Je ne préfère pas
Bonjour,
On lit souvent dans les sous-titres de films traduits de l’anglais « Je ne préfère pas » comme
réponse à une question du genre « Voulez-vous que je prévienne la police? », la réponse ayant le sens supposé de : « Je préfère que vous ne le fassiez pas. »
Cela crée, me semble-t-il, un contresens, la réponse donnée signifiant rigoureusement : »Je n’ai pas de préférence ».
Personnellement, j’aurais tendance à écrire « Je préfère pas », ou « J’aime mieux pas », mais est-il correct d’utiliser un « pas » sans un « ne » qui (ne?) l’accompagne?
Merci.
A votre première question, je vous transmets mon avis :
« J’aimerais mieux pas » => elle me semble correcte
« J’aime mieux pas » => Celle-ci me semble acceptable aussi, mais entre les deux j’opterais pour la première pour une raison de fluidité (avis très subjectif, je le reconnais)
Concernant l’utilisation du temps, le conditionnel pourrait indiquer qu’un léger doute plane (j’aimerais mieux ne pas le faire mais si vous pensez qu’il le faut, alors je pourrais me laisser convaincre) alors que le présent semble plus déterminé. Ce n’est que mon avis personnel.
« Je préfèrerais pas » => Cette traduction me « pique les yeux », j’ai toujours un doute lorsque je la lis ; elle me gêne.
« Je préfère pas » => Celle-ci me paraît préférable à la précédente (aie… devrais-je utiliser un autre adjectif ? ^^)
Ces deux traductions me semble un peu familière ou du moins correspondre au langage courant qu’évoquait Jean Bordes.
« J’aimerais autant pas » => elle me semble correcte aussi
« J’aime autant pas » => Celle-ci a ma préférence : le présent permet de contextualiser la réponse et me donne l’impression de transmettre une décision prise sur l’instant.
Pour traduire une phrase plus complète du type « I’d rather not go » je traduirais par « J’aime autant ne pas y aller/Je préfère ne pas y aller ». D’abord parce que la traduction sera correctement formulée ensuite parce que la construction française sera similaire à l’anglaise.
Pour traduire, il faut tenir compte de la phrase sur laquelle on travaille mais également du contexte. « I would prefer not to » ou « I’d rather not » n’apparaîtront qu’en réponse à une question (voulez-vous que l’on fasse ça?), à une suggestion (on pourrait faire ça), une alternative (on peut faire ça, mais à bien y penser, vous préfèrerez peut-être ça) etc. Il faudra évidemment tenir compte de cet élément précédent pour préparer la traduction la plus adéquate. Ce travail d’adaptation est au moins aussi important que la traduction elle-même. Au final, on pourrait même se retrouver avec une toute autre formulation.
http://www.linguee.com/french-english/translation/je+ne+pr%C3%A9f%C3%A8re+pas+l’envoyer.html : montre quelques traductions des expressions « I would prefer not/I’d rather not ». On voit bien que le temps utilisé peut s’adapter en français, de même que les traductions suggérées.
2 Dans le même sens de « Je préfère ne pas le faire » , est-il correct d’écrire « Je ne préfère pas » ? ( par un espèce de « glissement de la négation ») ou cela crée-t-il un contresens?
Je pense que dans ce contexte « Je (ne) préfère pas » est une expression « toute faite » (issu du langage parlé ?) qui a un sens propre.
« Voulez-vous que l’on appelle la police ?
(Non,) je (ne) préfère pas. »
L’emploi ou non de la double négation indiquera un langage plus ou moins soutenu en fonction du type de personne qui fait la réponse : un ado/une personne décontractée ou avec une faible éducation/un voyou pourrait omettre la double négation, alors qu’un adulte plus éduqué l’utilisera par exemple. Ce sont des petits détails qui donneront un plus à la traduction.
Si l’on s’attache à l’idée d’une traduction pour un sous-titre, il faudra tout de même tenir compte du temps de lecture.
Merci pour les liens, le premier est sympa à lire et montre bien toute la difficulté de l’exercice, quant au second, il rejoint immédiatement mes favoris !
