Ruptures de construction
Bonjour,
J’aimerais savoir si tous les exemples suivants, en gras, correspondent bien à une rupture de construction :
1. Portée par le vent de sud, il s’agit de la sonorité de la cloche de l’église.
2. Décontenancés, c’est la mort dans l’âme qu’ils me choisirent.
3. La machine est installée. Solidement fixée au sol, il n’y a plus qu’à œuvrer.
4. Il nous a indiqué le cinéma. Situé en face du marché où nous sommes, il suffit de traverser pour s’y rendre.
5. Partis de Lyon où nous nous étions liés, nos chemins se sont séparés, puis nous nous sommes revus plus tard.
6. Sans avoir la prétention de me comparer à eux, le pensum que je m’impose m’aide à mieux les comprendre.
7. Entièrement mobilisée par cette opération, il arrive que ma conscience se fatigue et, les yeux fermés, il m’arrivait d’imaginer une autre situation.
Je vous remercie d’avance pour vos réponses.
1. Portée par le vent de sud, il s’agit de la sonorité de la cloche de l’église.
Rupture de construction : après la virgule on attend un sujet auquel se rapporte le participe passé
—> porté par le vent de sud, le son (plus juste que « sonorité ») de la cloche de l’église se fait entendre.
2. Décontenancés, c’est la mort dans l’âme qu’ils me choisirent.
On a ici seulement un déplacement du complément rendue obligée par la formule d’insistance « c’est… que ». On n’a donc pas une rupture de construction
—> décontenancés, ils me choisirent la mort dans l’âme
3. La machine est installée. Solidement fixée au sol, il n’y a plus qu’à œuvrer.
Rupture.
—> la machine est installée, solidement fixée au sol. Il n’y a plus qu’à œuvrer.
4. Il nous a indiqué le cinéma. Situé en face du marché où nous sommes, il suffit de traverser pour s’y rendre.
Rupture.
—> il nous a indiqué le cinéma situé en face du marché où nous sommes ; il suffit de traverser pour s’y rendre
5. Partis de Lyon où nous nous étions liés, nos chemins se sont séparés, puis nous nous sommes revus plus tard.
Rupture : partis n’a aucun référent dans la proposition.
–> Nous sommes partis de Lyon où nous nous étions liés ; nos chemins se sont séparés ; nous nous sommes revus plus tard.
6. Sans avoir la prétention de me comparer à eux, le pensum que je m’impose m’aide à mieux les comprendre.
Rupture
—> Sans avoir la prétention de me comparer à eux, je m’impose un pensum qui m’aide à mieux les comprendre.
7. Entièrement mobilisée par cette opération, il arrive que ma conscience se fatigue et, les yeux fermés, il m’arrivait d’imaginer une autre situation.
Il y a rupture syntaxique mais qui, à mon avis, passe parce qu’on a dans la proposition de forme impersonnelle, le possessif « ma ».
Cependant je préfèrerais :
—> Il arrivait* que ma conscience se fatiguât (ou se fatigue si on veut éviter le subjonctif imparfait) parce que j’étais entièrement mobilisée par cette opération, et, les yeux fermés, il m’arrivait d’imaginer une autre situation.
* gardez la cohérence des temps.
Ces problèmes de construction de phrase ne sont pas toujours simples à analyser.
Merci vraiment beaucoup, Tara, pour vos explications.
Marisa,
Cette figure de style s’appelle une anacoluthe. C’est considéré comme une « faute maîtrisée ».
La plus célèbre :
« Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face du monde en eût été changée. » Pascal, Pensées.
Définition du CNRTL :
Rupture de la construction syntaxique intervenant en cours de phrase, de telle manière que, sans qu’il y ait rupture du lien logique, la fin de la phrase n’est plus grammaticalement en harmonie avec son début.
Voici un document très intéressant sur le sujet ICI
Spontanément, tout comme Tara, je vous aurais parlé d’erreurs de syntaxe. Seulement, visiblement ce n’en sont pas…
Personnellement, elles me font très mal aux yeux et à la langue française, mais il faut s’incliner, vos tournures peuvent sans doute être considérées comme acceptables…
À part ça, un petit bémol concernant votre phrase 7 : je ne pense pas que votre conscience puisse se fatiguer.
Votre concentration peut faiblir ou se relâcher, par exemple.