fertilité et précisément, la vie de Booz, qu’il croyait finie, va reprendre force et fécondité grâce à l’intervention divine qui a peut-être laissé cette faucille d’or, comme un signe.
Je vous ai donné cet exemple pour que vous compreniez qu’une figure de style ne doit jamais être faite pour elle-même. Il faut qu’elle porte sens.
A cette condition, et à cette condition seulement, chacun peut les utiliser.
Tout le monde peut faire des figures de style, sauf ceux qui ne savent ni parler ni écrire. Car la figure de style existe en soi, même si on ne la fait pas consciemment ou qu’on ne sait pas la dénommer. Sinon, autant dire que M. Jourdain ne faisait pas de la prose !