Bonjour,
Le souci avec le sous-titrage est qu’il faut tenir non seulement du sens (de ce qu’il faut traduire) mais également du temps de lecture du spectateur. En matière de sous-titrage, il y a un timing moyen à respecter pour que le spectateur ait une lecture confortable sans perdre le film de vue (au propre comme au figuré).
Ainsi, il faut chercher à transmettre un sens (en langage courant) plutôt qu’une traduction exacte (de tous les mots). Autrement dit, le sous-titre transmet « l’esprit » plutôt que la « lettre », sauf exception pour la pertinence d’un détail par exemple. Parfois, la grammaire est un peu mise à mal avec l’omission de la double négation.
Certes, on perd une certaine richesse de dialogue, de vocabulaire… (ce dont on se rend compte lorsque l’on maîtrise un peu la langue d’origine). Mais c’est un (bon?) compromis.
Une traduction « à la lettre » rendrait les sous-titres illisibles : trop de lignes et/ou pas assez temps pour les lire et pas de temps à accorder aux images.
Toute la difficulté est donc de conserver le sens sans trahir l’esprit de ce qu’il faut traduire. C’est compliqué et technique. C’est un vrai challenge. Et en matière de sous-titrage, ce n’est pas le seul.
La phrase « I’d rather not. », qui doit être celle que lucjs évoque, peut se traduire de différentes façons. Instinctivement, je la traduits par « J’aime autant pas. » Mais « Je (ne) préfère pas. » semble plus facilement et immédiatement compréhensible par la majorité. Ce doit aussi être l’avis des traducteurs puisqu’elle est souvent utilisée.
Le sous-titrage est une discipline ardue et, pour peu que l’on maîtrise un peu la langue d’origine, on devient vite critique. Surtout, notre propre sensibilité nous fera préférer un style de traduction plutôt qu’un autre, nous rendant plus ou moins satisfait de ce que l’on pourra lire. Ce n’est pas toujours simple non plus d’être de ce côté du sous-titre. 😉
Dans le langage courant, on dit « je préfère » ou « je ne préfère pas ».
Le « ne » est indispensable à une réponse négative.
« préférer » est un verbe teansitif auquel est attaché un COD :
Je préfère cette robe.
Je ne la préfère pas.
Ainsi, la bonne formulation sera :
– « Voulez-vous appeler la police ?
– Je ne le préfère pas. »
Bonjour
Le verbe anglais prefer a pour traduction : préférer mais aussi aimer mieux lorsqu’il associé a would (‘d)
I’d prefer you not to smoke , please = I would like it better if you did not smoke, please.
La réponse anglaise est sûrement : I’d prefer you didn’t que l’on ne doit pas traduire littéralement.
I’d prefer you didn’t ──► j’aimerais mieux que vous ne le fassiez pas.
Dans une phrase négative , on emploie en général la négation complète (ne …pas)
Je ne vais pas au cinéma ce soir.
Ne peut s’employer seul dans certaines phrases:
Il ne dit mot
Si ce n‘est =excepté
L’homme n‘est ni ange ni bête (Pascal)
Il y a huit jours que je ne l’ai vu.
Vous devez donc dire/écrire:
Je ne préfère pas
Bonjour,
Peut-être n’ai-je pas été assez clair? Certaines réponses semblent considérer que « je préfère pas » serait une phrase négative (incorrecte, à l’instar de « j’aime pas… » ou « je vois pas… »); ce n’est pas le cas; la phrase est bel et bien affirmative, marquant une préférence, mais pour quelque chose de négatif.
« Je préfère ne pas la faire » est une phrase affirmative, marquant une préférence « Je ne préfère pas le faire » est une phrase négative, ne marquant pas de préférence, comme « Je ne préfère pas cette robe » ne signifie pas que j’en préfère une autre, mais que je n’ai pas de préférence.
Bref, dans « Je préfère pas », « pas » serait une ellipse pour « ne pas le faire » et ne s’applique pas à »préfère ».
