Enjoindre (avec un nom)
Bonjour,
Je viens solliciter vos lumières sur un point qui reste légèrement obscur pour moi : j’ai bien saisi que le verbe « enjoindre » s’utilisait comme le verbe « ordonner » avec un infinitif (« Il lui a enjoint/ordonné de se taire »).
En revanche, j’ai un petit doute concernant son utilisation avec un nom.
Doit-on dire :
– « La situation nous enjoint la prudence / à la prudence » ?
– « Cette conclusion lui enjoint un agir minimal / à un agir » ?
Merci beaucoup ! 🙂
Ordonner expressément. Avec le nom, pas de « à » :
1) L’Église enjoint l’observation des fêtes .
2) Voici un ordre du cardinal duc qui enjoint d’achever la cérémonie nonobstant toute opposition (Dumas père, U. Grandier,1850, I, 4, p. 53).Il m’envoie au tableau noir, et m’enjoint de tracer un cercle. J’obéis (Colette, Cl. école,1900, p. 149).
3) enjoindre la prudence = enjoindre d’observer la prudence] Il lui enjoignit la plus grande prudence (Balzac, Annette,t. 4, 1824, p. 154)
Merci Joëlle.
Du coup, diriez-vous bien « Cette conclusion lui enjoint un agir minimal ?
Merci !
oui d’après moi
Merci Joëlle ! 🙂
1° Pour le Grand Robert (art. Enjoindre), enjoindre en construction directe semble bien « vieillie ».
© 2017 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
Pour le TLFi, cette même construction est soit vieillie soit brachylogique* et rare.
NJOINDRE, verbe trans.
[Le compl. d’obj. exprime un procès] Ordonner expressément.
A. Vieilli. [Le procès est exprimé par un subst. désignant une action; le verbe peut être suivi d’un compl. second. introd. par à, désignant la pers. à qui l’ordre est donné] L’Église enjoint l’observation des fêtes (Ac.). Cf. aussi acquiescement ex. 7.
[…]
Par brachylogie, rare. [Le compl. d’obj. est un subst. compl. d’un verbe d’action implicite; enjoindre la prudence = enjoindre d’observer la prudence] Il lui enjoignit la plus grande prudence (BALZAC, Annette, t. 4, 1824, p. 154).
* Je rappelle que certains spécialistes rejettent la brachylogie. De toutes façons, ce type de construction est vieillie ou rare, ce qui ne devrait pas inciter à l’utiliser (au moins dans un texte courant).
Joëlle, vous allez peut-être penser qu’avec moi, les « choses » ne sont – presque – jamais simples en matière de français 🙂 ; mais, franchement, je préférerais dire : La situation nous enjoint à la prudence.
Merci Prince.
Du coup, j’avoue que ça reste un peu flou pour moi. Dans le cas de cette construction plus récente, pour ce qui est de mes exemples, sauriez-vous me dire ce que cela donnerait ?
– « Cette conclusion lui enjoint à un agir ou l’enjoint à un agir » ? 🙂
En effet, ce n’est pas simple…
Merci !
Piclou,
Enjoindre est un verbe transitif, on enjoint quelque chose à quelqu’un, et non pas « à quelque chose à quelqu’un ».
L’Académie en parle ICI
Les tournures correctes sont :
Cette situation nous enjoint la prudence (et non pas « à la »).
Tournure plus moderne : nous contraint à la prudence.
Cette conclusion lui enjoint un …
Malgré tout, je pense que votre tournure « un agir minimal » est incorrecte.
Que voulez-vous dire ? Il doit agir le moins possible ? C’est-à-dire ?…
Diriez-vous « un faire » au lieu d’une façon de faire, « un être » au lieu d’une manière d’être ?
Mes suggestions, en fonction du sens de votre phrase :
Cette conclusion lui enjoint une quasi cessation de ses actions / un service minimum / une position plus en retrait.
Merci Cathy pour ces précisions et pour vos suggestions 🙂