On serait tenté par « Je préfère que non » (comme on dit très bien « Je prévois que non », « Je suppose que non ») mais la subtile différence est que « préférer » implique une volonté du locuteur, ce qui n’est pas le cas de « prévoir » ou « supposer » qui s’appliquent à un fait sur lequel il n’a pas de prise.
J’ajoute que si « J’aime autant pas » est correct, « Je préfère pas » l’est aussi, me semble-t-il.
Je n’ai trouvé de réponse ni dans Hanse, ni dans Girodet (je n’ai pas Grevisse), si quelqu’un avait une référence.
Merci.
Bonjour,
Lorsque la négation est absolue, c’est à dire lorsque le fait lui-même est nié, on joint à ne des adverbes ou des mots devenus adverbes. Le plus courant de ces auxiliaires est pas, qui est parfois concurrencé par point , nullement , aucunement.
N‘était-ce point une mauvaise blague ?
L’écriture n’est nullement un moyen que communication( Roland Barthes)
On veut voir dans sa définition ce qui ne s’y trouve aucunement ( Louis Aragon)
Bonjour czardas,
Merci, mais cela ne répond aucunement à ma question 😉 ; j’ai trouvé une piste ici :
http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20120416.OBS6303/traduire-bartleby-j-aimerais-mieux-pas.html
Avec «j’aimerais autant pas», la question de la correction ne se pose plus, puisqu’il ne peut y avoir de double négation dans cette tournure: on ne dit pas «je n’aimerais autant pas». La tournure est familière, mais acceptable.
Si effectivement, on ne dit pas « je n’aimerais autant pas », je ne vois pas pourquoi l’on dirait « Je ne préférerais pas » ou « Je ne préfère pas », dans le sens de « Je préfère que non ».
Il semble en effet que les traducteurs soient gênés par un « pas » isolé et se croient obligés d’ajouter un « ne » qui change complètement le sens de la réponse…
J’ai trouvé ceci aussi :
http://www.collinsdictionary.com/dictionary/english-french/rather#rather_1
I’d rather not est traduit par j’aimerais mieux pas
Si quelqu’un a un référence, je repose ma double question autrement :
1 Ces tournures (phrases affirmatives, à comprendre comme « Je préfère ne pas le faire ») sont-elles correctes, familières ou incorrectes?
« J’aimerais mieux pas »
« J’aime mieux pas »
« Je préfèrerais pas »
« Je préfère pas »
« J’aimerais autant pas »
« J’aime autant pas »
2 Dans le même sens de « Je préfère ne pas le faire » , est-il correct d’écrire « Je ne préfère pas » ? ( par un espèce de « glissement de la négation ») ou cela crée-t-il un contresens?
Merci.
Bonjour Brig,
Personnellement, c’est « Je ne préfère pas » qui me pique les yeux, comme quoi…
Merci pour le développement et puisque vous semblez apprécier mes liens, en voici un autre, où on lit, page 151 : « J’aimerais autant pas qu’ils sachent »
https://books.google.be/books?id=NxGwSjsn2zgC&pg=PP5&lpg=PP5&dq=%22claude+muller%22+%22la+n%C3%A9gation+en+fran%C3%A7ais%22&source=bl&ots=qyu3i7KAxL&sig=F05EYO24xYBQ9_63GO-t8Vepc4w&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi5noKIzZLMAhWE0xQKHSXNB4kQ6AEINDAE#v=onepage&q=%22claude%20muller%22%20%22la%20n%C3%A9gation%20en%20fran%C3%A7ais%22&f=false
Malheureusement, tout cela ne nous donne toujours pas de référence du genre « Bon usage » ou autre, bref, un avis « autorisé », avec citations d’auteurs.
Bonne journée.
Aragon écrit, dans « Blanche ou l’oubli » : « Le cas échéant, elle se rappelle qu’elle a une mère. Son père, elle préfère pas. »
La phrase est citée comme exemple en haut de la page 1421 du « Bon Usage » de Grevisse, 16ème édition ; malheureusement, la page 1420 n’est pas consultable en ligne ; si donc quelqu’un a cette édition, il serait intéressant de savoir ce qui précède l’exemple…
Mais en tout cas, avec Aragon, je me sens en bonne compagnie…